Le couperet est tombé en mars et toute pratique musicale d’ensemble s’est arrêtée. L’état de confinement général a stoppé brutalement toute rencontre et tout projet.
Initiatives et trésors d’imagination pendant le confinement
Les uns et les autres ont alors développé des trésors d’imagination, pour faire face à la situation et garder le contact, et l’on a pu voir sur le Net de magnifiques prestations d’ensemble enregistrées en solo, chacun chez soi : des prouesses techniques, du temps et un peu d’acharnement, pour les enregistrements en solitaire, quelques effets cocasses visibles dans les bonus, ont donné à voir de belles réalisations. À entendre surtout car, même dans ces conditions atypiques, la musique était là, touchante, précieuse, vivante.
D’autres initiatives plus discrètes ont eu lieu : des rendez-vous sur le Net à l’heure des répétitions habituelles, des échanges de partitions, des groupes whatsapp, des écoutes communes de musique. Autant d’organisations qui ont permis de garder une tonalité si chère aux ensembles musicaux : celle du lien social.
Une reprise semée de questionnements
Aujourd’hui, la reprise s’annonce. Timide, incertaine, balisée avec les gestes barrière, mais pleine d’espoir. Va-t-on pouvoir retrouver le plaisir de la musique chorale ou orchestrale, avec les conditions qui s’imposent comme le masque ou la distance physique ? Et, plus incertain encore, va-t-on retrouver le concert public, moment phare de la musique dans la rencontre avec le public, et dans quelles conditions ? Les concerts en plein air, qui offrent toutes garanties sanitaires, vont être très vite hors de portée… climatique !
Concert à la Pommeraie idéale. 36 La Châtre. Anonymus et Venellissimo. ©Nicolas Laureau
Cette rentrée 2020 est emplie d’interrogations que les acteurs partagent, montrant par-là s’il en était besoin, qu’un réseau dense et actif existe bien.
A la croisée de deux défis
Les ensembles se retrouvent à la croisée de deux défis, d’égale importance : celui de la santé, qui impose vigilance, aménagements voire renoncements, et celui de la convivialité, qui s’inscrit dans la dynamique du vivre ensemble.
Vie sanitaire/vie sociale, il est impensable que les deux items s’affrontent. Et pourtant…
C’est bien la question épineuse qui domine l’actualité du monde entier, au point d’en donner vertige. Les messages sont clairs : vigilance, prudence, protection mutuelle contre ce vilain virus qui rôde sournoisement autour de nous. Mais aussi : résistance, dynamique, mutualisation et maintien d’une vie sociale malgré tout.
Les ensembles de musique amateurs n’ont pas la contrainte qui est celle des professionnels, c’est-à-dire une question économique de salaires et maintien des emplois, quoique, régulièrement, ils s’encadrent de professionnels bien souvent intermittents du spectacle à qui ils procurent les fameux crédits nécessaires à leur statut. Mais leur challenge est bien celui du maillage social qui, en appui sur la musique, offre une cohésion sociale, un divertissement artistique et un accès à la culture si importants en ces périodes de grande inquiétude.
Aujourd’hui…et demain ?
Les répétitions reprennent, balisées de masques et désinfectants. Des concerts se pointent à l’horizon, avec les mentions « sous réserve de…. » On sait quoi ! On sait que le virus court toujours, que des mesures gouvernementales tombent régulièrement, que des autorisations préfectorales sont données, d’autres non.
Concert Bach à Saint Marceau en 2017.©René Martin
Mais la musique est une force et les ensembles musicaux savent s’adapter.
Les abonnements concert sont ouverts, les saisons s’affichent, les programmations refont surface, et des initiatives originales pointent à l’horizon, comme le beau « concert dont vous êtes le héros »donné au château de la Ferté st Aubin récemment, ou ce projet « Sacré chant choral ! » où quatre ensembles vocaux amateurs prévoient un concert commun pour célébrer la richesse du tissu choral. D’autres projets sont en cours d’élaboration avec toute la créativité qui caractérise la pratique musicale d’ensemble… Une richesse à protéger.
Des appuis techniques sont proposés par les fédérations ou organisations associatives, comme le CEPRAVOI en Région Centre, ou A cœur joie. Ces organismes sont au plus près des informations gouvernementales et ne manquent pas d’en informer leurs adhérents comme le grand public.
Alors, restons debout face à l’adversité, et rappelons-nous que la musique, en tous temps, est le recours des hommes et le lien qui donne sens à la vie…
Anne-Cécile Chapuis