Voyage d’un jour: Barbizon

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Article publié le 16 avril 2015 dans la rubrique “Escapade”

> Barbizon, village des Porsches et des peintres !

Disons le, Barbizon n’a rien de pittoresque, le village s’étire sur une longue rue principale comme un village de western où les saloons auraient été remplacés par des galeries d’art, pour finir par se perdre dans le décor lunaire de la forêt de Fontainebleau. Devenu gros bourg ceint de propriétés bourgeoises et prétentieuses, Barbizon ne possède même pas une de ces charmantes églises romanes des villages alentour, une ancienne grange en fait office… non, ce qui fait la fortune de Barbizon, c’est bien sûr les peintres qui s’y retrouvèrent dès 1830 à la recherche de paysages ruraux  proches de Paris.

Autant dire qu’il ne reste pas grand chose du village de bûcherons qui attira les premiers peintres à la recherche d’authentique à Barbizon, à l’exception d’une partie de l’auberge Canne qui accueillit la plupart des peintres qui passèrent dans le village, et s’ils furent nombreux et animés par la même recherche de nouveaux sujets, il n’y a pas à proprement parler d’école de Barbizon, mais plutôt l’envie commune de ces peintres de “prendre l’air”, de “peindre d’après motif”.

Alors pourquoi visiter Barbizon ?

D’abord pour la visite de l’auberge Canne, certes très restaurée, mais où l’on peut encore admirer quelques peintures pariétales réalisées, comme nos ancêtres des cavernes, directement sur les murs de l’auberge par des peintres de passage, avec aussi ces meubles décorés de nombreuses peintures spontanées et souvent anonymes, témoignage encore vivant de la recherche picturale de cette “école”. Ces peintures décoratives, comme les autres toiles exposées, constituent évidemment un magnifique témoignage sur le paysage rural du XIXième siècle et la vie champêtre de l’époque. C’est surtout le début d’une peinture plus sociale, qui sort des ateliers académiques pour se frotter à la dureté de la vie, on oublie souvent que l’impressionnisme a aussi son origine dans ce retour au réel qui changea le regard du peintre, avant de modifier sa technique de représentation, à la croisée des chemins entre recherche d’un réalisme social et recherche de nouvelles formes.

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Raymond Brascassat (1804-1867) Scène champêtre près d’un puits

Et puis il y a la Maison Millet …

Et le trésor est là, dans cette modeste maison-atelier du peintre Jean François Millet, celui qui peignit le fameux Angelus des calendriers des PTT de notre enfance… Mais surtout ne pas limiter ce peintre à cette fausse naïveté rurale, car derrière Millet se tient Van Gogh: certes, vous ne verrez pas de toile du plus célèbre des impressionnistes et pourtant tout Van Gogh est là !

Une exposition du Musée d’Orsay en 1998, avait judicieusement mis en exergue ce qui est, plus qu’une influence, une véritable filiation dans les thèmes picturaux entre les deux peintres. Mais Van Gogh ne copie pas son ainé Millet, il communie avec lui dans l’image biblique de la condition paysanne “Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front”.
Alors, explorer cette petite collection de peintures, esquisses, photographies et souvenirs divers réunie là, dans l’atelier où Millet peignit l’essentiel de son œuvre, prend tout son sens, comme une archéologie picturale et mentale de ce qui traversera inconsciemment  l’impressionnisme.

 “En observant avec toute la religion de son cœur, on finit par songer  à la vie de l’immensité. On ne copie pas ce qu’on voit avec la précision mathématique, mais on sent et on traduit le monde réel dont toutes les fatalités vous enlacent.”              
Théodore Rousseau

 Et pour finir

 Il vous restera le loisir de flâner à la découverte de  la dizaine de galeries d’art installées le long de la rue principale, et si, bien sûr, vous ne retrouvez pas l’émotion de l’atelier de Millet, ce “marché” de l’art peut réserver quelques bonnes surprises d’artistes contemporains, connus ou inconnus.

Quant à la restauration, elle est à l’image nouveau riche de la ville: peut-être bonne mais certainement chère, pour ma part je me suis  limité à un café au modeste prix de 2,20 € , on préférera donc déjeuner à Milly la Forêt à quelques kilomètres de Barbizon.

Gérard Poitou

Barbizon GPS 48° 26′ 48″ N 2° 36′ 20″ E

Musée départemental des Peintres de Barbizon
Il est composé à la fois de l’auberge Ganne où logeaient de nombreux artistes et de la maison- atelier Théodore Rousseau dans laquelle ce célèbre paysagiste a vécu et travaillé.
92 Grande rue – 77630 Barbizon  01 60 66 22 27
musee-peintres-barbizon.fr
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30 En juillet et en août : de 10h à 12h30 et de 14h à 18h Le musée est fermé le 1er mai et du 24 décembre.

Maison Atelier Jean François Millet
Ce musée vous ouvre les portes de l’atelier de Jean-François Millet, grand peintre français du XIXe siècle. Il fait également office de galerie pour les peintres locaux. Il convient aux amateurs, aux flâneurs, aux touristes et à tous ceux qui veulent respirer un parfum d’histoire.
27 Grand Rue – 77630 Barbizon  01 60 66 21 55
 www.atelier-millet.fr

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