Nos beaux amours en cage
Jacques Prévert écrivait que les arbres parlent arbre comme les enfants parlent enfant. Il disait aussi qu’au jardin des hommes, à Paris, les jeunes plantes grimpaient le long des grilles pour bien les regarder passer. Ou quelque chose comme ça. Peu importe, puisque “de deux choses lune l’autre c’est le soleil”...
A Orléans, rue d’Escures, derrière les grilles du jardin public aujourd’hui clos, poussent de jolies corolles, telles de petits calices où viennent boire les regards des rares passants. Au loin, dans ce jardin, la sculpture de
Tetsuo Harada, son tendre “Tricot de terre”, plonge ses mailles-racines dans la pelouse avec la belle obstination généreuse d’unir souterrainement tous les peuples de la terre.
La rue ensoleillée est presque déserte, nous poursuivons notre chemin. En repensant toutefois à ces phrases de René Char que cite Jacques Prévert dans “Grand bal du printemps“: “Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus qui au juste l’aime et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas “. Peut-être est-ce un peu de tout cela la solitude du confinement, celle de s’en remettre à tous ces liens qui nous tiennent et nous éprouvent debout. Une belle mémoire, un temps présent, un temps futur, pour ne surtout pas abandonner de vivre de nos sourires.
JDB.
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