Oui, ça y est, les cinémas ont rouvert ! Aux Carmes, l’affaire n’a pas été simple. Michel Ferry, le gérant animateur du cinéma, a vécu ce confinement en partie « comme un moment positif, avec du recul par rapport aux films et à la distribution, un moment de réflexion. Mais le gros problème, c’était la durée. On ne savait pas combien de semaines on allait rester fermé. »
Le cinéma des Carmes à Orléans (Loiret). BC
Et il insiste sur la « difficulté de faire redémarrer la machine. Trois semaines seulement pour se préparer, et encore trois semaines à trous, avec de longs week-ends ! Et des directives changeantes de jour en jour, et tous les jours aussi peu claires ! ». En fait, on se retrouve à peu près dans la même configuration que les restaurants : port du masque obligatoire dans le hall et jusqu’à sa place, et mi-jauge pour le public, laissant libre un fauteuil sur deux, avec les marques obligatoires dans les salles qu’il a fallu matérialiser.
Tout est prêt pour vous accueillir au cinéma des Carmes à Orléans. BC
Mais ça y est, tout est en place. Michel Ferry et son équipe ont décidé de reprendre les projections des films interrompues par le confinement (À l’ombre de Staline, De Gaulle et La bonne épouse), de rajouter trois nouvelles sorties, plus des films fétiches, dont Django. Tout cela complété par un cycle Jacques Becker et un cycle Patrick Dewaere. Plus les films pour le jeune public. Belle affiche globale !
Tout dépend du public!
Qui doit absolument séduire le public. « Le manque à gagner a été colossal, confie Michel. On est actuellement à l’os. Il faut absolument que le public revienne en nombre. Or on ne sait pas, après cette période où les spectateurs ont beaucoup regardé les écrans chez eux, s’ils vont retrouver leurs habitudes de présence dans les salles. »
Pendant trois mois, l’équipe a fonctionné, comme beaucoup, en chômage partiel. Mais l’amplitude des horaires du cinéma implique des heures en temps partiel, donc ils ont beaucoup souffert. Avec son assise dans le réseau « art et essais », Michel Ferry a œuvré pour une diffusion de films via internet avec « la toile ». Cela l’a beaucoup intéressé, mais l’affaire n’a pas été vraiment rentable.
Quelques aides, mais pas de plan d’envergure
Heureusement, quelques mesures viennent l’aider financièrement. La ville a retardé le paiement des loyers, puisque les murs sont municipaux. Et la région promet des mesures d’aides, qui pour l’instant restent floues, avec des annulations ou reports de charges. C’est bien, mais il n’empêche. Michel constate « un plan d’aide colossal pour sauver le secteur automobile et rien pour l’industrie du cinéma ! Alors qu’on représente un chiffre d’affaires important et un nombre d’emplois non négligeable ! La culture en générale et le cinéma sont pourtant des moyens importants de réflexion sociale et d’évolution de la société. Peut-être qu’aider le cinéma, c’est aussi amoindrir les risques de conflits. »
Quoi qu’il en soit, l’équipe repart de plus belle avec le nouveau site déjà en place depuis janvier, résultat d’un accord avec Allociné qui injecte directement les infos et présentations. Elle promet à la fois l’ouverture de la quatrième salle à la mi-juillet et un cycle Tarantino tout l’été. Allez voir l’équipe, allez voir des films, pour que la machine reparte vraiment !
Bernard Cassat