John Billard, maire du Favril (Eure-et-Loir), candidat aux sénatoriales du 27 septembre 2020. ©Arnaud Lombard
Maire du Favril (Eure-et-Loir) depuis 2008, John Billard, 54 ans, s’est lancé le 6 août dernier dans la bataille des sénatoriales qui se dérouleront le 27 septembre dans l’Eure-et-Loir, le Cher et l’Indre. Le président départemental des maires ruraux, également vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) en charge du numérique depuis 2013 conduit une liste sans étiquette.
Premier candidat à vous déclarer pour les sénatoriales, pourquoi partir pour cette nouvelle bataille ?
John Billard : Tout ce que je fais depuis plus de 10 ans tourne autour de la défense de la ruralité. Que ce soit en tant que citoyen, président départemental des maires ruraux ou vice-président des maires ruraux de France en charge du numérique, je mène ce combat : faire exister, valoriser et reconnaître la ruralité dans son ensemble au sein de notre société. Et aujourd’hui, après avoir notamment participé avec d’autres associations et le gouvernement à la rédaction du fameux agenda rural, un rapport sur la ruralité avec 200 propositions dont 178 propositions ont été validées en septembre 2019 par le Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, il me paraissait assez naturel de pouvoir continuer ce combat au sein de la Chambre haute, qui a un contrôle sur l’action du gouvernement. Il ne faudrait pas en effet que ce rapport reste sur le coin de la table comme beaucoup d’autres. Il est important que ces propositions soient prises en compte dans la politique nationale.
Si vous êtes élu, ce rapport sera donc la ligne conductrice de votre mandat ?
J.B. : Effectivement. Moi je ne parle pas de programme car cela n’a de sens que si vous êtes dans un groupe politique avec une stratégie politique nationale. Moi, je suis un candidat de convictions. Je veux défendre la ruralité. Aussi, l’une de mes priorités sera de défendre, d’accélérer, de coordonner le numérique. En faire une question d’aménagement prioritaire. On ne peut plus nier après la crise l’enjeu du numérique pour pouvoir maintenir l’économie du pays.
N’est-ce pas difficile de mener campagne avec la Covid ?
J.B. : Avec 139 nouveaux maires en Eure-et-Loir, l’idéal aurait été de rencontrer un par un les grands électeurs pour se faire connaître, expliquer ses convictions, dire ce qu’on veut faire si on devient sénateur. Et ça, c’est plus difficile. Aussi, j’ai opté pour 28 réunions de grands électeurs. J’en suis à deux-trois par jours. Lors de ces échanges, je constate que beaucoup n’ont pas fait leur choix. Ils attendent de rencontrer les candidats, de partager avec eux. Moi je n’arrive pas avec un grand discours. Je suis là pour expliquer qui je suis. Ce que j’ai fait depuis dix ans et le combat que je mène. C’est un échange humain. Et la ruralité, c’est ça aussi !
Donc pour le spécialiste du numérique que vous êtes pas de visioconférences…
J.B. : Non. Du tout !
Moins connu que d’autres candidats, votre manque de notoriété n’est-il pas un handicap ?
J.B. : Pour moi, il n’y a pas de souci. Je ne suis pas en concurrence. C’est l’électeur qui décidera. J’ai un projet. J’ai une conviction. Je suis un combattant, un militant de la ruralité. Cette énergie, cette volonté, cette opiniâtreté à défendre nos territoires, elle sera au service de l’Eure-et-Loir. Et par mon parcours, je crois ne plus avoir à prouver que je suis une personne engagée.
Des qualités qui ont semble-t-il poussé LREM à vous soutenir…
J.B. : Moi, je suis apolitique. Je n’ai rien demandé. Je ne veux pas m’inscrire dans un parti politique. Je ne veux pas faire de la politique politicienne. Maintenant si Les Républicains veulent aussi me soutenir, il n’y a pas de souci. Je crois d’ailleurs savoir qu’un certain nombre de maires ruraux qui ont une proximité avec les Républicains, ils sont plutôt à défendre comme moi les ruralités en France qu’un parti politique.
