Ce mardi, le premier ministre a annoncé le plan de déconfinement du gouvernement devant un hémicycle confiné donc clairsemé. Invités à se prononcer sur la stratégie proposée, les députés ont été priés de donner leur avis par un vote simplement consultatif. Auparavant tous les groupes parlementaires ont été invités à donner leurs observations du haut de la tribune. Les critiques ont fusé et elles n’ont été rien à côté de celles qui se sont déversées ensuite dans le média puis sur les réseaux sociaux.
Edouard Philippe (capture d’écran) © SD
Y aura-t-il 10 ou 15 élèves par classes ? Et dans les transports comment sera-t-on ? Les masques, combien, où les trouver ? En France, peut-être plus que dans d’autres démocraties, le moindre détail administratif, surtout s’il a été plus ou moins bien annoncé, remonte telle une fusée super sonique jusqu’aux oreilles et aux yeux des gouvernants, mettant le pouvoir à nu. C’est un fait nouveau qui n’a cessé de monter en puissance au cours de ces dix dernières années. La pandémie l’a mis en lumière nous forçant à nous interroger : Face aux menaces qui sont de plus en plus globales comme le covid 19 l’Etat impose des règles extrêmement strictes. Le corps social leur présente des réactions instinctives à l’échelle locale ou nationale. L’Etat garant de la sécurité et de la santé publiques, parfois avec maladresse, s’est fortement mobilisé alors que la nation est restée dans son rôle social traditionnel, obéissante mais râleuse.
Un Etat fort mais incertain
On ne peut donc pas parler de crise de l’Etat régalien, mais d’un Etat qui, à travers la parole d’Edouard Philippe et le rôle enfin réservé aux élus locaux, a reconnu ses erreurs et ses égarements. C’est nouveau et pas vraiment dans notre culture : L’Etat s’est montré fortement régalien mais incertain parce que pas plus que les oracles médiatiques il ne savait pas. Les différents secteurs du déconfinement sont liés à des décisions et à des prises de position locales. Cela n’enlève rien au besoin d’une coordination nationale et internationale. Le corps social ne parvient pas toujours à percevoir et à accepter ces articulations et la politique n’est pas une science exacte mais l’art d’être juste au bon moment dans des circonstances données.
Notre Etat régalien est fort mais sans cesse soumis à la critique. A la place de la manière traditionnelle de rendre des comptes dans les urnes pour la politique, on a vu apparaître, en particulier depuis les gilets jaunes un nouveau mode de revendication sociales dispersées avec appel à la justice. Le Covid 19 a enfoncé le clou. Va-t-il falloir revoir notre contrat social ?
Françoise Cariès