Riviera vaudoise, la douceur de vivre

Le confinement s’éloigne, même s’il faut rester vigilant, et la Suisse a rouvert ses frontières. C’est le moment de découvrir la rive nord du lac Léman, Lausanne et la Riviera vaudoise, les villes de Vevey et Montreux,  près de l’entrée de la vallée du Rhône.

Si cette région attira des hôtes célèbres comme Charles Chaplin, Freddie Mercury ou Audrey Hepburn et reste toujours très prisée, c’est sans doute à cause de sa douceur de vivre dans un cadre unique et privilégié. Et pour attirer le touriste en ces temps difficiles, de nombreux efforts ont été faits pour l’accueillir.

Il y a tout sur la Riviera vaudoise : un exceptionnel vignoble inscrit à l’Unesco où le chasselas est roi, un paysage exceptionnel entre  montagne et lac, des lieux historiques, des musées d’une grande richesse et pour les plus sportifs, de superbes ballades avec 3000 kilomètres de sentiers balisés.

Au dessus de Vevey, le Mont-Pèlerin

Riviera vaudoise. Vevey. Au fond, Les Rochers de Nay. ©Degon.

Pour atteindre le Mont-Pélerin, il suffit d’emprunter le funiculaire qui part des hauts de Vevey tracté pour atteindre en 13 minutes le terminus à 807 m. Après avoir traversé les terrasses de Lavaux, vignoble classé au Patrimoine mondial avant d’atteindre  la station  intermédiaire de Chardonne, la rampe passe de 130 ‰ à 540 ‰ à partir de la station de la Baume et les rangs de vigne laissent la place à la prairie puis à la forêt. A la station d’arrivée, les quelques marches mènent à un terre-plein d’où l’on découvre un panorama exceptionnel. En ce petit matin de juin,  alors que le soleil donne sur les Rochers-de-Nay (2042 m) sur la gauche et les hauts sommets enneigés qui dominent la côte sud du lac, « sur France », comme disent nos amis vaudois, une légère brume couvre encore les eaux du Léman. Connu pour ses nombreux chemins de randonnée (circuits pour tous niveaux entre 3 et 7 kilomètres), le Mont-Pélerin révèle bien des surprises. La route de Baumaroche qui contourne le mont et passe au-dessus du Mirador Resort mène à un étonnant Centre d’études tibétaines, isolé, au calme, entre ciel et terre. C’est là qu’en 1977, à la demande du Dalaï-lama, le vénérable Rabten Rinpoche fonda ce centre ouvert à tous, aussi bien aux réfugiés tibétains qu’aux occidentaux. Il fut aidé dans sa tâche par Anne Ansermet, convertie au bouddhisme et fille du compositeur et fondateur de l’orchestre de la Suisse romande, Ernest Ansermet. En ce lieu règne la quiétude même si le silence est parfois rythmé par les moulins à prière.

Chaplin, l’inoubliable

Musée Chaplin : Le Studio, scène du Dictateur. ©Degon

Depuis le Mont-Pèlerin, un petit chemin propret descend vers le village viticole de Chardonne.  Il faut avoir les mollet bien musclés pour éviter les crampes car la pente est rude entre les terrasses. Après être passé sous l’autoroute, il suffit d’obliquer sur la gauche , vers Corsier, pour atteindre le Manoir de Ban.

 Le 17 septembre 1952, Charlie Chaplin embarque en famille à New York sur le Queen Elizabeth pour faire la promotion de son dernier film Les feux de la rampes.  Pendant la traversée, il apprend que son visa de retour est révoqué dans l’attente des conclusions de l’enquête sur ses sympathies politiques. Dans les deux mois, Chaplin liquide toutes ses affaires aux Etats-Unis (il n’y reviendra que vingt ans plus tard) et le 31 décembre de la même année, il achète le Manoir de Ban qui devient la maison de famille jusqu’à sa mort en 1977 où il travaille, compose, reçoit. Oona, sa femme, y vivra également jusqu’à son décès en  1991. En 2001, la Fondation du musée Charlie Chaplin est créée.  A sa tête, Michael Chaplin (l’enfant doué du film Un roi à New York). Son but, l’ouverture d’un musée Chaplin au manoir. En 2016, le Chaplin’s World ouvre ses portes. A la place du verger et du potager est construit à moitié sous terre un impressionnant bâtiment qui  abrite le Studio où le visiteur, déambule dans le monde de l’artiste : décors hollywoodiens de ses films, salles de montages… habités par des mannequins, personnages de ses films, conçus par le musée Grévin. Dans le manoir rénové, la vie privée et de famille de Chaplin a été mise en scène également avec des mannequins de cire. La salle à manger, le salon avec le piano Steinway sur lequel il composa la musique du film La comtesse de Hong Kong et le premier étage avec ses appartements et  la chambre d’amis où séjourna Sophia Loren. Le dernier étage récemment ouvert abrite les expositions temporaires. Cette année,  avec « Chaplin’sworld, l’homme-orchestre, l’œuvre musicale de l’artiste est à l’honneur.

