[article mis à jour le 11 septembre 2020]
La Covid n’empêche pas la sortie de nombreux romans en cette rentrée littéraire. En dehors des autrices et auteurs très connu(e)s qui vont forcément tirer leur épingle du jeu, nous avons demandé à des libraires de la région de nous faire part de leurs coups de cœur. C’est parti !
Librairie-papeterie Labbé, Blois
Béatrice Pierre, Librairie Labbé, Blois © DR
Nickel boys de Colson Whithehead (Albin Michel)
Lauréat du prix Pulitzer pour la seconde fois, Colson Whitehead nous livre un roman coup de poing sur une maison de correction dans la Floride ségrégationniste des années 60. Une histoire révélée récemment grâce à… l’archéologie. Terrifiant !
Mémoire de soie de Adrien Borne (Lattés)
Une histoire aux faux airs de roman de terroir qui parle de secrets de famille, de destins brisés, de vies simples dans une magnanerie ardéchoise.
Une intrigue qui aurait pu se dérouler en Touraine, grande pourvoyeuse de cocons pour les soieries de Tours.
Un premier roman sensible et poignant !
Les graciées de Kiran Millwood Hargrave (Pavillons/Robert Laffont)
Une petite île de Norvège appelée Vardo en 1617. La disparition de tous les hommes en mer lors d’une tempête oblige les femmes à assumer seules leur survie. Un émissaire du roi de Norvège lance une chasse aux sorcières contre ces femmes trop indépendantes.
Le mémorial de Steineset réalisé par Louise Bourgeois à Vardo témoigne de cette tragédie. Les lecteurs de Tracy Chevalier vont adorer !
Les Temps Modernes, Orléans
Les coups de coeur de Jean-Jacques et Sophie, Librairie Temps Modernes Orléans © SD
Les coups de cœur de Jean-Jacques Thomas :
Betty de Tiffany Mc Daniel (Gallmeister) :
Très belle histoire d’une jeune fille qui raconte d’abord le parcours de ses parents, un père cherokee et une mère dont on apprend plus tard qu’elle est un peu perturbée On assiste aussi à la naissance de ses sept frères et sœurs.
C’est un roman sur la différence avec une histoire familiale très touchante, très émouvante, très poétique et très bien écrite.
Des jours sauvages de Xabi Molia ( Seuil) :
C’est l’histoire d’une épidémie qui ravage le monde un peu comme maintenant, mais le livre a été écrit avant la Covid. Et donc, des passagers d’un grand bateau se retrouvent sur une île et là quelqu’un va prendre le pouvoir. D’où une grande tension qui court sur tout le livre, certains voulant revenir à la civilisation tandis que d’autres veulent rester sur l’île. Ce qui crée un conflit terrible.
Un livre d’actualité captivant.
Le coup de coeur de Sophie Martin :
La Tannerie de Célia Lévi (Tristram) :
Cette auteure a déjà écrit plusieurs livres autour des conditions de travail actuellement. Là, ça se passe dans un endroit très contemporain, puisqu’elle imagine un lieu culturel un peu comme le 104 à Paris, quelle appelle la Tannerie. Un site au Nord de Paris, dans une friche industrielle réhabilitée et qui propose au public des activités culturelles exceptionnelles.
Toutefois c’est un roman avec une langue et une construction très classique, à tel point que durant la lecture, il y a deux références littéraires qui viennent à l’esprit, Zola avec Au bonheur des Dames et Balzac.
C’est un vrai roman d’apprentissage où l’on suit une toute jeune fille, Jeanne, fraîchement débarquée à Paris et qui est embauchée à la Tannerie dans un poste d’accueil, au plus bas. Car malgré tous ces grands discours splendides d’émancipation par la culture, elle est traitée en fait minablement, comme un Kleenex.
