Orléans: Hop Pop Hop, enfin des concerts à la pelle

Ouaou ! Un événement musical ! Masqué, il est vrai, contrôlé, surveillé. Mais un partage dans des lieux réels, avec des groupes réels sur des scènes montées exprès par l’Astrolabe pour sa fête habituelle de septembre. Et le public n’a pas boudé son plaisir, acceptant sans renâcler les gestes barrière. L’organisation des jardins de l’Evéché et du Campo Santo, très réussie, a accueilli un public assez large. La qualité de la programmation a fait le reste.

A 18h piles, alors que le public est encore clairsemé sur la pelouse du jardin de l’Evéché, Rank-O lance sans crier gare son rock assez ordonné. Trois guitares sans basse, une batterie qui mélange table électronique et peaux, et les voix des quatre qui donnent. Ça pulse, c’est plutôt inventif et super bien fait. Les quatre Tourangeaux sont bien lancés et le batteur implacable mène la danse. De magnifiques riffs de guitare ponctuent les morceaux qui commencent à faire danser le public qui grossit petit à petit.

Hop pop hop est ouvert, et la fête commence bien.

Un folk totalement nouveau

Un peu en chevauchement d’horaire, un étrange duo s’est installé à l’Institut. The George Kaplan Conspiracy emplit littéralement la salle avec un fond de synthé à la fois planant et post techno, une guitare et une basse et surtout la voix de Bastien Francoulon. Avec son partenaire Gabriel Afathi, ils construisent des ambiances lourdes et secrètes, d’autres plus ouvertes, brodant des sortes de folk songs prenantes, souvent répétitives et presque toujours sur un rythme fort de boîte. Le public, pris par l’envie de danser, bouillait un peu dans ces sièges de salle destinée à la musique classique. Mais quel plaisir, par ailleurs, de se retrouver, même masqués, à partager un moment de très belle musique dans cette salle légèrement rétro !

A l’évéché, la Canadienne Barbara Lehnoff, seule en scène avec ses machines et sa voix, jouait sa musique électro pleine de mixage de sons et de séquences de machines. Le public grossissait au fur et à mesure de l’avancée de la soirée. Les nécessaires contrôles de sécurité à chaque entrée de lieux du festival ne décourageaient pas les gens de circuler entre Evéché et Campo Santo.

Un retour aux sources du rock

Où les quatre de Structure imposaient leur rock pur et dur. Déjà dans la formation, deux guitares, une basse, une batterie. Et quelques machines en plus. Enracinés dans le rock de base, d’abord garage puis noirci par les punks, ils retrouvent cette force primaire tellement efficace. Par les guitares et l’énergie, bien sûr, mais surtout par la voix. Celle de Pierre Seguin est exactement là où il faut. On a l’impression de rien et soudain elle étonne, on la pense anodine alors qu’elle est juste et qu’elle sait dire l’important du rock, cette révolte désespérée qui cherche à prendre aux tripes.

Quelques phrases de synthé rendent l’affaire presque plaisante, mais la voix ramène le groupe à la source rude. Sauf que la technologie a changé depuis quarante ans, et qu’elle exige maintenant une qualité musicale qui est là, chez ces quatre gars d’Amiens qu’on aurait cru plutôt sortis des faubourgs de Manchester ou de Birmingham.

The Mauskovic Dance Band

Retour à l’Evéché. Les cinq Hollandais de The Mauskovic Dance Band mélangent un fond électronique planant et des percussions des îles. Un peu ternes au début, ils démarrent vraiment avec leur boîte à rythme qui amène les gens à danser. C’est bien construit, plutôt agréable. La basse impose quelques moment saillants. Et le public est au rendez-vous, venu en nombre. La petite ondée du soir ne trouble pas vraiment la fête.

De drôles de paroissiens

Les deux Orléanais de Gargäntua, par contre, auraient pu le faire. Silhouette christique dans une chasuble noire, visage peint en blanc, yeux noircis. On est bien sûr dans le gothique, celui de la renaissance, celui de Rabelais. Les synthés balancent des rythmes binaires et implacables, alors que le chanteur se tue à répéter les mêmes phrases, dire qu’il a faim ou qu’il s’est fait asperger d’eau bénite par un prêtre au bord de la mer… Il y a de l’humour désopilant à la Philippe Katerine. C’est très mis en scène, jeu de cheveux comme dans le rock métal, hurlements et répétitions.

Gargäntua

Et toujours derrière (ou devant) ce rythme de boite à musique, qui d’ailleurs a été, sans doute, le fil de toute la soirée. Tous ces groupes veulent faire danser.

Et les corps ont bougé…

Bernard Cassat

Et ça continue samedi:

Tout le programme de Hop Pop Hop

 

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