L’artiste orléanaise Denise Benoît n’est plus

Grande figure locale, sculpteur de renom, Denise Benoît s’est éteinte le 18 juin dernier à 94 ans. Portraitiste aux multiples talents, elle laisse derrière elle 60 ans d’une vie artistique riche dont sa fameuse galerie de personnages qui aura fixé sur le vif des instants de vie, comme sortis tout droit d’un univers balzacien. 

Artiste douée, Denise Benoît trouve très jeune sa vocation artistique. ©EB

Sur la table quatre personnages pittoresques en argile : La bineuse, L’Oncle Jean, La Gustine et La Lucie. À leurs côtés deux bronzes, Le Père Alexandre et l’Innocent. Marie-Claude et François Benoît les affectionnent particulièrement : c’est toute leur enfance ! « Des personnages d’une certaine vie, rencontrés sur les puces, les bords de Loire, à Notre Dame des Miracles, dans des salles de ventes, à la campagne… que ma mère croquait très vite et discrètement parfois dans le creux de la peaume », décrit François. Un petit curé lisant son missel en marchant, une paysanne travaillant sa terre, une vendeuse de pommes de terre aux seins tombant dans les poches de son tablier… Autant de personnages pris sur le vif, humains, expressifs, figés dans leur action, et qui connaîtront un succès immédiat : « Ça sortait de ses doigts comme ça, lance sa fille Marie-Claude, dans un style pas guindé, aux attitudes benoîtes et aux postures avachies de gens qui ont vécu… et toujours avec une expressivité fine, une justesse du trait et de la proportion, du mouvement et des attitudes qui mettaient en avant ses talents de dessinatrice et de portraitiste ».

Du dessin à la sculpture

Ce sont ses personnages pittoresques qui ont propulsé Denis Benoît. ©EB

Née à Paris en 1926, Denise Benoît passe sa jeunesse dans la Nièvre, sur les terres de la ferme familiale. Déjà toute à son art, elle développe un certain talent pour le dessin, façonne son univers et son humour, et ne tarde pas à se faire remarquer par la grande faïencerie nivernaise Montagnon qui lui confie le dessin et la mise en couleur de tous les personnages. Mariée, elle part ensuite s’installer à Savenay (Loire Atlantique) en 1950 où elle élève ses enfants et se met à l’huile et à l’aquarelle. C’est douze ans plus tard que Denise Benoît s’installera définitivement à Orléans puis à Saint-Jean-de-Braye en 1966. « Période où elle commencera aussi à exposer à la SLAO, Société Littéraire et Artistique de l’Orléanais », poursuit Marie-Claude. Enchaîneront une première exposition à la Galerie « Arts et Curiosités » à Orléans, au « Salon des Artistes Orléanais » (1971), au Salon des Arts Plastiques (1974) à Saint Jean de Braye, au Centre Charles Péguy d’Orléans… et tant d’autres des années durant dans la métropole orléanaise.

Sculptures, dessins, aquarelles, pastels, gravures, caricatures, poèsie aussi… La palette artistique de Denise Benoît est aussi riche que variée et son talent tutoie toutes les techniques. Formée à la sculpture aux Beaux Arts d’Orléans par l’éminent professeur Borde, elle étudie le nu et la justesse anatomique. « Elle voulait s’affirmer, exceller et elle y arrivait », assure Marie-Claude. Très vite alors elle va produire de superbes pièces : « Des nus gracieux et élégants comme le « Nu se coiffant » pour lequel elle reçoit un prix assez rapidement et l’inscrit dans la célébrité locale ». Mais aussi La Grande Loire, corps féminin aux douces courbes sensuelles et ondulantes s’étirant comme les eaux endormies du fleuve… Et des bustes uniques encore visibles aujourd’hui : Pierre-Aymé Touchard (Théâtre d’Orléans), Jeanne Chapillou (Musée des Beaux Arts), Henri Gaudier Brzeska (Saint Jean de Braye), Eugène Labiche (Souvigny en Sologne), Yoland Cazenove…

Une ultime exposition en octobre

Les enfants Benoît organisent cet automne une ultime rétrospective. ©EB

Forte personnalité, au sens affirmé de la facétie, refusant le simulacre dans l’art, Denise Benoît était « aimée et appréciée de tous, sauf des jaloux ! », selon sa fille. Programmée l’an passé, une ultime exposition se tiendra les 9, 10 et 11 octobre 2020 à la Trésorerie à La Chapelle-Saint-Mesmin (près d’Orléans, Loiret). De quoi apprécier une dernière fois le talent de cette grande artiste qui aura incontestablement marqué la vie artistique d’Orléans. « Des œuvres qui ont forgé une mémoire de l’Orléanais », conclut François Benoît.

Estelle Boutheloup

Commentaires

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  1. Très grande Artiste ! Exposée pendant 11 années au SALON du CHÂTEAU du CROC au Siège des Mutuelles d’Assurances Régionales, aujourd’hui THELEM, elle y a connu un grand succès au côtés d’artistes de renom.
    Discrète , timide (trop parfois) elle aurait pu rivaliser sans problème avec des artistes, dans sa discipline, plus connus sur le plan national.
    Qu’elle repose en paix !

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