Vendredi à Orléans, c’est le coup d’envoi de la cinquième édition du festival Hop Pop Hop, événement incontournable de cette rentrée musicale à Orléans? 26 concerts en trois lieux, et bien sûr, les contraintes sanitaires qui sont passées par là ont contraint les organisateurs à s’adapter tout en conservant ce qui fait la saveur de ce festival dédié à l’émergence musicale, avec la découverte des tendances des musiques actuelles dans toute leur créativité et leur diversité.
C’est l’occasion de rencontrer Fred Robbe, directeur de l’Astrolabe et maître de cérémonie de ce festival original. Avant d’aborder la saison de l’Astrolabe et son avenir…
MC On est à trois jours de la première note d’Hop Pop Hop, jusque là tout va bien ?
FR On a commencé le montage hier lundi, on est dans les temps tout se présente plutôt bien même si ça n’a pas été simple à mettre en place. Je pense qu’on a pris dès le départ la bonne direction, on a su très vite que des lieux comme le théâtre, le cdn ou le 108 étaient beaucoup trop exiguës et fermés pour pouvoir accueillir du public, et si on voulait qu’Hop Pop Hop puisse se tenir, il fallait que ce soit en plein air avec de la place pour favoriser le principe de distanciation. Et surtout quand on a commencé à bosser sur le festival , on pensait être confinés quinze jours et reprendre une activité normale un mois après; Ce n’est pas le cas, donc on a construit le projet en étant constamment attentifs à tout ce qui était lié aux préconisations sanitaires, aux protocoles divers et variés concernant les manifestations culturelles. On a essayé d’être le plus radical possible en se disant que si ça s’assouplissait on pourrait faire moins.
MC Les consignes sanitaires seront strictes ?
FR Oui, le port du masque sera obligatoire sur l’ensemble des trois sites du festival, à l’exception des zones de restauration où l’on applique le protocole des restaurants. Ces espaces seront suffisamment vastes pour espérer créer une fluidité au niveau du public, il faut bien à un moment donné que les spectateurs puissent aussi se nourrir ou boire un verre, ça fait partie du festival. On compte énormément sur la capacité du public à être attentif à ces mesures sanitaires, à être responsable, nous mettons en place un cadre convivial qui a fait la réputation de Hop pop hop et qui permet de voir des concerts, on compte sur le public pour s’adapter à la complexité du moment.
MC Parlons du programme musical …
FR On a un adn au départ, notre objectif c’est de faire découvrir des groupes peu ou pas connus du public, c’est pas forcément des artistes populaires que l’on présente et l’on fait découvrir des artistes sans genre particulier, même si l’on a parfois une attention plus particulière sur certaines esthétiques comme le rock, la musique pop, l’électro, on essaye de créer une sorte de grand équilibre la dessus, et on va aller chercher des artistes que l’on a pu repérer, qu’on a pu voir en concert ou que des producteurs peuvent nous proposer parce que l’on ne connaît pas tout, et on va faire ce grand mix où l’on essaie d’être équilibré dans les esthétiques musicales que l’on propose pour que le public ne se limite pas à l’esthétique qu’il aime particulièrement mais pour qu’il puisse ouvrir sa culture musicale à d’autres esthétiques différentes de ce qu’il aime.
C’est tout une alchimie que l’on crée avec Mathieu, parce que l’on est deux à programmer cet événement, c’est un peut-être unpeu prétentieux mais on aime parler des “artistes de demain” et c’est vrai que certains artistes qu’on a pu faire venir dans les dernières éditions commencent à faire un peu parler d’eux. C’est finalement intéressant d’être la première porte en France pour ces artistes-là.
MC On a aussi deux artistes orléanais, Majnun bien connu ici et Gargantua
FR Majnun arrive avec un grand show sur scène et on a trouvé ça intéressant. On l’avait fait jouer pour la Fête de la Musique en mode vidéo que l’on avait retransmis via nos réseaux sociaux, et on a pensé que ce serait bien pour à Hop Pop Hop parce que ça a vraiment de l’allure, c’est un grand artiste d’Orléans qui sait s’entourer de musiciens plutôt doués. C’est aussi un artiste que l’on suit depuis très longtemps. Il n’a jamais joué pour Hop Pop Hop et c’était l’occasion de lui proposer de jouer au Campo Santo avec un grand spectacle.
MAJNUN AND THE BLACK-MAGIC SOFAS SOFAS Sénégal / Orléans
Gargantua, c’est un nouveau venu entre guillemets, parce que cela fait déjà quelques années qu’ils travaillent, et c’est un groupe qui a une vrai singularité dans l’esthétique qu’ils peuvent proposer et dans ce qu’ils sont, c’est un peu notre coup de cœur du moment et on est très content de les accueillir sur Hop Pop Hop
MC Hop Pop Hop c’est l’ouverture de saison pour l’Astrolabe, qu’en est-il cette année ?
FR Pour nous, la saison c’est le KO total: reprendre l’Astrolabe avec 80 personnes assises et un mètre de distance entre chaque siège, c’est totalement antinomique avec les paradigmes qui sont les nôtres et donc ça va être extrêmement compliqué de reprendre parce qu’en terme d’économie globale du projet, ce n’est pas possible.
MC Et la décision du maire d’Orléans d’abandonner le projet de Cité de la Musique
FR Disons qu’il va falloir discuter. Pour nous il y a, je ne dirais pas un grand désespoir, mais une désillusion de la part de l’équipe. Ca fait près de dix ans que l’on travaille sur cette idée d’un nouvelle équipement totalement adapté à l’air du temps, aux pratiques de nos musiques des musiques actuelles, mais aussi des attentes de la population, avec les habitants d’Orléans, parce que nous sommes constamment en lien avec notre public et notre public n’est pas que jeune, le public a évolué avec la musique depuis bientôt soixante ans. Partout en France, il y a des lieux exceptionnels qui se sont créés qui sont en capacité d’accueillir des grands projets, des grands artistes et de proposer aux habitants de multiples activités autour des pratiques artistiques liées aux musiques actuelles. J’ose imaginer que l’on a pas travaillé dix ans et notamment ces trois dernières années sur un programme d’équipement en lien avec le Conservatoire sur lequel on a mis énormément de cœur, d’énergie et d’intelligence avec les équipes avec lesquelles on a pu travailler même si on peut comprendre qu’une nouvelle équipe qui arrive souhaite retravailler le projet différemment . Pourquoi pas, c’est la règle du jeu mais ce qu’il faut espérer c’est qu’il ait quelque chose sur cette mandature qui puisse exister, qui puisse prendre corps sinon on risquerait vraiment de disparaître et de ne plus exister sur la cartographie des tournées par rapport aux autres équipements et aux producteurs de musique actuelle.
Propos recueillis par Gérard Poitou
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