Journal d’un confinement #31 Le Medef tombe le masque

 

Sophie Deschamps © GP

Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,

Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres. 

Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !

#restezchezvous

Au moment où nous bouclons notre premier mois de confinement et entamons vaillamment le second, nous mesurons, jour après jour, que notre vie d’après sera différente à bien des égards. Nous sommes aussi nombreux à souhaiter que l’énorme élan de solidarité suscité par la lutte contre la pandémie persiste car ce retour à plus de collectif et à un peu moins d’individualisme nous fait un bien fou, à l’instar de nos applaudissements tous les soirs à 20h, accompagnés à Orléans par les cloches de la cathédrale.

Alors, au milieu de ce concert, les fausses notes du Medef ne pouvaient pas passer inaperçues. Ainsi, Geoffroy Roux de Bézieux, l’actuel patron des patrons depuis 2018, a tenté le 11 avril de faire passer l’idée que les Français devraient travailler « un peu plus » après le confinement, estimant je cite qu’il faudra « bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire ».

Geoffroy Roux de Bézieux, président MEDEF ©DR

Une déclaration à contre-courant de tous ceux qui travaillent déjà actuellement beaucoup plus que d’habitude (les soignants mais pas seulement) et surtout qui sonne comme une punition pour les personnes qui subissent le confinement. De plus, il semble tout à fait choquant de demander aux salariés de travailler plus quand on sait que 8,7 millions d’entre eux sont actuellement en chômage partiel (avec donc une perte de salaire et de cotisations sociales). De plus, le patron du Medef “oublie” totalement ceux qui ont déjà perdus leur emploi comme le montrent les chiffres de Pôle Emploi. ( fin de CDD ou de contrat). Enfin, selon l’Humanité, ses propositions visent à faire payer la facture du coronavirus uniquement aux salariés. 

D’ailleurs les réactions négatives ne sont pas fait attendre de la plupart des syndicats de salariés et des politiques. Même Bruno le Maire, ministre de l’Economie a qualifié la proposition du patron du Medef de « drôle d’idée ». Quant à Emmanuel Macron, il  s’est bien gardé d’y faire la moindre allusion lundi soir. 

Emmanuel Macron, allocution du 13 avril ©SD

En revanche, Geoffroy Roux de Bézieux est beaucoup plus discret sur le versement ou non en 2020 de dividendes aux actionnaires (calculés sur le résultat de 2019 des entreprises) même s’il a reconnu dans le quotidien 20 minutes « qu’il n’est pas illogique qu’une entreprise qui demande le report des charges, et qui est donc confrontée à un problème de trésorerie, ne verse pas de dividendes ». Or, même si des grands groupes du CAC 40 ne vont pas verser de dividendes cette année, (mais ils vont garder leur cash en réserve), on sait déjà que les entreprises qui ne demandent pas d’aides de l’État comme Air Liquide vont distribuer des dividendes en mai prochain, en pleine récession économique.

Certes, face à cette levée de boucliers, Geoffroy Roux de Bézieux a dû rétropédaler le 14 avril : « Une augmentation du temps de travail ne peut se faire que dans le dialogue social avec les syndicats, par entreprise : j’ai lu leur réponse, donc le débat est clos d’une certaine manière, puisqu’ils ont tous répondu plus ou moins fortement qu’il n’en était pas question. »

A contrario, certains parlent même de rétablir l’ISF supprimé par Emmanuel Macron en 2018, à la demande du Medef justement. Sur ce point, le gouvernement ménage la chèvre et le chou en indiquant ne vouloir ni augmenter les impôts ni rétablir cet impôt, l’une des premières mesures emblématiques du quinquennat Macron.

A demain.

 

Commentaires

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  1. Bonjour,
    Il va falloir se mobiliser toutes et tous pour faire abdiquer le patronat (triste 1er mai où, confinement oblige, le défilé ne pourra faire entendre la voix du peuple). Pour toutes les raisons que vous expliquez Sophie Deschamps, il est indécent de la part du MEDEF d’avoir oser faire de telles déclarations.
    Encore une fois, il y a vraiment 2 mondes qui coexistent et ne se comprennent pas.
    Certes, on a vu naître un grand élan de solidarité face au Covid-19 mais surtout de la part des salarié;e.s qui, pour certain.e.s continuent de travailler dans des conditions difficiles et des bénévoles (dont parmi eux des sans emploi et des retraité.e.s). Certaines grosses entreprises se sont mobilisées ( LVMH pour la fabrication de gel hydroalcoolique par exemple) mais cela reste marginal.
    Les actionnaires n’attendent qu’une chose, la relance (grâce aux ouvriers qui sont priés de mettre les bouchées doublent et aux consommateurs), pour toucher plus tard leurs dividendes qui sont bien gardées au chaud !
    Il faut de toute urgence rétablir l’ISF et veiller à la fuite des capitaux…
    Cordialement.

  2. Belle synthèse, courte et efficace qui permet de sonder un peu l’air du temps…

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