Journal d’un confinement#35 C’était comment déjà la vie avant le virus ?

Sophie Deschamps © GP

Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,

Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres. 

Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !

#restezchezvous

Bien sûr, le confinement ne nous a pas fait totalement oublier encore notre vie d’avant. Mais il faut toutefois faire un petit effort d’imagination pour se rappeler de ces gestes et attitudes du quotidien auxquels nous ne faisions parfois même plus attention, tous ces petits riens que nous avons pourtant hâte de retrouver aujourd’hui.                                                                                                

Caissier confiné dans un supermarché d’Orléans ©SD

Par exemple, même si nous n’avons pas perdu le droit de faire nos courses, personnellement, je fais aujourd’hui plus attention aux détails. Et cela commence dès le premier pas dans la rue. Je suis heureuse que mon regard puisse plonger jusqu’au bout de la rue, sans buter sur la fenêtre du voisin d’en face. Je savoure le plaisir de pouvoir observer le réveil de la nature et d’entendre le chant des oiseaux, qui n’est plus couvert par celui des voitures. Au supermarché, en regardant certains rayons à moitié vides, je prends conscience que les étalages ne se remplissent pas par magie et qu’avant de pouvoir mettre ma botte de radis dans mon caddie, il y faut les efforts conjugués du paysan, du transporteur, du vendeur et enfin du caissier.

Et puis, il y a tout ce que nous ne pouvons plus faire, le plus dommageable selon moi étant d’être privés de la présence physique de nos aînés, enfants et petits-enfants, de nos amis et de nos collègues. De ne plus pouvoir les embrasser, les câliner ou même se serrer la main. Du coup on se fait des tonnes de bisous à distance mais bien sûr ce n’est pas pareil.

Mais il y a aussi ce que le confinement nous permet de redécouvrir, notamment la solidarité. Nous applaudissements tous les soirs à 20 heures pour les soignants mais aussi pour tous ces travailleurs de l’ombre. (voir journal d’un confinement# 5), prendre le temps de tailler une bavette depuis sa porte avec le voisin confiné tout seul, dans son petit logement du 2e, en face. Prendre du temps pour soi et lire enfin ce gros pavé qui nous effrayait un peu, relire de vieilles lettres, finir un tricot qui somnole dans un panier, colorier des mandalas, changer cette ampoule et réparer ce robinet qui fuit depuis des semaines, se mettre au yoga et/ou à la méditation ou tout simplement rire et chanter.

Coucher de soleil ©SD

Cet été, si nous allons au bord de mer, nous serons plus attentifs à la beauté des vagues, aux couchers de soleil grandioses et nous oublierons de râler après le sable qui brûle et colle aux sandales parce que ce n’est pas grave. À la campagne, nous apprécierons les odeurs de foin coupé et des bouses de vache, tout en caressant l’écorce des arbres. Et à la montagne, nous crapahuterons sans nous plaindre de la chaleur et apprécierons avec reconnaissance les paysages magnifiques des sommets.

 

Enfin, il y a tout ce que nous n’allons pas pouvoir refaire de sitôt : refaire le monde à la terrasse d’un café ou d’un restaurant, pousser la porte d’une librairie et embrasser d’un regard gourmand les livres sur les étagères et les tables, tout en prenant le temps de se laisser séduire par un auteur ou la photo d’une couverture, aller au cinéma l’après-midi avec son chéri ou une copine dans une salle presque vide et d’avoir l’impression d’assister à une projection privée, sans le voisin de derrière qui pioche dans son cornet de pop-corn. Ou au contraire, se mêler à la foule des mélomanes durant un concert de jazz au jardin de l’évêché et se faire bronzer sur les transats rayés qui donne à l’espace un petit air de plage. En un mot, la culture qui relie les gens et qui est en cela un bien essentiel, ce qu’ils ne comprennent pas forcément là-haut.

Petit bonus, vous pouvez aussi (ré)écouter la chanson de François Morel C’était comment déjà ? et notamment ce couplet :  

C’était comment déjà ?

Le soleil de l’été
La méditerranée
Le rosé dans les verres
Les deux pieds dans la mer
Le baiser qui tient chaud
Le soleil sur la peau

Le reste de l’album est très bien aussi (Le soir, des lions…) A demain 

Commentaires

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  1. Avant, c’était aussi 10 milliards d’euros de consommation supplémentaire , calcul du ministère du budget le 20-04 indiquant que les français ont “économisé”-(non dépensé) 55 milliards d’euros en 5 semaines..
    A nous de décider si on retourne dans ce système de consommation toxique et mortifère avec ses conséquences bien connues maintenant de désastres écologiques et humains.

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