Si l’on sait depuis le séjour de Voltaire chez le vicomte Bolingbroke au château de La Source, à Orléans (Loiret), qu’il faut cultiver son jardin, c’est tout particulièrement le cas en Val de Loire, ce « jardin de la France » avec son chapelet de villes-ponts et de châteaux, ce « jardin extraordinaire » à deux pas de la capitale.
L’interrogation sur la pertinence du concept de « Métropole-jardin » apparu il y a un demi-siècle a été récemment relancée par la création de deux métropoles en Loire moyenne, la capitale régionale Orléans et Tours, incomplètes et complémentaires, destinées à coopérer si elles souhaitent jouer dans la cour des grandes et contribuer à tirer vers un développement solidaire l’ensemble de la région Centre-Val de Loire.
Le moment gaullien de l’aménagement du territoire
En 1964, la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) récemment créée, fonde le groupement interministériel d’aménagement du Bassin parisien. L’idée est de promouvoir un développement appuyé sur les grandes villes du Bassin parisien, quatre « zones d’appui » aptes à offrir une alternative aux excès de concentration de la croissance parisienne. La zone d’appui priorisée est la Loire moyenne pour laquelle est créée en septembre 1968 une organisation d’études et d’aménagement, l’OREALM, avec une zone d’intervention de 250 km de long et 30 km de large pour plus de 700 000 habitants.
Vers la Métropole-jardin
L’idée est de valoriser la « position-clé du système Loire » en privilégiant le développant les activités supérieures : recherche scientifique, université, tertiaire supérieur, tout en maîtrisant l’urbanisation afin de préserver agriculture et tourisme. Une équipe pluridisciplinaire sous la tutelle du préfet de région travaille au schéma d’aménagement avec une attention particulière aux paysages. Le Livre blanc Vers la Métropole-jardin publié en 1971 propose un aménagement équilibré de la Loire moyenne sous forme d’un système urbain inédit à dimension métropolitaine, appuyé sur un chapelet de villes le long de la Loire, séparées par des « coupures vertes » protégées mais reliées par des liaisons rapides et fréquentes dont le « métro-Loire » cadencé et l’aérotrain avec Paris. Le grand public est sensibilisé aux enjeux par l’édition des Cahiers de l’OREALM.
Un échec fécond. Le pôle métropolitain ligérien, une idée d’avenir ?
La crise économique liée aux chocs pétroliers et le désengagement de l’État affaiblissent ce projet, torpillé par le « souverainisme » du maire de Tours Jean Royer et par les craintes de Blois de devenir une cité-dortoir, « déversoir de la région parisienne ».
Toutefois, les idées émises alors ont été récupérées par la région dans sa politique de contrats de villes petites et moyennes, de protection des sites remarquables, de « technopôle-jardin » et d’inscription du Val de Loire au patrimoine mondial de l’UNESCO en l’an 2000.
La région Centre-Val de Loire possède une histoire très riche, son avenir vient de loin. Ayons l’intelligence de miser sur son patrimoine naturel et culturel pour développer harmonieusement notre Métropole-jardin.
Pierre Allorant
Pour aller plus loin :
- Lucas Berry, « La métropole-jardin », in Pierre Allorant (dir.), 250 Lieux, personnages, moments. Patrimoine en Beauce, Berry, Gâtinais, Perche, Sologne, Touraine, PU François Rabelais de Tours, 2018, p. 17-26.
- Lucas Berry et Jean-Marc Zaninetti, « Qu’est la métropole-jardin devenue ? », Norois, juin 2017, n° 242.
- Joël Mirloup, « Orléans. Élements d’un système métropolitain », Mappemonde, n° 68.