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Date initiale de publication 26 avril 2020
>Ce samedi 25 avril [la manifestation est reportée au 28 novembre], l’association franco-polonaise orléanaise, Loire Vistule souhaitait rendre hommage au prix Nobel de Littérature 2019 distinguant l’écrivaine polonaise Olga Tokarczuk. Cet hommage devait prendre la forme d’une performance musicale et artistique associant Maryla Laurent sa traductrice française, avec la lecture de différents extraits de la foisonnante production de l’écrivaine, en français et en polonais (avec Céline Surateau et Magda Lena Gorska) , accompagnée au violoncelle (Carl-Line Borrel) et des intermèdes musicaux au violon de Guillaume Dettmar.
Un virus a donc décidé de reporter cette manifestation sine die….
Olga Tokarczuk Wiki
Ce fut une heureuse surprise en Pologne: la nomination d’Olga Tokarczuk au prix Nobel de Littérature 2019 pour son “imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, représente le franchissement des frontières comme forme de vie”, soulignant le talent et l’humanité d’une auteure qui, si elle peut surprendre de prime abord, est porteuse de valeurs universelles. Militante féministe et de la cause animale, elle n’est évidemment pas en odeur de sainteté avec le gouvernement actuel de la Pologne.
Mais qui est Olga Tokarczuk ?
Élevée dans une famille de communistes militants pour l’éducation de la jeunesse, Olga Tockarczuk se construit une vision du monde personnelle où la Nature ouvre sur un mysticisme raisonné, et après des études de psychologie, elle débute une carrière littéraire en écrivant romans et nouvelles sous des formes très diverses. Olga Tokarczuk développe alors dans son œuvre une vision du monde originale qui mêle une culture approfondie à une approche mystique areligieuse qui interpelle toujours le lecteur dans les fondements même de son rapport à la vie et à l’humain. Dans son roman monumental, “Les livres de Jakob”, Olga Tokarczuk interroge l’Histoire de l’Europe en reprenant l’histoire réelle de Jakob Frank, personnage historique du XVIIIe siècle, politique et religieux, figure messianique de la tradition juive pour les uns, mais considéré par d’autres comme un hérétique. L’écriture d’Olga Tokarczuk peut aussi pendre des formes plus légères comme dans son roman “les Pérégrins” qui fait de l’être contemporain un insatiable voyageur, laissant ça et là des traces de son sempiternel voyage mondialisé.
Un livre étrangement contemporain…
Et ce dernier livre trouve un écho troublant dans cette période de confinement faisant du mouvement une seconde nature de l’humain. Les Pérégrins, à l’époque de l’Empire Romain ce sont ces hommes libres, habitant les provinces conquises par Rome, mais ne disposant pas de la citoyenneté romaine, éternels étrangers partout où ils se trouvent. Et Olga Tokarczuk va retrouver cette prégnance d’éternel nomade humain chez une secte de l’ancienne Russie, le fait de rester au même endroit rendait l’homme plus vulnérable aux attaques du Mal, tandis qu’un déplacement incessant le mettait sur la voie du Salut. Avec son inépuisable culture, l’auteure va nous proposer un patchwork de récits (illustrés de fragments de cartes labyrinthiques) tissant un espace tour de Babel, où l’on se croise, se perd, se retrouve, mêlant l’humour et l’étrangeté d’un monde qui se rétrécit à l’aune de notre voyage sans fin.
“Une multiplicité de réflexions, de micro-récits et de choses vues, sur les zones de transit, les hôtels, le hasard des rencontres, le tourisme exotique et la baraques à souvenirs. Avec sa foi dans l’intelligence du lecteur, Olga Tokarczuk ouvre pour nous mille et une pistes d’étonnement et de découvertes.” Babelio
A lire confiné, évidemment !
GP