Les arts graphiques en vedette au musée des Beaux-Arts d’Orléans

Le musée des Beaux-Arts d’Orléans possède la plus riche collection de gravures, de dessins et d’estampes de la région. Une fierté mise en avant dans les trois cabinets d’arts graphiques avec une exposition originale visible depuis le 30 juin et qui fait même un clin d’œil à la grande exposition du moment Delaperche, un artiste face aux tourments de l’histoire (voir Mag Centre 27/12/2020). C’est parti pour une visite guidée (et masquée) avec Mehdi Korchane, le nouveau directeur de ces cabinets d’arts graphiques.

Medhi Korchane, nouveau directeur des cabinets d’arts graphiques du Musée des Beaux-Arts d’Orléans © SD

Les richesses du musée qui détient plus 50 000 estampes et plus de 10 000 dessins sont un vrai régal pour ce nouveau directeur arrivé en janvier. il va pouvoir ainsi piocher à loisir dans ces réserves pour proposer au public des expositions temporaires sur des sujets extrêmement variés. Pour ce premier accrochage, Mehdi Korchane a souhaité faire un lien avec la grande exposition Delaperche  (prolongée jusqu’au 30 octobre) en exposant des gravures qui ont pu inspirer Jean-Marie Delaperche.sur la thématique générale des “Tourments de l’histoire” mais avec un thème par niveau. Une sorte de jeu de pistes donc qui invite le visiteur à déambuler dans le musée, ce qui lui donne l’occasion, au passage, de jeter un œil aux autres salles.

L’imaginaire de la guerre 

La visite commence donc au deuxième étage, dans le cabinet des arts graphiques consacré au XVIe et XVIIe siècles avec des œuvres déclinées sur le thème “l’imaginaire de la guerre” à l’époque moderne. Dans cet espace, Medhi Korchane a effectué un accrochage en deux parties : la guerre de Troie d’un côté et l’art de la guerre de l’autre. Deux sujets qui ont fortement influencé les graveurs de l’époque comme on peut le voir dans cette œuvre de Jean Mignon, avec, regardez bien, le fameux cheval de Troie au milieu à gauche.

Eau-forte de Jean Mignon (1556) Le Pillage de Troie, musée des Beaux-Arts d’Orléans © SD

Dans la tête de Jean-Marie Delaperche

Un étage plus bas, dans le cabinet des arts graphiques consacré au XVIIIe siècle, c’est l’univers mental de l’artiste qui est exploré. Cette fois, il y a un rapport direct avec la grande exposition Delaperche. Pour Medhi Korchane “l’idée c’est de montrer ses sources d’inspiration, sa sensibilité, ses idées politiques (clairement royalistes). J’ai sélectionné dans les collections des œuvres qui illustrent ces aspects de sa personnalité. On sait tellement peu de choses de lui que l’on en est réduit à faire des conjectures sur qui il était exactement. Et ces dessins nous donnent des indices de sa culture visuelle, littéraire.(…) Ce que l’on peut affirmer en revanche avec certitude c’est qu’il connaissait très bien l’art anglais de son temps. J’ai donc choisi cette gravure de Joan Raphaël Smith, les Trois Sorcières d’après Macbeth de Shakespeare. Une gravure qui est plastiquement très puissante. On n’a rien de comparable en France à cet esprit très fantastique.”

Les Trois Sorcières d’après Macbeth de Shakespeare , John Rapahel Smith (1752-1812) Musée des Beaux-Arts Orléans © SD

Concernant les idées royalistes de Jean-Marie Delaperche, Medhi Korchane a choisi plusieurs gravures représentant la fin des rois, et notamment un tableau anglais anonyme étonnant qui représente “une allégorie très critique et très codée de la Révolution Française, avec plein de petites saynètes qui critiquent tous ses aspects, philosophiques et politiques. Toutefois, on ne pouvait vraiment comprendre cette gravure que grâce à un petit opuscule que malheureusement nous ne possédons pas au musée”.

