Les peintres confinés nous promettent de belles œuvres #3

Le temps passe et rien ne les lasse vraiment. Jour après jour, à l’écoute du monde mais confinés comme tout un chacun, mesurant leur chance, leur soltude, leurs doutes, éprouvant leurs sentiment pour les autres et parfois leur effroi, ils demeurent au chevet au chevalet de leurs oeuvres à venir.   En vérité, les peintres confinés, jour après jour, dans le secret de l’atelier,  nous réservent de belles œuvres que nous partagerons tôt ou tard.
 

Psyko


Une belle respiration attendue

Comme pour le monde du spectacle les dispositions gouvernementales liées à la lutte contre la pandémie ont un impact sur les activités des artistes peintres graveurs ou sculpteurs,  plasticiens professionnels. De nombreux grands salons où certains devaient participer sont annulés. Les galeries sont fermées et le manque à gagner est certain. Reste que le Salon des Artistes Orléanais repoussé, si tout va bien en octobre à la galerie Saint-Pierre-le-Puellier, du fait d’une collaboration fructueuse entre la ville et l’association, devrait apporter pour certains une respiration  plus qu’attendue. 
 
Quatre vingt artistes, peintres, sculpteurs céramistes et graveurs y sont attendus. Ainsi qu’un hommage à Maurice Genevoix à l’occasion du quarantième anniversaire de la disparition de l’écrivain et de l’entrée au Panthéon de celui qui fut aussi , en 1922,  le fondateur de l’association des Artistes Orléanais. Reste aussi que les réseaux sociaux permettent des achats. Reste aussi que le confinement est quant à lui quelque-chose que connaissent bien les artistes ne comptant pas leur temps dans l’atelier.  Face à la toile. De tout cela certains artistes et acteurs culturels ont bien voulu nous parler.

III Désir de sincérité, enchères bienvenues, année blanche

Alexandre Rasquier

Alexandre Rasquier. “Ça commence à peser de ne pouvoir aller vers les autres. Ce qui m’importe actuellement est de faire surgir de la manière le plus vrai possible la beauté, la lumière qui traverse une maison, un appartement. Chaque année tant de personnes meurent,  je n’oublie pas cette image  d’un père avec un fils squelettique dans les bras qui continue de mourir. Je peins tout le temps mais tout ce qui se passe me fait mal . Ce temps de confinement me fait réfléchir sur les formats. Ce qui importe est surtout d’être le plus sincère possible. Ce temps nous ramène à nous. Pour le temps qui nous reste à vivre soyons le plus sincère possible sinon je n’ai plus d’espoir.”

Psyko

Psyko. “Pour moi ce confinement ne change pas grand chose. Je reste chez moi à peindre et à dessiner de deux à trois heures ou de six a sept heures car je suis assidu. Et puis j’ai un petit bout de jardin pour décompresser, un  espace qui est au maximum de sa beauté.
Depuis quinze jours trois semaines  de travaille sur une commande de vingt-cinq aquarelles et encres de Chine que m’a passée un collectionneurs de voitures suisse qui est tombé amoureux de mon travail. Je me régale et  dois faire entre autres  la Ferrari d’Alain Prost, une Mustang de course, une Ferrari ancienne  équipée de roues à rayons…

Par ailleurs je participe à L’atelier Perché, dans l’Orne,  à une exposition dont le vernissage devait avoir lieu le soir du confinement.
L’organisateur a aussitôt créé une galerie virtuelle qui durera jusqu’à mi-juillet. A partir du 11 mai il ouvre à nouveau sa galerie et prend des rendez-vous pour deux personnes à chaque fois. Rendez-vous sur le site “L’art à tous les regards”.

Un regret ? Ne pas se retrouver avec les amis. Un autre regret ? Celui d’avoir du annuler au château de Saint-Jean-le-Blanc une exposition  que nous voulions organiser fin avril début mai .  François Bruère artsite,  peintre et dessinateur officiel des Vingt-quatre heures du Mans y était attendu. Cette exposition était pour moi l’occasion de saluer le célèbre Salon Rétromobile qui se tient à la Porte de Versailles et inspire beaucoup d’entre nous.”

Guillaume Brabant

Guillaume Brabant:  Au début, c’était très compliqué pour moi, j’avais un gros problème de concentration, de déphasage et c’était difficile de relancer la machine. Il m’a fallu me resaisir  vivre un temps de repli comme une recherche sur soi sans être dans une énergie de travail. En ce moment,  comme je manque de bisous alors je peins des baisers, quelque chose entre le calin et la protection, c’est une série que j’intitule “N’aie pas peur”. Pour le marché de l’art, je m’y suis pris trop tard,  mais je trouve que la vente aux enchères de maître Rouillac était une belle idée qu’il faudrait bien reprendre. “

De fait les  commissaires priseurs tourangeaux Aymeric et Philippe Rouillac ont mis aux enchères en ligne en collaboration avec le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré de Tours,  le magazine Aretension, la fondation Taylor et le festival Puls’Art, ce jeudi 30 avril, en ligne, quatre-cent-cinquante oeuvres. L’argent récolté était destiné à abonder en partie le fonds “#SoutiensUnArtiste” destiné aux artistes en précarité.

