Alors que l’on commémore la renaissance de la république le 4 septembre 1870, l’histoire du Loiret au travers de bien des monuments dispersés sur son territoire, dont le Souvenir Français présentait lundi 14 septembre 2020 au Conseil Départemental, un inventaire très détaillé, nous rappelle combien cette république débuta dans la souffrance et la tragédie d’une guerre perdue.
Un épisode du combat des Aydes, à Orléans, 11 octobre 1870 : la mort du commandant Arago (Arch. dép. du Loiret, 30 Fi 778)
Si l’on associe souvent cette période historique au siège de Paris et à la Commune qui s’y retrancha, la fin de l’année 1870 fut marquée par un sursaut de fierté nationale et de sentiment patriotique dont les combats très violents qui se déroulèrent dans le Loiret sont les témoins, et si l’on commémore peu les défaites, le souvenir de ce refus de la défaite se doit d’être honoré comme il se doit.
La proclamation de la IIIe République est marquée le même jour par la défaite de l’Empereur Napoléon III à Sedan qui est fait prisonnier par les Allemands. Ainsi se termine en quelques jours une guerre hasardeuse et mal préparée face à une armée prussienne dotée d’une artillerie Krupp du dernier cri opposée à une cavalerie impériale devenue inadaptée. L’armée française est disloquée et en déroute à l’est et les troupes prussiennes et bavaroises avancent jusqu’à Paris qui sera assiégée dès septembre.
Mais le nouveau gouvernement républicain mené par Gambetta et réfugié à Tours ne renonce pas et organise une mobilisation de tout ce qui peut l’être : hommes valides, chevaux, armes en tout genre. Cette armée qui n’aura que quelques semaines d’entraînement, encadrée par quelques officiers échappés de la débâcle, va porter le nom d’Armée de Loire et tenter une lutte désespérée pour arrêter les Allemands en tentant briser le siège de Paris.
Las, les armes prussiennes eurent raison de cette levée en masse et les combats un à un perdus se déroulèrent autour d’Orléans finalement occupé, seule la brillante victoire de Coulmiers nous rappelle la vaillance de ces troupes hétéroclites combattant dans les conditions difficiles de l’automne 1870 ; Les combats ne cesseront qu’avec l’armistice signé le 18 janvier 1871 avant le traité de paix qui annexera au Reich l’Alsace-Moselle après une guerre particulièrement meurtrière (139.000 morts coté français et 51.000 morts coté allemand en six mois d’affrontement).
Pour rappeler aux Loirétains ces heures tragiques, si lourdes de conséquences, le département du Loiret a donc soutenu l’édition par l’association Le Souvenir Français*de cet inventaire des monuments et lieux de sépulture des soldats, français comme allemands, tombés au combat sur les nombreux champs de bataille du Loiret. Toury, Patay, Loigny, Saint-Péravy-la-Colombe ou Artenay, Coulmiers, Beaune-la-Rolande…Ce livre est un recensement avec photos de plus de trois cents monuments, stèles et sépultures en rapport avec la guerre de 1870 dans le Loiret.
Une exposition est également présentée dans le hall de l’Hôtel du Département, du 14 au 28 septembre 2020, et du 10 octobre au 5 décembre un certain nombre d’événements commémoratifs se dérouleront dans le département à Orléans, Saint Jean de la Ruelle, Coulmier , Beaune la Rolande, avec le 5 décembre à Chanteau, l’hommage au “Turco”, tirailleur algérien qui s’est sacrifié pour retarder une colonne prussienne.
Les Archives départementales du Loiret ont par ailleurs publié un guide des sources de la Guerre de 1870-1871 dans le Loiret.
GP
* Le Souvenir Français est une association fondée en 1887 et reconnue d’utilité publique le 1er février 1906 qui a pour vocation d’honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France qu’ils soient Français ou étrangers.