Paul Seignolle, président ADA Blois Basket 41. ©Jean-Luc Vezon
Le président de l’ADA Blois Basket, Paul Seignolle, revient sur la décision du 27 mai 2020 de la Ligue nationale de basket (LNB) de déclarer « blanche » la saison 2019-2020. Un choix incompréhensible et à rebours de toutes les autres fédérations de sport collectif qui prive le club blésois d’une montée en Jeep Elite et du titre de champion de France de Pro B.
Comment expliquer cette décision alors que les fédérations de football, volley et handball ont déclaré un vainqueur de leur championnat et prévu des montées et des descentes ?
Paul Seignolle : La LNB a toujours voulu se différencier par rapport aux autres. Avec ce choix de l’option 1 de la résolution N°3 par 54 voix contre 76, elle montre que la performance sportive passe au second rang derrière les intérêts personnels. Au-delà de cette décision injuste, je tiens à préciser que l’ADA Blois n’a jamais revendiqué de jouer en Jeep Elite ; nous étions d’ailleurs d’accord pour un championnat 2020-21 avec cumul des poids acquis ou attribution d’un bonus ; c’était aussi la position d’Orléans Basket. Ce qui est profondément inique, c’est ce refus de récompenser la performance sportive alors que nous avions joué 23 matchs sur 34 et que nous étions largement en tête. Il est vrai qu’en attribuant le titre à Monaco en Jeep Elite et à Blois en Pro B, la LNB aurait dû faire un chèque…
Comment s’est passé le vote de la LNB ?
P.S. : D’après nos calculs, le vote entre la saison blanche et la montée de 2 clubs de Pro B devaient se jouer à peu de choses. Certains clubs de Jeep Elite comme Gravelines ou Monaco étaient d’ailleurs favorables à l’option d’une Jeep Elite à 20 clubs. Pour sa part, le président de la LNB, Alain Béral, milite pour une Jeep Elite à 16 clubs. Voter pour un championnat à 20 clubs aurait donc été un désaveu. Il y a donc eu des pressions et des présidents de clubs ont retourné leur veste sans défaire les boutons. Je vous laisse aussi imaginer le vote des 22 membres associés, représentant la LNB et la Fédération française de basketball (FFBB), sur les 76 de cette instance.
Vous avez démissionné de votre vice-présidence de l’Union des Clubs Professionnels de Basket ?
P.S. : Oui. Je n’ai plus rien à y faire. Quant à la LNB, véritable ligue de copains et de coquins, depuis des années, il y règne une sorte d’omerta. De nombreuses décisions sont contestées en interne mais quand il s’agit de voter, il n’y a plus personne… Dès lors que l’on dénonce cet état de fait, on est mis à l’écart. Souvenez-vous, en 2018, déjà, Alain Béral n’était pas venu nous remettre le titre de champion de France. C’est affligeant.
Où en êtes-vous de la prochaine saison ?
P.S. : Avec le staff, nous allons repartir et nous espérons bien que la saison va redémarrer en septembre avec l’accord du ministère des Sports. Nous travaillons à bâtir une équipe pour donner du plaisir à nos supporters et montrer que Blois est une terre de basket. Le coach, Mickaël Hay, et ses joueurs reprennent l’entraînement dans les jours qui viennent. Trois nouveaux éléments nous rejoindront pour remplacer Abdoulaye Sy, Cris Joseph et Lucas Bourhis. Nous espérons bien entendu que notre MVP, Tyren Johnson, reste avec nous mais la décision lui appartient. Les objectifs 2020-21 seront définis rapidement avec le coach. (1)
Dans le contexte de crise économique, de quel budget disposera l’ADA Blois Basket 41 la saison prochaine ?
P.S. : Grâce à l’appui de nos partenaires, nous avons limité la casse avec un budget en baisse de 10 % qui devrait se situer à 2,3 millions d’euros (2). Je tiens d’ailleurs à remercier tous nos abonnés (300) et les 230 entreprises de notre Basket Club Entreprises pour leur fidèle accompagnement. Nous avions proposé un remboursement des places non utilisées à la suite de l’arrêt du championnat et seuls 15 % d’entre eux l’ont demandé. L’ADA démontre ainsi sa solidité et la qualité de sa relation client. Beaucoup de clubs jouent une partie de poker menteur en annonçant des baisses de 20 à 30 %. Pour sa part, la ligue ne va pas reverser une partie des droits télé. Cela prouve, une fois de plus, qu’elle ne prend pas en considération les clubs. Sa vision du basket est d’en faire un sport de grande métropole. Pour nous, c’est au contraire une activité sportive qui fédère le territoire et participe de son attractivité.
Justement, pour ancrer encore un peu plus le basket à Blois, vous avez lancé le projet d’un centre de performance…
P.S. : C’est un nouveau challenge. Le centre de performance sera à la fois une vitrine et un outil pour faire vivre le projet sportif de l’ADA. Nous allons le mettre en place avec l’appui des collectivités le plus rapidement possible. Ce type de structure, rassemblant sur un même site, centre d’entraînement comprenant 3 ou 4 terrains, bureaux, salles de réunion, de musculation mais aussi un hébergement pour les 15 jeunes de notre centre de formation n’existe pas hormis à l’ASVEL. Ce sera une 1ère en France dont nous pourrons être fiers.
Propos recueilli par Jean-Luc Vezon
(1) Il y aura deux accessions en Jeep Elite à l’issue de la future saison : le vainqueur du championnat et celui des playsoffs.
(2) Il sera présenté à la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) courant juin.