Horticulteurs et pépiniéristes ont subi eux aussi de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Pour relancer la filière, le Département du Loiret a débloqué 500 000 € pour investir dans l’achat de leurs productions. Pour illustrer cette démarche, un jardin éphémère ouvert à tous a été créé sur le parvis de l’Hôtel du Département à Orléans, en ce début de mois de juin 2020.
Ce jardin est aménagé avec des végétaux des horticulteurs et pépiniéristes locaux. ©EB
L’effet est aussi inattendu que séduisant. Un petit jardin vient de « pousser » sur 150 m2 à l’entrée même de l’Hôtel du Département du Loiret. Un jardin pas comme les autres : éphémère et solidaire. Car au-delà de l’esthétisme de ce carré de verdure à l’anglaise imaginé par le paysagiste orléanais, Rémy Poulin, s’inscrit une démarche de soutien. « Dès le 30 mars, l’idée a émergé de faire un geste vers la filière horticole du Loiret, filière d’excellence très touchée par la crise du Coronavirus avec l’annulation des foires aux plantes, l’absence de débouchés pour les ventes de végétaux…», explique Sandrine Gérard, Directrice du Service aux Territoires. Ainsi une enveloppe de 500 000 € a été débloquée pour l’achat de productions, « environ 25 fois le budget annuel habituel du Département dédié à l’achat de végétaux pour les espaces verts et le fleurissement ! ».
Un jardin de ville vertueux
Jusqu’à l’automne, ce jardin éphémère est accessible à tous. ©EB
C’est dans ce cadre que le projet d’un jardin a germé, aménagé avec des végétaux achetés par le Département aux horticulteurs et pépiniéristes du Loiret. « C’est un jardin sauvage, spontané et légèrement structuré par des verticalités d’arbres et de plantes comme les érables japonais, les bouleaux, les saules tortueux, la verveine de Buenos Aires… », décrit Rémy Poulin. Un tableau champêtre où le public est invité à déambuler entre graminées, rosiers, lavandes et vivaces (sauge, pâquerette des murailles, bambou sacré, valériane, népéta…) rassemblés dans des bacs en acier et des contenants habillés de canisse en osier. « Un jardin sans entretien grâce au paillage, à des plantations denses et des plantes allélopathiques qui empêchent la germination de mauvaises herbes ».
Basée à Sandillon, la pépinière de Vildé est l’une des structures horticoles à avoir fourni des arbres pour ce jardin et à avoir ainsi bénéficié de ce soutien. « Nous faisons 40 à 50 % de notre chiffre d’affaires annuel au printemps, explique Cécile Burte. Du 17 mars au 10 mai 2019, nous étions à 514 000€. Là, sur la même période nous sommes tombés à 322 000€, soit une perte de 192 000 €. Cela s’explique par le fait que nous vendons aux professionnels à 80 % (collectivités et paysagistes), mais avec le confinement, nos clients n’ont passé aucune commande étant liés aux chantiers des BTP qui étaient à l’arrêt. Aujourd’hui notre souci c’est le manque de trésorerie et les ventes qui ne repartent pas vraiment »
La réinsertion au cœur du projet
Timothée Huck et Rémi Poulin. ©EB
Autour de cette création, le Conseil Départemental a réuni deux associations de réinsertion avec lesquelles il a déjà souscrit une convention : les Jardins de la Voie Romaine (58 586 €) et Aabraysie développement (35 150€). « Ces chantiers sont l’occasion de faire de la cohésion sociale pour des personnes en parcours de réinsertion. Les personnes les plus fragiles sont touchées de plein fouet par cette crise. C’est une façon de faire remarquer qu’il faut aussi être attentif à ceux qui sont en bas de l’échelle », souligne Timothée Huck, directeur des Jardins de la Voie Romain.
Un jardin qui marque une première étape dans ce processus de soutien puisque la collectivité entend végétaliser ensuite ses sites administratifs, les collèges, les Ehpad… du département. « À la sortie du confinement, ce jardin lance aussi une invitation aux Loirétains à visiter les parcs et jardins de leur territoire », conclut Sandrine Gérard. En attendant, celui-ci restera visible jusqu’aux premières gelées.
Estelle Boutheloup