Pour l’ensemble de musique ancienne passionné d’art vivant implanté à Orléans et que dirigent Florence Bolton, viole de gambe, et Benjamin Perrot, théorbe, « le temps long n’est pas un temps perdu ». Même si cela fait trois mois que ces artistes ouverts à tous les mondes d’expression n’ont pas quitté Orléans et qu’il leur tarde de « repartir sur les routes pour retrouver un vrai public et de vrais gens autrement que par écran interposé », ils n’ont eu de cesse de peaufiner leurs projets. Des disques sont en préparation, un stage, organisé à Orléans, affiche d’ores et déjà complet, des festivals ont la belle audace de remettre le pied à l’étrier et de les rappeler. Bref, l’actualité à venir est plus que prometteuse et les mélomanes ne pourront que s’en féliciter.
Florence Bolton, viole de gambe, et Benjamin Perrot, théorbe. ©Frederick Pickering
Une joie contagieuse mais teintée d’amertume
Pour Florence Bolton et Benjamin Perrot, l’essentiel est de éfendre l’art vivant : « Nous sortons à peine d’une période difficile, rythmée chaque jour par des annonces et des chiffres : nouveaux cas de contamination, nombre journalier des décès, chiffres du chômage, coût du chômage partiel…Dans cette société du chiffre et de la performance à tout crin, saluons ceux qui ont pu mettre à profit le temps long et le calme, nécessaires à la maturation des projets. Que le confinement puisse avoir été, pour quelques-uns au moins, un écho de cet état indispensable à l’artiste et un temps de recul et de réflexion. L’activité reprend doucement mais cette période qui devrait être joyeuse est aussi celle qui voit les derniers festivals abandonner la lutte et annuler leur édition 2020, écrasés par les exigences démesurées des protocoles sanitaires drastiques mis en place. Quel gâchis ! »
“Vive la musique vivante”
Seulement voilà, l’ensemble de musique ancienne La Rêveuse, l’un des fleurons de la culture orléanaise garde une ferveur souriante et talentueuse à toute épreuve. Florence Bolton et Benjamin Perrot sont « impatients de vous revoir et (ouvrent) l’été avec un stage des Ateliers de musique ancienne de La Rêveuse au conservatoire d’Orléans : deux jours pour faire enfin de la musique ensemble – dans le respect des règles de distanciation – et non derrière un écran ! Vive la musique vivante ! »
De fait, les 4 et 5 juillet prochain, La Rêveuse organise un stage de viole de gambe et de théorbe qui est très vite devenu, compte tenu de l’appétit des musiciens et de la renommée internationale des maîtres faisant, complet. Le répertoire français de la première moitié du XVIIIe siècle y sera hautement célébré.
Disques et création théâtrale
Mais ce n’est pas tout. Durant le confinement qui a entraîné, jusqu’à fin août, trente annulations de ses concerts, La Rêveuse a travaillé sur son prochain disque qui sortira en septembre prochain. Il s’agit du deuxième volet consacré à la musique instrumentale à Londres en 1720. Pour cet opus, l’ensemble quitte le label Mirare pour aller chez Harmonia Mundi et ce programme devrait faire l’objet d’un concert le 8 octobre 2020 à la Scène Nationale d’Orléans.
Florence Bolton, viole de gambe, et Benjamin Perrot, théorbe en concert©Frederick Pickering
Par ailleurs, toujours au chapitre discographique, c’est en septembre 2021 que La Rêveuse enregistrera, au château de Chambord, un disque consacré au compositeur Louis de Caix d’Hervelois qui fut un élève de Marin Marais. On y retrouvera Serge Saitta au traverso, flûtiste des Arts Florissants et, au programme, des pièces de traverso, viole de gambe, pardessus de viole, transcriptions pour théorbe et guitare baroque.
Une allégorie de la musique
Autre création à venir Le Rossignol et l’empereur, spectacle de théâtre d’ombre, avec La Rêveuse, serinettes et flageolets d’oiseaux, conte d’Andersen de la compagnie Cécile Hurbeau, Jeux de vilains. Ce spectacle, allégorie de la musique, sera créé les 26 et 27 avril 2021 au festival Musique et Mémoire (Haute-Saône) avant une tournée espérée en région Centre. À souligner que le 4 juin 2021, à l’invitation de l’association des orgues de Saint-Péravy-la-Colombe (Loiret), La Rêveuse et ses ateliers de musique ancienne se produiront dans un flamboyant programme de cantates baroques allemandes avec le Chœur symphonique du conservatoire d’Orléans que dirige Elisabeth Renault. Toutes et tous s’emploieront à faire résonner les œuvres de Buxtehude, Schein et Weckmann lors de ce concert qui sera repris le 10 juin de la même année à la salle de l’Institut d’Orléans.
Festivals “Musique et Mémoire”, “‘A la folie pas du tout”
Si de nombreux festivals ont été annulés, comme “un château de cartes qui s’effondre” La Rêveuse se félicite que le festival Musique et mémoire de Haute Saône annulé en mai ait toutefois tenu à reprendre une partie du festival, pour des raisons d’économie locale et artistiques. Florence Bolton et Benjamin Perrot se produiront ainsi le 29 juillet en l’église de Saint -Barthélémy dans un programme Fête champêtre avec des œuvres de Maris Marais et Louis de Caix d’Hervelois au programme. Nous les retrouverons également Au Festival Valloire baroque, en Savoie, le 27 juillet pour Curiosa et mirabilia, curiosités bohémiennes avec, au programme des œuvres de Biber, Schmelzer, Finger.
Florence Bolton, viole de gambe, et Benjamin Perrot, théorbe. ©David Girard
Enfin, le 1er août, au monastère royal de Brou, dans l’Ain, dans son cloître et dans le cadre du festival A la folie pas du tout regroupant chanson, jazz musique du monde et musique baroque, La Rêveuse, qui n’a toujours de cesse de s’ouvrir et d’aller à la rencontre de tous les univers artistiques, continuera d’interroger et de révéler lors d’une Fête champêtre les œuvres de Marin Marais et de Louis de Caix d’Hervelois. Une source inépuisable d’attention douce, vive et attentive, infiniment talentueuse.
Jean-Dominique Burtin