“Omma”, magnifique chorégraphie chorale de Josef Nadj à la Scène nationale d’Orléans

En résidence pour deux semaines à la Scène nationale d’Orléans, le chorégraphe Josef Nadj, celui  qui fut notamment directeur du Centre chorégraphique national d’ Orléans de 1995 à 2016  avant d’établir sa nouvelle compagnie Atelier 3+1 à Paris en 2017,  a récemment présenté  à la presse, salle Vitez, un filage de sa nouvelle création,   “Omma”, pièce qui sera créée le  12 novembre au Théâtre des Salins à Martigues puis présentée ,  en tournée, à la Scène nationale d’Orléans le premier décembre prochain. Chorégraphie pour huit danseurs d’origine africaine, cette œuvre dont le titre en grec ancien signifie œil, regard, ce que l’on voit, mais qui signifie aussi au Burkina Faso Ça va, tout est bon et, en Côte d’Ivoire, Maman, est un éblouissant instant de cinquante-cinq minutes évoquant la genèse de notre humanité. 

Une étourdissante performance 

Place ici, sur une scène dépouillée, au magma d’une chorégraphie chorale où, dès les premières mesures, se laissent entendre et la voix, l’air, le vent, le souffle et la respiration chantée. Voici que surgit du groupe enchanteur d’intensité un soli délicieux, puis de longues palabres, une floraison de nuances dansées et de spasmes intenses et bruts. Avec “Omma”, voici une fresque souple, bondissante, oscillante et d’une frémissante beauté, l’œuvre de sculpteurs de corps. 
Incantation, jazz sensuel, plaisir certain et transe parcourent cette pièce où l’on retrouve le grand bonheur pétri d’intensité de Josef Nadj  de questionner ce pourquoi l’homme danse et se relève. 
D’une pure fluidité étourdissante et passionnante, cette performance saisissante de vérité et de joie est un tourbillon, une messe pour les gens du temps présent où l’on croise la révérence exquise du menuet et le délice du hip hop, des arrêts sur le corps à la Rodin, mais aussi ce fil rouge scénographique qu’est le sang fabuleux tendu de bouche à bouche, lien des uns aux autres. Pour Nadj, il s’agit là de l’évocation de “l’axe du monde, le haut et le bas de l’humanité”.

Bonheur de sens et dépouillement

Heureux et non fourbus, les interprètes de cette chorégraphie, à l’issue du filage de résidence, disent combien ils se trouvent soudés dans l’évocation de la vie, de l’humanité et du cœur et, comment Josef Nadj a mis le doigt sur leur intérieur, saisi leur expression, retenu leurs propositions, les a décomplexés, leur a montré combien il était au service de la pièce, et se laissait lui-même aspirer par elle. 
Tous nous signifient que ce n’est que sur scène et en groupe que jaillit la vérité,  et que cette danse se réinvente comme eux à chaque filage.
Les rejoignant au pied de la scène à l’issue de cet instant, Josef Nadj,  ému de retrouver Orléans, évoque son souci de “faire sonner le corps comme un instrument dans tous les sens du terme”. Quant à la musique qui accompagne cette nouvelle œuvre, celle où se fondent à merveille temps et mouvement : “C’est une masse de choix musicaux, une mise à l’épreuve qui nous permet d’essayer ; les musique les plus coriaces sont restées, ce sont celles avec lesquelles nous pouvons composer. Comme pour le domaine des idées, il faut toujours sacrifier pour arriver à trouver ce qui va faire prise. Tout cela n’est qu’un champ d’initiation et de lâcher prise qui se déroule à l’épreuve de la scène. “
Quant à la prestation ? “Ces danseurs ont une énergie qui vibre, elle le fruit de leur héritage naturel et de leur tradition. Il y a là des apparitions et des disparitions dans le visible”.
Pourrait-on définir le style de cette œuvre, demande un spectateur ? Josef Nadj: “Absolument pas, cela doit rester indéfinissable et prêt à naître.”
 
Jean-Dominique Burtin.
 

“Omma”

Chorégraphie Josef Nadj
Interprétation Djino Alolo Sabin, Timothé Ballo, Abdel Kader Diop, Aipeur Foundou, Bi Jean Ronsard Irié, Jean-Paul Mehansio, Sombewendin Marius Sawadogo, Boukson Séré
Collaboration artistique Ivan Fatjo
Lumière Rémi Nicolas
Musique Josef Nadj, Ivan Fatjo
Régie générale Sylvain Blocquaux
Masterisation Shoï


Mardi 1er décembre 20h30 − Salle Barrault
Tarifs de 5€ à 25€, détails et renseignements ici
Durée 55 minutes − à partir de 14 ans

 

 

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