par Jean-Paul Briand
Le Général de Gaulle nous avait prévenu : « La vieillesse est un naufrage ». Avec les années, apparaît un déclin progressif de nos performances physiques et cérébrales. Chez certaines personnes la dégradation cognitive est catastrophique. Elle entraîne une dépendance majeure, voire complète. Une étude récente propose d’atténuer le risque de cette délétère destruction intellectuelle.
Les syndromes démentiels
Lorsque la détérioration mentale est intense, on parle alors de syndrome démentiel. Pour poser ce terrible diagnostic, il doit exister des troubles des fonctions cognitives (mémoire, langage, praxies, gnosies, fonctions exécutives, etc.) qui durent depuis au moins 6 mois et qui sont suffisamment importants pour retentir sur la vie quotidienne. Les termes de syndrome démentiel ou de démence n’impliquent pas que la personne ait nécessairement des troubles du comportement. Même s’il n’a aucune connotation péjorative, ces dénominations sont très traumatisantes et ressenties douloureusement par les familles. En Europe, la maladie d’Alzheimer est la cause la plus fréquente des démences. Elle a été décrite en 1906 par le médecin neuro-psychiatre allemand, Aloïs Alzheimer. Il existe bien d’autres causes de démences telles que la démence vasculaire, la démence à corps de Lewy, la démence compliquant parfois la maladie de Parkinson, la dégénérescence lobaire fronto-temporale.
Etude observationnelle et étude longitudinale
Une recherche récente publiée dans la revue Neurology montre que la combinaison de principes simples de mode de vie réduit le risque de maladie d’Alzheimer. C’est une analyse des données de deux études observationnelles et longitudinales concernant la surveillance médicale de 3000 personnes d’âge mûr durant 6 ans. Dans une étude observationnelle, l’investigateur tire ses conclusions alors qu’il n’est pas intervenu sur le choix et le nombre des participants qu’il décide d’observer. Elle ne démontre pas un lien de cause à effet absolu et direct mais un lien statistique fort et cohérent. Une étude longitudinale résulte du suivi d’une population dans le temps en fonction d’un événement de départ que l’on a choisi. Ici, l’apparition des symptômes d’une authentique maladie d’Alzheimer.
Les cinq facteurs de mode de vie sain
Il est probable, voire démontré, que certains modes alimentaires, les exercices physiques, l’activité intellectuelle, l’absence de tabagisme, le resvératrol contenu dans le vin (https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-263/A-la-recherche-des-vertus-du-resveratrol), apportent des avantages pour la santé. Dans l’étude du 17 juin 2020 parue dans le journal Neurology, cinq « facteurs de mode de vie sain », ont été étudiés. Comparé aux participants n’ayant aucun ou un seul de ces facteurs de mode de vie sain, l’équipe de recherche a constaté que le risque de maladie d’Alzheimer est réduit de 37% chez les participants réunissant 3 facteurs de mode de vie sain et de 60% chez ceux réunissant 4 à 5 facteurs de ces mêmes modes de vie sains.
D’après cette étude, que faut-il faire ou ne pas faire afin d’espérer ne pas démarrer une démence d’Alzheimer ?
-
ne pas fumer,
-
faire au moins 2 heures 30 d’activité physique d’intensité moyenne à soutenue par semaine (marche rapide, natation, vélo, rameur, course à pied sur un rythme régulier entrecoupée de marche),
-
avoir une consommation d’alcool faible à modérée (les hommes adultes ne devraient pas boire plus de deux verres standard de boissons alcooliques par jour et les femmes adultes pas plus d’un verre. Chaque semaine, il faudrait s’abstenir pendant au moins deux jours),
-
ne jamais arrêter de pratiquer des activités intellectuelles (lecture, écriture, jeux de mémoire),
-
être un adepte d’un régime alimentaire de type méditerranéen ou proche (régimes MIND ou DASH).
Nous savons donc désormais ce qui nous reste à faire afin de protéger au mieux nos facultés intellectuelles, malgré les ans qui s’accumulent inexorablement. Néanmoins, n’oublions pas ce conseil de Franz Kafka : « Le bonheur supprime la vieillesse ».
JPB