Le 7 mai 1945, Claude Lerude mourait d’épuisement à l’age de 23 ans, malgré les soins prodigués par les médecins américains quelques jours après la libération du camp de concentration nazi de Webbeling, où ce résistant, chef régional et membre du comité directeur du réseau Turma-Vengeance pour l’Orléanais, arrêté à Orléans en janvier 44, venait d’être transféré dans un état sanitaire gravissime suite à des mois de mauvais traitements.
Le scoutisme
Claude Lerude
Né le 2 juin 1920, de santé fragile, orphelin de père très jeune, Claude Lerude découvre le scoutisme par correspondance du fait de sa santé fragile, avant de s’engager par sa promesse scoute le 3 juin 1933. Il peut alors passer au “scoutisme actif” des.Scouts de France.Chef de patrouille puis routier (branche aînée du scoutisme) toujours à la 2e Orléans il est chef de troupe en 1938 .
A la déclaration de guerre en 1939, Claude Lerude s’engage en dissimulant son état de santé dans le même régiment que son père (mort des suites de 1914-1918) avant d’être démobilisé aux Chantiers de Jeunesse, en forêt de Tronçais.
La Résistance
Catholique fervent, il se posera alors la question, selon ses proches, d’entrer au séminaire, mais son désir de vengeance pour cette France humiliée par la défaite de juin 1940 fut plus fort, et il décide d’entrer en résistance dès 1941. Sous couvert d’activités scoutes, il est d’abord chargé de multiples missions de contact, tant en France qu’en Algérie, à Toulouse, en Corrèze, en Lozère, à Vierzon zone occupée, à Oran, à Alger, à Constantine, tout en débutant des études de philosophie à Paris.
En mai 1943, il entre en contact avec les Corps Francs “Vengeance”, organisation paramilitaire dirigée par d’anciens officiers, organisation qui se dit apolitique. L’efficacité organisationnelle de Claude Lerude en fait rapidement le chef régional d’un puissant réseau de résistance qui comptera jusqu’à 30.000 hommes pour trois types de missions: renseignement, évasion, action. Claude Lerude use aussi de son influence chez ses amis scouts pour recruter et créer une véritable direction opérationnelle chez lui, rue de Coulmiers, à Orléans.
Le 16 janvier 1944, il est arrêté suite à une trahison, par la Gestapo qui le détiendra jusqu’au 25 mars à la prison d’Orléans pour le torturer sans relâche. Il quittera Orléans pour la prison de Fresnes avant d’être déporté en mai 1944 au camp de Neuengamme où, malgré sa santé fragile il survivra jusqu’à la libération des prisonniers…
Scoutisme et Résistance
Le destin et le courage de Claude Lerude illustrent une page de l’histoire de la Résistance et du régime de Vichy auquel on associe souvent l’Eglise Catholique et parfois le scoutisme, puissant mouvement de jeunesse qui fit découvrir à des dizaines de milliers de jeunes urbains une forme de vie en plein air, doublée d’un apprentissage de la vie collective organisée autour d’un chef.
Si le Maréchal Pétain y voyait là un terreau pour son idéologie, les autorités allemandes sans doute mieux renseignées, y voyait plutôt un danger de résurgence d’un nationalisme organisé et l’interdirent en zone nord. Les choix et l’efficacité de l’action de Claude Lerude montrent bien que les Allemands n’avaient pas tort de se méfier de ces jeunes qui, nationalisme chevillé au corps, n’acceptaient pas non plus, au nom du catholicisme, l’idéologie de domination raciale du nazisme. Si certains dirigeants du scoutisme n’hésitèrent pas à faire du juif et du franc-maçon les responsables de la défaite, le mouvement scout va dès 1942 décrocher du régime de Vichy notamment par sa défense des Eclaireurs Israelites de France, et verra finalement son agrément résilié en juin 1943: ce que Pétain espérait être un vivier de la Révolution nationale basculera rapidement dans un recrutement pour la Résistance.
Ce 2 juin, centième anniversaire de sa naissance, était prévu un rassemblement des amis de Claude Lerude qui ne pourra finalement avoir lieu. Honorer la mémoire de Claude Lerude, c’est à la fois commémorer le courage exemplaire d’un jeune résistant face au nazisme, mais aussi relire une page de notre Histoire.
GP