Vous vous dites apolitique mais vous êtes quand même connoté à droite. Que pensez-vous de la division de la droite dans le département et la regrettez-vous ?
J.B. : Non car je défends la liberté. Cela dit et si j’écoute la presse, on perçoit derrière cette élection sénatoriale une préparation aux élections départementales. Pour moi, on mélange les genres. Il faut bien distinguer les choses. Notre rôle n’est pas le même. En tant que sénateur, on a un rôle extrêmement important. Celui de porter l’image d’un département, de son dynamisme. Et c’est ça que je veux porter car l’Eure-et-Loir est un département dynamique, jeune, d’avant-garde, prêt à accueillir de l’emploi, de nouvelles populations.
« On a un peu oublié qu’entre les grande métropoles il y avait aussi toutes ces villes et villages qui sont l’identité et la beauté de notre pays. »
Alors comment imaginez-vous réellement votre rôle de sénateur ?
J.B. : J’ai cette chance d’avoir l’expérience locale et nationale. J’ai souvent été au sénat, dans les ministères pour porter la parole des maires ruraux. Mes différentes casquettes m’ont permis depuis 2014 de participer à plusieurs projets nationaux. Une expérience qui m’autorise à avoir aussi bien une vision nationale de ce que doivent être les ruralités de demain qu’à me positionner comme un sénateur d’Eure-et-Loir. Je rappelle que les territoires ruraux c’est 30% d’habitants et 80% du territoire. Notre représentativité et les enjeux de demain ne peuvent pas se décider dans les grandes métropoles ou grandes agglomérations. Je rappelle que la politique de ces dernières années est d’avoir passé beaucoup temps à raccorder les grandes villes avec des lignes TGV dessinant ainsi la France sur sa métropolisation. On a un peu oublié qu’entre les grandes métropoles il y avait aussi toutes ces villes et villages qui sont l’identité et la beauté de notre pays.
Sachant que vous n’êtes pas le seul à partager cette vision, n’est-il pas difficile de se démarquer?
J.B. : Il est vrai que nombre de candidats parlent, pensent, vivent « ruralité ». Maintenant faut-il encore en être légitime et avoir combattu depuis plusieurs années pour que cela soit le cas. Aussi pour moi, tout le monde va sur ce créneau car tout le monde a compris que c’était un enjeu.
À vous écouter le soutien du président du département est important. Et pourtant…
J.B. : Le président du département Claude Térouinard qui a été, avant moi, le président des maires ruraux d’Eure-et-Loir incarne, il est vrai, cette notion rurale d’aménagement du territoire. Je m’entends très bien avec lui. On a travaillé ensemble pour le déploiement numérique. Il s’est beaucoup appuyé sur le combat que je mène au niveau national. Maintenant, je sais, même s’il soutient par fidélité Daniel Guéret (Chartres DVD) qui bénéficie aussi du soutien de l’exécutif de Chartres-Métropole, que Claude a pour demain des ambitions départementales. Il entend bien briguer à nouveau la présidence du département en 2021.
Que pense le membre du Conseil national du numérique de la nouvelle polémique sur la 5G ?
J.B. : La 5G est une technologie totalement différente et nécessaire pour le développement économique et innovant de nos entreprises. Si nous devons démarrer rapidement son déploiement, il est plus que nécessaire de continuer, voire d’accélérer le développement de la 4G sur l’ensemble des territoires ruraux. La 4G doit couvrir 98% du territoire national en urgence pour que tous les citoyens ne soient pas exclus des usages numériques. Et ceci n’est pas que de la responsabilité des élus et de l’État mais des opérateurs téléphoniques. Ils doivent comprendre que la rentabilité n’est pas la règle. Je rappelle que dans le terme « téléphone mobile », il y a « mobile ».
Propos recueilli par ZC