Marc Lecoultre


Marc Lecoultre“Ce confinement, je le  vis très bien , je suis à la campagne  avec une vue sur le jardin. Ce qui me motive est la préparation d’une exposition à la Trésorerie sur le thème de la Loire.
 
Tous les rendez-vous de métier sont de côté, donc je peins. Je ne sors que très peu, pratiquement pas, mais j’avais déjà fait des croquis du fleuve. Cela étant,  depuis deux mois, il n’y a pas un soupçon de vente. Ce qui manque ce sont les amis, les vernissages, les gens , boire un coup avec eux. “
 
 

La Poupée de l’Infante Jean Bailly


Jean Bailly.  “Le confinement, je ne le vis pas mal  même si tous les salons sont annulés,  Violet, Vittel, Saint-Brisson,  Luneville. Reste le salon Les Anonymes en octobre au château de Saint-Jean-le-Blanc. A présent je peins moins qu’il y a un certain temps  En l’an 2000 je faisais trente-quatre toiles dans l’année, l’an dernier j’en ai fait neuf,  j’ai moins le feu sacré. Mais cette année cela va mieux, cela vient quand tout va bien.
 
Une toile blanche, je la barbouille avec une brosse carrée et je regarde ce qu’il y a,  ce qu’il se passe, ce que mon barbouillis me propose . Il y a parfois un œil que je distingue alors je tire la ficelle. Certaines  fois,  des idées  me viennent facilement  mais après le plus dur reste à faire . Ce que j’aime particulièrement, aujourd’hui, c’est qu’à vingt heures nous sortons sur le pas de la porte dans la rue pour applaudir les soignants. Cela permet de nous faire signe entre voisins.” 
 

Michel Dubois


Michel Dubois. Pour Michel Dubois, ancien sérigraphe qui a tenu depuis plus de quinze ans La Galerie Le Garage ouverte aux grands noms de la figuration narrative et à de jeunes artistes orléanais, espace qui a fermé ses portes mais qui donnera  dans l’avenir, dans sa salle blanche , un hommage au peintre  Jacques Dauphin récemment disparu: ” C’est dramatique, il y a un manque flagrant de galeries à Orléans.  Il fut un temps où de nombreuses espaces célébraient un vivier d’artistes, la galerie Madeleine Fraquet, La Chèvre qui danse, La galerie des Albanais, la galerie Gil Bastide. Restent aujourd’hui la galerie L’Art Ancien et le Pays où le ciel est toujours bleu.
Il faut avoir le moral. Tous les artistes vivent  déjà confinés  mais il ne faudrait pas que cela soit ad vitam æternam. Bien entendu il y a des dérives et l’on peut acquérir des œuvres sur les réseaux sociaux même si ce n’est toutefois pas la meilleure façon d’apprécier un tableau. Avant, c’était déjà un peu compliqué mais aujourd’hui on continue de se battre pour qu’il y ait des lieux qui ouvrent.”
 

Daniel Gélis


Daniel Gélis. “Pour moi ce confinement est quelque chose de très ambivalent. Je connais cela depuis des années dans l’atelier où j’y entre le matin pour en sortir le soir. Lorsque je sors en ville, je prends les précautions d’usage. Mais ce qui m’inquiète le plus , en France,  c’est que les  Arts plastiques sont les parents pauvres.  Depuis des années, dans les galeries, tout était déjà fermé et nous sommes bien entendu le même bateau avec elles. Pourtant, je trouve  que l’art est très important dans notre société. Par ailleurs, on ne compte plus le nombre d’artistes qui font un second boulot pour assumer leur art. J’étais invité au mois de mars au salon de Saint-Victor au sud de Bourges.
Par ailleurs, le salon de Vittel est annulé et reporté à l’an prochain,  tous les reportage prévus pour les revues d’art sont aussi sont annulés. 
Je pense que cette année est une année blanche,  que l’on est parti pour ne rien vendre du tout et je ne peux que penser aussi aux confrères. A Lunéville,  je serai normalement invité d’honneur fin septembre début octobre mais j’attends toutefois la confirmation. Par ailleurs,  je devais participer au Salon de Saint-Brisson mais je suis aussi dans l’expectative. Là, nous ne sommes pressés par rien et cette notion de temps m’interroge. Je ne sais trop pourquoi mais en ce moment, lorsque je travaille,  je redécouvre la musique de Sibelius.”
 
Jean-Dominique Burtin
 
A suivre…

 

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