Surmortalité liée à la Covid-19: des chiffres et des morts, explications

par Jean-Paul Briand

Il y a encore quelques mois, un grand haruspice annonçait que l’attaque du coronavirus n’était pas mondial, qu’elle s’arrêterait au printemps et qu’elle ferait moins de morts que les accidents de trottinette. On pourrait en rire si l’on ne savait pas que la Covid 19 fait encore de nombreux morts, entraîne des hospitalisations particulièrement pénibles et met à genoux beaucoup d’économies.

Ne pas confondre mortalité, létalité et morbidité

Le taux de mortalité est le nombre des décès sur une année rapporté à la population moyenne de cette même année. La létalité est la proportion de décès chez les patients atteints d’une affection donnée. Le taux de morbidité est le nombre de cas observés, pour une maladie définie, par tranche de 100.000 habitants.

Si on prend l’exemple de la grippe : le taux de morbidité, est le nombre de cas observés par tranche de 100.000 habitants ; le taux de mortalité indique le nombre de patients morts de la grippe sur l’année dans une population ; le taux de létalité représente la proportion de malades atteints par la grippe et qui en sont morts.

Il est très difficile de savoir le nombre exact de décès directement en rapport avec une cause précise. Pour contourner cette difficulté, les épidémiologistes utilisent la méthode statistique SMR (Standardized Mortality Ratio). C’est le rapport (ramené en pourcentage) d’un nombre observé de décès à un nombre attendu sur une période donnée. Le nombre de décès attendu est obtenu sur la base de la mortalité d’une population de référence, sur la même période mais les années précédentes. On peut alors éventuellement observer une sur-mortalité, une sous-mortalité ou aucune différence.

Un léger surcroît de mortalité chez les hommes

Selon les tous derniers chiffres publiés le 29 juillet 2020 par l’INSEE (https://www.insee.fr/fr/statistiques/4637552) c’est la semaine du 30 mars au 6 avril qui semble être celle où la pandémie de Covid-19 a entraîné en France le plus de décès. Pour la même semaine, en comparaison avec les années de 2016 à 2019, il y a eu 60 % de décès en plus. Pour des pays comme l’Espagne cette proportion a atteint 155 %, pour la Belgique 91 % et 67 % en Italie sur cette même période. Sur l’ensemble des 8 semaines comprises entre le 2 mars et le 26 avril, la surmortalité a été respectivement de 71 % en Espagne, 49 % en Italie, 44 % en Belgique, 28 % en France et pour l’Allemagne 4 % seulement. Suivant les territoires régionaux les chiffres diffèrent. Cette surmortalité a ensuite décrue progressivement pour s’annuler quasiment début mai.

Par ailleurs, on observe un léger surcroît de mortalité chez les hommes en début d’épidémie, ainsi que pour les personnes de plus de 50 ans et plus particulièrement les personnes âgées de 70 ans ou plus.

Les meilleures mesures à prendre

Cette étude de l’INSEE montre de grandes similitudes entre les différents pays européens avec un pic de surmortalité quasi simultané fin mars-début avril. Pour autant il existe des disparités non encore expliquées, telles que la surmortalité selon les classes d’âge, entre pays et entre départements et provinces au sein de chaque pays. Dans les prochains mois, des études comparatives entre pays, selon les différentes modalités de confinement et de déconfinement choisies, vont être effectuées. Elles devraient permettre de savoir quelles sont les meilleures mesures à prendre si une telle pandémie devait réapparaître…

JPB

Commentaires

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  1. Des comparaisons internationales très intéressantes mais ke conclusions a en tirer sur les différentes politiques suivies sont à faire avec la plus grande précautions. Tant de causes encore inconnues facilitent ou non la propagation du virus.
    L’étude de la surmortalité n’est qu’un indice parmi d’autres et qui doit être mis en relation avec plusieurs facteurs. Pour des raisons structurelles dues au vieillissement de la population le taux de mortalité en France augmente en moyenne de 1,5% chaque année. Qu’en est-il dans d’autres pays ? Il faut étudier les causes de mortalité à la même époque les années précédentes qui ne sont pas forcément des années standard. Par ailleurs, on peut s’attendre à une sous-mortalité dans les mois qui viennent si des personnes en fin de vie ont vu leur décès avancer e seul quelques mois.

    • Effectivement M. le maire.
      Toutes ces données INSEE, sur une courte période de l’année 2020, sont provisoires et uniquement descriptives. Ce ne sont que des observations sans que l’on soit encore en capacité d’expliquer quels sont les facteurs en cause. Au delà des diverses modalités de confinement mises en place, on peut imaginer que les densités locales des populations, leurs répartitions par âges, leurs états de santé moyens, les capacités de prises en charge des différents systèmes de santé, l’existence d’évènements ou réunions ayant favorisée des foyers épidémiques, les habitudes socio-culturelles d’échanges inter-humains, etc, ont dûs influencer.
      Si elles ne sont pas polluées par des arrières pensées politiciennes, les études à venir devraient donner des éléments de réponses à ces légitimes questions…

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