Mais c’est aussi un roman d’apprentissage des sentiments. Dans le personnage de Jeanne, il y a quelque chose de Madame Bovary, des hésitations du cœur et de la force d’inertie qui finalement peut l’emporter à l’échelle d’une vie, au moment où l’on doit faire des choix.
Voilà pourquoi c’est selon moi un roman vraiment exceptionnel.
L’Esperluette, Chartres
Olivier Lhostis, Librairie l’Esperluette, Chartres© DR
Les coups de coeur d’Olivier Lhostis :
Ce qu’ici-bas nous sommes, Jean-Marie Blas de Roblès, (Zulma) :
C’est vraiment mon coup de cœur de la rentrée (plébiscité aussi par Jean-Jacques des Temps Modernes) Ce livre est totalement ébouriffant. Le point d’entrée est génial. C’est l’histoire d’un vieil homme vivant dans un sanatorium au Chili. Il revient dans son journal intime sur un épisode vécu quarante ans plus tôt, à savoir une oasis du désert de Libye, très peuplée, mais dont personne ne peut sortir. Il s’agit de personnes arrivées de n’importe où, mais aussi de n’importe quelle époque.
Il y a là tous les ingrédients d’un conte mais l’auteur a choisi de raconter cette histoire à la façon d’un ethnologue. Du coup, il nous livre une métaphore de l’intégration traitée avec humour et de façon baroque, mais comme toujours dans ses livres, on ne sait jamais ce qui est vrai et ce qui est faux.
Jean-Marie Blas de Roblès, en plus d’être archéologue est aussi un très bon dessinateur. Il nous offre ses croquis quasiment à chaque page de ce roman, ce qui en fait en plus un très bel objet.
Jean-Marie Blas de Roblès sera au Théâtre du Clin d’œil – Saint-Jean de Braye le vendredi 11 septembre 2020, où il présentera à 20h30 son nouveau roman Ce qu’ici-bas nous sommes, lors d’une rencontre animée par Yahia Belaskri et Gérard Audax, en partenariat avec la librairie Le Temps modernes.
Théâtre du Clin d’œil, 12 Rue de la République, 45800 Saint-Jean-de-Braye
02 38 21 93 23
Black Manoo, Gauz (Le nouvel Attila) :
Dans ce troisième roman, Gauz raconte l’histoire d’un Ivoirien qui arrive en France avec de faux papiers qu’il s’est procurés avec l’aide d’un marabout. Ce dernier lui a recommandé de s’habiller en rouge. Du coup, il ne passe pas inaperçu dans le quartier de Belleville à Paris. S’en suivent des scènes cocasses et drôles comme celle où il se rend à la maison des morts, en fait le cimetière du Père Lachaise, où pour ne froisser personne, il exécute tour à tour un rituel musulman, chrétien, animiste et enfin païen, pour lequel il boit tout simplement un coup.
En un mot Gauz raconte sa vision de l’intégration où il nous fait découvrir le quotidien de ces Africains du XXème, qui vivent en marge de la société avec ses squats , les deals… mais avec un humour qui met à distance des situations parfois dramatiques.
La Poterne, Bourges
Les coups de coeur de Magali :
Le monde du vivant, Florent Marchet
Dans ce premier roman, il est question du retour à la terre, de la dureté du labeur et la course contre le temps.
C’est l’adolescence, les questionnements et les premiers émois.
Nous avons beaucoup aimé ce roman, juste et très touchant.
Liv Maria de Julia Kerninon (l’Iconoclaste)
Liv Maria de Julia Kerninon © DRLa Poterne
Liv Maria vit sur une petite île avec ses parents. A 17 ans, elle s’installe à Berlin et rencontre Fergus, son professeur, dont elle tombe amoureuse…
Tout comme dans ” Une activité respectable ” aux éditions du Rouergue, Julia Kerninon nous montre son grand amour des mots et de la littérature.
Liv Maria est une femme surprenante, éblouissante et insaisissable.
Liv Maria est une femme que l’on n’oubliera pas !