Sophie Deschamps © GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres.
Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !
#restezchezvous
Pour sa quatrième allocution présidentielle, Emmanuel Macron a changé de ton et d’attitude ce lundi 13 avril à 20 h 02 devant 36,7 millions de téléspectateurs. Un record d’audience absolu.
Alors que faut-il retenir de son discours, en dehors de la prolongation du confinement jusqu’au 11 mai ? Tout d’abord, fini le ton martial et moins de vocabulaire militaire, même si le terme « économie de guerre » reste d’actualité. Plus d’empathie également. Je dirais que notre Président de la République a essayé de se mettre dans la peau d’un Français lambda avec un nous rassembleur : « Nous ressentons tous en ce moment, la peur, l’angoisse, pour nos parents, pour nous-mêmes, face à ce virus redoutable, invisible, imprévisible. » Mieux, il a voulu donner l’impression de s’adresser à chacun-e d’entre nous, en pointant les différences de situation qui rendent le confinement plus ou moins facile à vivre sans oublier « la solitude et la tristesse de nos aînés ».
Emmanuel Macron, allocution du 13 avril 2020 ©SD
Il a pointé ensuite les réussites du confinement « grâce à nos efforts, chaque jour, nous avons progressé » saluant la première ligne des soignants : « Les hôpitaux français ont réussi à soigner tous ceux qui s’y présentaient » , sans oublier la deuxième ligne de tous ceux qui ont permis au pays de ne pas s’arrêter : « Nos agriculteurs, enseignants, chauffeurs routiers, livreurs, caissiers, manutentionnaires, éboueurs, fonctionnaires, journalistes, travailleurs sociaux, maires, élus locaux, et j’en oublie, aidés par tant de Français, qui se sont engagés, tous ont permis à la vie de continuer (…) et je veux ce soir vous remercier chaleureusement pour votre dévouement et vous dire toute ma reconnaissance » loin, très loin de l’arrogante formule « des premiers de cordée » et du fameux « ruissellement ».
Certains journalistes avaient annoncé un discours aux accents churchilliens avec « du sang et des larmes ». Emmanuel Macron a préféré se référer au premier article de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dont nous connaissons tous le début : « Les hommes naissent libres et égaux en droits » mais peu la suite, « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Une citation qui peut faire espérer à de nombreuses professions sous-payées actuellement d’être revalorisées après la pandémie, infirmier-e-s, aide-soignant-e-s, éboueurs, livreurs, caissier-e-s, et tant d’autres.
Emmanuel Macron, allocution du 13 avril 2020
©SD
Des efforts qui portent leurs fruits : « Depuis quelques jours, les entrées en réanimation diminuent, l’espoir renaît, tout en reconnaissant, un manque de préparation à cette crise, allant jusqu’au mea culpa, le moment, soyons honnêtes a révélé des failles, des insuffisances.(..) comme vous j’ai vu des ratés, des lenteurs, des faiblesses aussi de notre logistique, nous en tirerons toutes les conséquences, en temps voulu, quand il s’agira de nous réorganiser » mais sans aller toutefois jusqu’à s’excuser pour le cafouillage, voire le mensonge sur l’utilité ou non de porter un masque dans la rue. Des masques reconnus comme essentiels aujourd’hui : « Les commandes sont désormais passées mais surtout dans trois semaines, nous aurons multiplié par cinq notre capacité de production de masques pour nos soignants et nous aurons produits dix mille respirateurs supplémentaires. Par ailleurs, un masque grand public sera disponible pour chaque Français dès le 11 mai, mais aussi, chaque personne avec des symptômes pourra être testée après le 11 mai. »
Une date justifiée par le président à la 7e minute de son allocution avec le constat que « le système [hospitalier] est sous tension et que l’épidémie n’est pas maîtrisée (…) c’est pourquoi le confinement le plus strict doit encore se poursuivre jusqu’au lundi 11 mai, le seul moyen d’agir efficacement, ajoutant toutefois aussitôt que, ce lundi 11 mai ne sera possible que si nous sommes civiques, responsables et si nous respectons les règles ». Une date qui, en revanche, ne concerne pas les personnes âgées qui, elles, devront rester confinées avec toutefois la possibilité pour les familles de rendre visite à celles qui sont en fin de vie.
Ecole ©DR
Le 11 mai, c’est aussi la date retenue pour « la réouverture progressive des crèches, écoles, collèges, lycées mais pas avant l’été », pour les universités. Idem pour les cafés, restaurants, hôtels, cinémas, théâtres, musées, qui resteront fermés jusqu’à la mi-juillet, une date valable aussi pour les festivals et les événements sportifs.
Parmi les autres annonces citons « une aide exceptionnelle pour les familles modestes avec des enfants et pour les étudiants ». Pour soutenir l’économie et éviter les faillites « une aide accrue aux entreprises, des démarches administratives facilitées. Par ailleurs, les frontières de la France avec les pays non-européens resteront fermées jusqu’à nouvel ordre ».
Voilà, la feuille de route est donnée. Aux ministres à présent, notamment ceux de la Santé, de l’Économie et de l’Éducation nationale, d’en donner les détails pour les semaines à venir et surtout pour l’après-confinement. Une situation qui sera inédite également et pourquoi pas propice au changement : « Nous devons sortir des idéologies et nous réinventer, moi le premier », a assuré Emmanuel Macron. Dont acte.
A demain