Croisière sur le lac

Riviera vaudoise. Intérieur de La Suisse , bateau de la flotte Belle époque.©Degon.

Pour rejoindre Vevey, il suffit de prendre le bus qui conduit au centre de cette petite ville pleine de charme où réside néanmoins le siège de de la première entreprise agroalimentaire du monde, Nestlé.  Non loin, face à la promenade, une gigantesque fourchette plantée dans les eaux du lac nargue l’Alimentarium, musée de l’alimentation et de la nutrition. A l’embarcadère, l’imposant bateaux à vapeur attend ses passagers pour se rendre au château de Chillon. Créée en 1873, La Compagnie générale de navigation possède dix sept navires qui sillonnent le lac. Huit d’entre eux, uniques en Europe, construits entre 1904 et 1927 font partie de la flotte « Belle Epoque ».  Restaurés et choyés, ils ont un côté légèrement suranné avec à  l’intérieur des salons où dominent le cuivre et l’acajou.

Château de Chillon

Riviera vaudoise château de Chillon ©Degon

Construit  au Xe siècle sur l’île du même nom, le château de Chillon est situé dans un lieu stratégique, à la croisée des routes France-Allemagne et Italie par la vallée du Rhône. Propriété des comtes de Savoie, il passe entre les mains des Bernois au XVIIe siècle, puis dans celles des Vaudois à la fin du XVIIIe siècle. Restauré à la fin du XIXe siècle,  Chillon fut dès le XVIIIe siècle une destination touristique très prisée surtout par les Romantiques, notamment  Rousseau, Hugo, Gustave Flaubert et Lord Byron qui écrivit Le prisonnier de Chillon, célèbre poème inspiré de l’histoire de François Bonivard enfermé dans les caves et dont on peut encore voir l’anneau auquel il était attaché. En 2019, le château de Chillon était le premier monument suisse le plus visité.  Manifestations, expositions, visites guidées sont agrémentées par une nouvelle cafétéria qui vient d’ouvrir ses portes en juin dans un bâtiment moderne, le Café Byron. On peut s’y restaurer face au château.

Montreux l’internationale

Montreux : le parc des statues des musiciens qui se produisirent au Festival de jazz. ©Degon

A quelques encablures, au nord de Chillon, Montreux est la capitale de la Riviera vaudoise. Autant Vevey garde ce caractère de petite ville romande traditionelle avec son vieux quartier, autant Montreux dégage une atmosphère de station de villégiature internationale avec ses grands hôtels, son casino, sa promenade. Les premiers touristes à découvrir les atouts de cette ville furent les Britanniques au début du XX e siècle séduits par la vue sur le Léman et les Alpes françaises, par son doux climat. Ainsi apparurent les grands hôtels  comme le célèbre Fairmont Le Montreux Palace ou le Grand Hôtel Suisse Majestic destinés à accueillir la « gentry » internationale. Attirés par l’endroit calme et discret, de nombreux organismes internationaux ont choisi Montreux pour implanter leur siège. C’est le cas d’Initiatives et changement, l’ex Réarmement moral, qui se trouve dans l’ancien Caux-Palace. Mais Montreux est surtout mondialement connu pour son festival de Jazz créé en 1967 par Claude Nobs qui a reçu toutes les figures légendaires du jazz et du rock. Freddie Mercury ainsi que d’autres artistes de renommée mondiale comme David Bowie ou Nina Simone enregistrèrent au mythique Mountain Studios du casino. Très vite, Montreux devient la ville de cœur du leader de Queen, il y réside à partir des années 80. Propriétaire du studio d’enregistrement pendant 14 ans, il y a enregistré pas moins de six albums. Cinq ans après sa mort, une statue en bronze à son effigie est inaugurée au bord du lac. Montreux est devenu un lieu de pèlerinage pour ses fans qui peuvent découvrir ses lieux préférés avec le Freddie Tour.

