Dans un courrier adressé au Président Macron, le sénateur du Loiret, Hugues Saury, fait part de son inquiétude sur l’avenir de la filière betteravière française menacée par l’épidémie de jaunisse virale de la betterave qui sévit en Beauce. Après la fermeture de l’usine sucrière de Toury prévue en septembre faute de repreneur, le sénateur déplore l’absence de mesures prises par le gouvernement dans la lutte contre le puceron vecteur de cette jaunisse dévastatrice, “virus de la décroissance agricole“.
A terme en l’absence de décision rapide, c’est toute la filière qui est menacée et les emplois qu’elle génère.
Sabordage de la Filière Betteravière
( sucre , alcool, énergie …)
Monsieur le Président,
La France est le 1er.pays agricole européen et un leader mondial pour l’exportation de produits agricoles et agroalimentaires. L’Agriculture française est internationalement reconnue comme étant le « modèle le plus durable du monde ». Néanmoins à un moment de l’histoire de notre pays où nos filières alimentaires et bioénergie ont fait la preuve de leur résilience face aux difficultés sanitaires, économiques et sociales engendrées par la pandémie du Covid-19, de nombreux indicateurs économiques se dégradent : érosion des revenus des agriculteurs, investissements dans les exploitations agricoles en berne et effondrement de notre excédent commercial agroalimentaire.
Dans ce contexte, la filière betterave-sucre-bioénergie française fait encore office de porte-drapeau de l’excellence de l’agroalimentaire français à l’international : 26.000 betteraviers et 21 sucreries dans nos territoires ruraux, 45.000 emplois directs, 1er.producteurs européen de sucre et de bioéthanol pour plus d’1 Md € d’excédent commercial …
A la crise sanitaire dont nous sortons progressivement, vous avez, monsieur le Président, dès le 13 avril dernier, répondu en affirmant qu’il nous fallait à présent « rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française ». Nous ne pouvons que partager une telle ambition et la filière betterave-sucre-bioénergie répond à tous ces enjeux : souveraineté alimentaire, agricole, industrielle, énergétique, sanitaire, pour une économie décarbonée d’excellence. Elle répond aux attentes des citoyens au cœur des territoires ruraux, en appliquant les meilleurs standards dans ses champs ou dans ses usines.
Mais cette excellence agro industrielle est en danger vital : 4 fermetures de sucreries en un an et plus du tiers de sa production de betteraves en péril à cause du virus de la jaunisse faute, pour les agriculteurs, d’avoir pu protéger efficacement les plantes.
Historiquement leader au niveau européen, la filière est aujourd’hui la plus fragilisée d’Europe.
La question de la lutte contre les insectes et parasites laisse nos agriculteurs aujourd’hui sans solution viable. Or, sans protection contre le puceron vecteur de la jaunisse, plus de betteraves, sans betterave plus de sucrerie, sans sucrerie plus de sucre, de gel hydroalcoolique, de bioéthanol ou même de pulpes pour nos élevages, moins d’activité économique dans nos territoires ruraux et 45.000 emplois supprimés !
N’ajoutons pas un drame économique aux difficultés majeures que connaît notre pays avec les impacts de la COVID-19, alors même que cela peut être évité, comme dans les autres pays européens !
Les planteurs français qui connaissent des niveaux de pertes financières jamais atteints, ne replanterons pas sans avoir la certitude de pouvoir protéger leurs cultures dès la prochaine campagne !
Monsieur le Président : il y a urgence à agir. Quelques jours. Quelques semaines tout au plus, et si vous ne décidez rien, alors la filière s’affaissera par manque de surfaces cultivées. Elle entraînera irrémédiablement la perte des efforts de recherche et d’innovation investis depuis des années, le recul d’une activité économique créatrice d’emploi dans nos territoires ruraux et un accroissement de notre dépendance alimentaire.
Monsieur le Président de la République, vous nous expliquez que vous croyez à cette écologie positive, cette écologie du « mieux », et pas à l’écologie punitive, celle du « moins ». Si vous souhaitez placer l’écologie au cœur de la reconstruction de notre modèle économique, cela doit se transcrire avec pragmatisme et en proposant des solutions concrètes pour les agriculteurs dans nos territoires et au plus près de nos filières.
Monsieur le Président, stoppons d’urgence ce virus de la décroissance agricole ! Rétablissez impérativement les moyens de protection indispensables à cette filière plutôt que de la saborder par inaction !
Hugues Saury
Sénateur du Loiret