Le Blésois Claude Gruffat est l’un des 13 députés EELV au parlement européen. Militant de la 1ère heure, cet entrepreneur passionné par l’agriculture et l’alimentation, ancien président de Biocoop, répond à nos questions avec conviction et sans langue de bois.
Claude Gruffat ©Jean-Luc Vezon
Que pensez-vous du plan de relance européen du 21 juillet dernier ?
Claude Gruffat : C’est une bonne chose pour l’avenir de l’Europe que les 27 états membres se soient accordés. Le plan me semble globalement correct avec, pour la première fois, un endettement solidaire qui permettra d’aider tous les pays qu’ils soient forts ou faibles. Dans un contexte d’interdépendance de nos économies, cet accord est essentiel. Le compromis est toutefois chèrement payé avec des contreparties fortes en termes de baisse de l’investissement et d’avantages accordés à certains pays ce qui me semble un contresens pour l’Union. Le libéralisme thatchérien pèse encore. C’est grave. Je m’interroge aussi sur le mode de décision. L’unanimité n’est plus gérable pour prendre des décisions aussi essentielles d’autant plus que nous avons à nous accorder avec des pays qui ne respectent pas les Droits de l’Homme comme la Pologne ou la Hongrie.
390 milliards de subventions dont 40 milliards d’euros pour la France, ce n’est pas rien…
C.G. : C’est insuffisant pour que la relance soit efficace. Le groupe des Verts/ALE au parlement avait proposé un plan de 5 000 milliards pour la décennie. Cette somme aurait permis d’engager une vraie transformation de nos économies allant dans le sens des Accords de Paris et du climat. Par ailleurs, le deuxième pilier de la Politique agricole commune (PAC), qui finance les transformations agricoles et la ruralité, a été raboté de 13 milliards. Franchement, ce n’est pas une bonne idée. Il laisse entrevoir « le vote d’une PAC à l’ancienne », inadaptée au nécessaire changement de notre modèle agricole et de notre alimentation. L’Europe passe à côté d’une occasion historique. Cela laisse un goût amer tempéré, il est vrai, par ce pas vers la création d’un budget européen doté de ressources propres.
Comment financer ce plan de relance ?
C.G. : Il faut taxer la plastique et le carbone pour aller vers une économie décarbonée. Plus généralement, les biens qui rentrent dans l’Union sans respecter les règlements et normes imposés à nos industriels doivent être soumis à une taxation. C’est un nécessaire rééquilibrage. Nos entreprises, nos agriculteurs sont victimes d’une concurrence déloyale. Je n’oublie pas les GAFA qui s’exonèrent d’impôts et réalisent des Mrds de profit sur le territoire de l’UE…
Comment analysez-vous la poussée verte aux élections municipales ?
C.G. : Nos concitoyens sont clairement préoccupés par le dérèglement climatique et les questions environnementales. Les faits leur donnent raison : la qualité de l’air se dégrade, l’eau potable est souvent polluée, notre alimentation contient des pesticides… Les gens veulent du bio et du local. Ils en ont marre des promesses et du baratin des politiciens. Ils font confiance à ce parti qui a su fédérer et constituer des listes citoyennes. Les écologistes d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec les barbus à sandales qui descendaient du Larzac. Ce n’est pas un hasard si EELV a conquis de grandes villes ; celles-ci sont des lieux pour une écologie active.
Votre ami Charles Fournier se déclare prêt à conquérir la région en 2021. Qu’en pensez-vous ?
C.G. : EELV doit avoir un candidat ou un duo (avec une candidate), c’est évident. Charles Fournier est bien placé car il possède une solide connaissance du périmètre des compétences régionales et a démontré ses qualités. Je le soutiendrai donc dans sa démarche de conquête de la région CVL. EELV aspire à gérer cette région comme d’autres dans une démarche de progrès et participative. Nos élus sont des femmes et des hommes de terrain qui agissent et tiennent leurs promesses à l’image d’Eric Piolle, réélu maire de Grenoble.
Propos recueillis par Jean-Luc Vezon