Lausanne, l’art sous toute ses formes

La grande nouveauté à Lausanne, c’est l’ouverture fin 2019 du Musée cantonal des Beaux-Arts  (MCBA), bâtiment-ultra moderne qui s’inscrit dans le nouveau quartier des arts, Plateforme 10. Construit à côté de la gare, il s’agit du plus grand projet culturel vaudois depuis très longtemps. Il regroupera également sur 25 000 m2 en 2021 le Musée de l’Elysée consacré à la photographie et le Musée de design et d’arts appliqués contemporains (Mudac). Riche de 11 000 œuvres du XIVe siècle à nos jours, le MCBA expose 196 œuvres de manière permanente  notamment des Vallotton, Gleyre, Soutter, Soulages ou Penone. Les fondations Toms Pauli et Félix Valloton ont rejoint le musée. Régulièrement, une exposition temporaire est proposée au public. Cette année Vienne est à l’honneur avec « À fleur de peau. Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokoschka ».

Lausanne, place de la Palud. ©Degon

Lausanne est une ville toute en hauteur, alors pour s’y promener il faut de bonnes jambes ou prendre le métro qui traverse la ville du nord au sud. Bonne solution pour rejoindre « La collection de l’art brut ». Ce musée situé au château Beaulieu fut créé en 1976 pour accueillir le legs de 5000 œuvres d’Art brut de Jean Dubuffet. Aujourd’hui le fonds compte 70 000 pièces dont 700 sont exposées, ce qui fait de ce musée une référence mondiale. Il faut absolument visiter ce lieu pour aller à la rencontre de ces auteurs cassés, fragiles, inadaptés, pour la plupart internés et qui ont trouvé un moyen extraordinaire d’expression. Jean Dubuffet qui est à l’origine de leur reconnaissance et l’inventeur du concept d’Art Brut,  les voyait comme « des personnes indemnes de culture artistique ». À découvrir impérativement avant de redescendre dans le monde quotidien au cœur de la ville.

De la place Saint-François, grand lieu de rendez-vous des Lausannois, il suffit de passer la rue Centrale pour découvrir la place de la Palud où trône la statue polychrome de la Justice au-dessus de la fontaine Renaissance. Tout le monde s’y retrouve le mercredi et le samedi, jours de marché. À quelque lieux, le quartier du Flon est un village en soi. Ancien quartier mal famé des tanneurs installés au bord de la rivière Flon aux XVIIIe et XIXe siècles,  devenu plus tard une zone d’entrepôts, le Flon est aujourd’hui l’endroit « branché » de Lausanne avec ses restaurants, ses bars et ses clubs. Pour boire un verre et se laisser vivre.

On l’aura compris, Lausanne et la Riviera vaudoise ont de nombreux atouts à découvrir.

André Degon

A savoir

Montreux, le Grand Hôtel Suisse et la promenade. ©Degon

– Accessibilité :

De Paris à Lausanne, TGV Lyria à partir de 49 € aller. A noter qu’en présentant son billet lors de la visite à Chaplin’s World, réduction de 30% jusqu’au 30 septembre.

En Suisse, le Swiss Pass propose la libre circulation sur le réseau ferré, fluvial, et routier (bus), trains de montagne, entrée libre dans plus de 500 musées. Validité : 3, 8, 15 jours ( 3 jours, 228 €/pers.)

– Office de tourisme du canton de Vaud : www.region-du-leman.ch,

– Office de tourisme Montreux-Vevey : www.montreuxriviera.com

A Lausanne, Vevey et Montreux, carte de transport gratuite (bus, train, métro). Réduction de 50% auprès des musées, croisière en bateau.. Offert par l’hôtel ou autre logement payant la taxe de séjour.

– Offre de séjour spéciale : Trois nuits pour le prix de deux, https://www.montreuxriviera.com/fr/Z12645/offre-3-pour-2

– Dès deux nuits, offre d’un bon de 100 chf à dépenser chez certains prestataires

 https://www.region-du-leman.ch/fr/Z12637/listing-des-prestataires-vaud-a-la-carte

–  Pratique

– Chaplin’s World, 2, route de Fenil, Corsier-sur-Vevey. www.chaplinsworld.com, entrée à partir de 18 € (sous condition)

– Freddie Tours, sur les traces de Freddie Mercury à Montreux. www.freddie-tours.com. A partir de 27 €

– Château de Chillon, 21, avenue de Chillon, Veytaux. www.chillon.ch, entrée adulte 12,50 €.

– Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA), Plateforme 10. Place de la gare, Lausanne. www.mcba.ch Entrée gratuite pour Collection, Espace projet, Espace Focus (billet gratuit à prendre). Exposition temporaire, A fleur de peau, Vienne 1900, de Klimt à Schiele et Kokochka, entrée 19 €. Jusqu’au 23 août.

– Collection de l’Art brut, château de Beaulieu, 11, avenue des Bergières. Lausanne. www.artbrut.ch. Entrée adulte 11 €. Expositions temporaire Chicago calling jusqu’au 1er novembre et Théatres jusqu’au 30 août.

Et aussi à Ouchy, face au lac le Musée olympique, https://www.olympic.org/fr/musee

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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