Gravure allégorique de la France horriblement dévastée par les fureurs de l’impiété et de la rébellion, anonyme, Londres fin du 18ème siècle © SD

De la Révolution à Napoléon

Descendons  à présent  au cabinet des arts graphiques de l’entresol où le sujet traité est celui  des tourments politiques qui ont rythmé la vie de l’artiste Delaperche, de la Révolution à Napoléon. On peut y voir notamment  une gravure représentant la séparation du roi Louis XVI d’avec sa famille à la prison du Temple, le 20 janvier 1793 de Jean-Baptiste Vérité (1756-1837). Comme le fait remarquer Medhi Korchane “les sentiments des adultes sont dignes et peu démonstratifs comparés à la gravure de Jean-Marie Delaperche où les émotions sont beaucoup plus vives”. 

Gravure Jean-Marie Delaperche, “Les adieux de Louis VI à sa famille” (vers 1815-1817) © SD

Gravure séparation Louis VI et sa famille, Jean-Baptiste Vérité © SD

Découvrons maintenant l’importante séquence consacrée à l’Empire et notamment à la propagande napoléonienne avec quatre dessins dont celui représentant la bataille d’Eylau, “l’une des grandes batailles de l’Empire qui a lieu le 8 février 1807, dans la campagne polonaise en Prusse orientale et qui oppose l’armée française à celle du tsar de Russie. Une bataille titanesque avec 50 000 soldats côté français et 80 000 côté russe. Les Français sont sortis vainqueurs de cette bataille mais au prix de lourdes pertes estimées entre 15 000 et 30 000 morts et blessés. Pour tenter d’effacer ce désastre humain aux yeux de l’opinion, Napoléon crée alors un concours de peinture où il serait représenté visitant le champ de bataille le lendemain. de la fin des combats. Norblin de la Gourdaine participe à ce concours mais il n’est pas le lauréat. Et on peut le comprendre en voyant son dessin par le fait que, d’une part ce n’est pas une peinture d’histoire héroïque, la figure de Napoléon n’étant pas du tout mise en avant. Mais surtout ce dessin représente un champ de bataille jonché de morts donc il ne répondait en rien aux besoins de la propagande voulue par l’empereur”. On reconnaît effectivement à peine Napoléon sur son cheval blanc en bas à gauche du tableau.

Dessin de la bataille napoléonienne d’Eylau, Jean-Pierre Norblin de la Gourdaine, 1807 © SD

Enfin cette balade au sein de ce cabinet d’art graphique ne serait pas complète si l’on ne se rendait pas dans la partie consacrée à deux artistes majeurs du XXe siècle, Max Jacob et le grand peintre-sculpteur abraysien Henri Gaudier-Brzeska. Bonne visite !

Femme dansant , Henri Gaudier-Brzeska, fusain, pinceau et aquarelle, vers 1912 © SD

Max Jacob par Marie Laurencin, huile sur bois , 1908 © SD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sophie Deschamps

Musée des Beaux Arts d’Orléans

Place Sainte Croix 45000 Orléans

Mardi au samedi : 10h -18h (accueil des scolaires dès 9h30)
Vendredi jusqu’à 20h
Dimanche : 13h à 18h

Gratuit le 1er dimanche du mois Plein tarif : 6 € – Tarif réduit : 3 € Billet groupé valable une journée donnant droit à l’entrée du Musée des Beaux-Arts, de l’Hôtel Cabu (musée d’Histoire et d’Archéologie de l’Orléanais) et de la Maison de Jeanne d’Arc.

Réservation (non obligatoire) et renseignements sur :
https://billetterie.orleans-metropole.fr
http://www.orleans-metropole.fr/330/le-musee-des-beaux-arts.html
https://sortir.orleans-metropole.fr/
reservationmusee@orleans-metropole.fr

Visites commentées des cabinets d’arts graphiques : • Vendredi 17/07 à 18h Incluses dans le billet d’entrée

 

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