A l’issue d’un scrutin marqué par une très forte abstention, Serge Grouard effectue son grand retour et reprend la ville au maire sortant et ancien ami Olivier Carré. L’autre surprise de l’agglomération vient de la victoire à Fleury-les-Aubrais de la liste de gauche conduite par la socialiste Carole Canette qui terrasse la maire Marie-Agnès Linguet. Mais l’avenir n’est pas écrit : on ne sait qui sera le futur président de la Métropole et si Serge Grouard échappera à un recours en annulation.
Quatrième mandat pour Serge Grouard
Lui qui disait partir pour ne plus revenir après sa démission n’a pas tenu sa promesse : Serge Grouard est de retour à Orléans. Il l’a emporté ce 28 juin largement avec 40,29% des voix devant Jean-Philippe Grand (31,72%) et Olivier Carré (27,98%). L’affaire des masques n’aura donc pas nuit à M. Grouard qui l’emporte largement et gagne encore près de 5 points sur le premier tour, en retrouvant sans doute une partie des électeurs de Nathalie Kerrien. De son côté Olivier Carré n’a pas bénéficié de sa gestion sérieuse de la crise comme maire pas plus que de l’attitude jugée douteuse de son principal adversaire. Même s’il progresse modestement sur le 15 mars Olivier Carré réalise un score médiocre pour un maire sortant sans avoir créé de dynamique entre les deux tours. L’outsider Jean-Philippe Grand à la tête de la liste verte-rose-rouge réalise un score honorable de 31,7% proche de l’addition des deux listes (Ose et Faire respirer Orléans) du premier tour mais sans pour autant créer de dynamique nouvelle.
Grouard maire en sursis ?
Olivier Carré ©Jean-Luc Bouland
Avec plus de 40% des voix, Serge Grouard remporte un incontestable succès politique et personnel en accédant pour la 4ème fois au fauteuil de maire. Il y a quelques mois encore tout le monde doutait de son envie de retour et surtout de ses chances de succès. Des doutes balayés donc largement dimanche soir.
A l’inverse le scrutin représente un échec personnel cuisant pour Olivier Carré qui n’arrive qu’en troisième position (avec 3 700 voix de retard sur Serge Grouard) mais aussi pour la République en Marche qui lui avait apporté son soutien. Installé dans les pas de l’ancien maire Olivier Carré avait pourtant déminé certains dossiers laissés chauds par Serge Grouard comme l’aménagement de la rue des Carmes, la gestion de la Métropole ou les relations avec les associations. Pas suffisant cependant pour effacer son manque de notoriété et de charisme et pour faire oublier « l’affaire des notes des frais » savamment entretenue par le camp Grouard. Olivier Carré avait susurré qu’il ne siégerait pas au conseil municipal (qui sera installé en fin de semaine). Dés 21 heures dimanche soir il annonçait sa démission dès lundi à la mairie et à la Métropole en confirmant qu’ll ne siégerait pas dans l’opposition municipale. Avec le départ d’Olivier Carré, on ne sait qui assumera le leadership de l’opposition municipale de centre droit : Muriel Sauvegrain, la députée LREM Stéphanie Rist ou Olivier Geffroy (ex LR).
Fleury : la gauche 25 ans après
Carole Canette nouvelle maire de Fleury
De même on ne sait si M. Carré déposera un recours contre M. Grouard pour « financement illégal de campagne » via la distribution de masques. Pas sûr cependant que ce recours puisse aboutir au vu de l’écart important entre les listes Grouard et Carré.
L’autre surprise est venue de Fleury-les-Aubrais où la socialiste Carole Canette à la tête d’une liste rose-rouge-verte remporte la mairie (47,81%) et terrasse la maire sortante Marie-Agnès Linguet. Cette élue UDI, bénéficiant du soutien de La République en Marche ne s’est jamais véritablement imposée dans cette ville. Carole Canette sonne donc le retour de la gauche, après l’intermède centriste de Pierre Bauchet et Marie-Agnès Linguet, 25 ans après André Chêne. La défaite de la maire sortante s’explique aussi par de profondes divisions durant six ans au sein de son équipe municipale (« un travail de sape et de trahison », a déclaré Mme Linguet) et une situation politique “abracadabrantesque”… plus encore qu’à Orléans.
Qui pour la Métropole ?
Autre point chaud de l’agglomération : Saint-Jean-le-Blanc où, à l’issue d’une quadrangulaire, Françoise Grivotet gagne la mairie avec 40,2%, battant ainsi trois autres listes dont celle du candidat LR et ancien adjoint aux finances Jean-Noël Milor (LR). Positionnée au centre-droit, bénéficiant du soutien de LREM, Mme Grivotet recueille ainsi les fruits d’un travail patient mené durant les dernières années.
Les maires élus hier soir seront installés en fin de semaine. Mais l’incertitude pèse désormais sur la Métropole. Serge Grouard a toujours affirmé qu’il ne cumulerait pas les deux sièges sans pour autant dévoiler quel serait son candidat. L’ancien président Charles-Éric Lemaignen a déjà décliné ce poste. Mais pourquoi pas Florent Montillot, bras droit de Serge Grouard, son « âme damnée » selon ses opposants et qui pourrait ainsi été récompensé pour services rendus.
Certains verront dans ce scrutin municipal un « retour vers le futur ». Mais une nouvelle ère s’ouvre pour Orléans et la Métropole avec de nouveaux hommes mais aussi deux femmes (Carole Canette et Françoise Grivotet) et de nouveaux projets.
J.-J.T.