Sophie Deschamps © GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres.
Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !
#restezchezvous
J’aborde aujourd’hui un sujet délicat, celui du deuil. Une question cruellement d’actualité avec près de 23 000 décès en France. Et encore, les autorités sanitaires ne comptabilisent pas les personnes décédées chez elles, qui seraient selon certaines sources plus de 9 000. De plus, il ne faut pas oublier celles qui meurent pour d’autres raisons.
D’où l’intérêt de mettre un coup de projecteur sur l’association “mieux traverser le deuil ” qui vient de créer une plateforme d’écoute nationale pour « aider les Français endeuillés ». Une initiative approuvée par 100 associations dont Jalmalv, jusqu’à la mort accompagner la vie. Jointe au téléphone, Eliane Martin Villepou, écoutante des personnes endeuillées chez Jalmalv Orléans nous en dit plus.
SD : Eliane Martin-Villepou, avant de parler de cette plateforme, dites-nous comment le confinement modifie votre façon d’accompagner les personnes endeuillées chez Jalmalv Orléans ?
Eliane Martin Villepou © DR
EMV : Curieusement, nous n’avons pas plus d’appels actuellement. Nous en aurons peut-être plus après le déconfinement, car les personnes frappées par le décès d’un proche ressentent parfois un tel choc, qu’elles nous appellent seulement plusieurs mois après l’événement. Bien sûr, nous ne pouvons plus assurer actuellement de rendez-vous physiques, individualisés et gratuits dans nos locaux orléanais (1, bis rue Henry Roy, près du cinéma Les Carmes) ni animer notre groupe d’entraide, une fois par mois. D’où l’importance de notre ligne deuil (06 11 40 56 23) avec un suivi assuré par quatre personnes de notre groupe loirétain. Des bénévoles, certes, mais formées à l’écoute des personnes endeuillées et supervisées régulièrement par un thérapeute. Des personnes qui peuvent nous appeler aussi souvent et aussi longtemps qu’elles le souhaitent et qu’elles en ont besoin.
SD : Quel rôle entend jouer Jalmalv dans cette plate-forme ?
EMV : Nous avons répondu à un appel national de Jalmalv avec à ce jour 800 écoutants de toute la France, mobilisés pour faire vivre cette plate-forme d’écoute digitale, entièrement gratuite.(dont la première version a été coordonnée en 2019 par le psychiatre Christophe Fauré). En effet, en cette période de confinement c’est la double peine pour les personnes qui perdent un proche. Car en plus du chagrin, il y a l’impossibilité de lui dire au revoir, voire pire de se rendre à ses obsèques.
L’autre avantage de cette plate-forme digitale est qu’elle va permettre la retransmission gratuite et en direct de la cérémonie des obsèques avec la possibilité de transmettre des messages ou des témoignages qui seront lus sur place. L’objectif est bien sûr de sortir les personnes de leur isolement face au drame de la mort d’un proche et de combler le mieux possible cette absence de pratiques de rituels communs comme le fait de se prendre dans les bras pour se réconforter et de réunir ensuite pour un repas de famille.
SD : L’accompagnement des enfants est-il aussi pris en compte ?
EMV : Oui, bien sûr, car pendant l’épidémie, des enfants continuent de perdre malheureusement un frère, une sœur, un parent ou un grand-parent. Notre fédération Jalmalv a d’ailleurs créé un espace dédié aux enfants et aux adolescents.
Affiche film “Et je choisis de vivre ” ©DR
Ajoutons que le site ” mieux traverser le deuil “a été créé suite au film Et je choisis de vivre. Un long métrage qui raconte le douloureux parcours de la mort d’un enfant et rappelle qu’il n’y a pas de mot pour décrire cette perte-là. Avec des critiques très positives comme celle de Télérama : C’est « un film lumineux qui parvient à mettre des mots sur le deuil et entrevoir la possibilité d’un nouvel élan de vie. »
A demain.