Le Covid 19: on nous cache tout, on ne nous dit rien !

L’Insee vient de publier une macabre statistique relevant le nombre de morts en France pour le mois de mars 2020, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les chiffres livrés par cet organisme ne manquent pas d’étonner le confiné que je suis:

Au niveau national, le nombre de décès totaux enregistrés à la date du 2 avril 2020 et survenus entre le 1er et le 23 mars 2020 est dorénavant supérieur à celui enregistré sur la même période en 2019 : 40.684 décès ont été enregistrés en 2020, dont 39.707 pour la France hors Bouches-du-Rhône contre 39.141 en 2019 en France hors Bouches-du-Rhône. Ce nombre reste néanmoins encore inférieur aux décès enregistrés sur la même période en 2018 (44.443 décès en France hors Bouches-du-Rhône), année où la grippe saisonnière était encore virulente au mois de mars.
https://www.insee.fr/fr/information/4470857

Autrement dit, il y a bien eu 4.000 décès en moins en mars 2020 comparé à mars 2018 ! Y-a-t-il eu un article de presse à l’époque pour signaler ce pic épidémique de la grippe saisonnière ? A-t-on vu une mobilisation nationale, des hôpitaux débordés, et tout ce que ce Covid 19 a mis en branle dans cette lutte à l’échelle de la planète ? Quelques complotistes de service ne manqueront pas, sans doute, de voir dans ce chiffre la preuve irréfutable d’une grande manipulation avec, comme d’habitude, des responsables-coupables au gré de leur humeur et de leurs fantasmes…

Mais alors comment penser la “crise” du Covid 19 ? Au vu de ces chiffres, que pouvons nous essayer de poser comme prémices d’analyse dans cette cacophonie médiatique plus propice à entretenir l’angoisse qu’à la réflexion sur le fonctionnement de nos sociétés ?

Tout d’abord nos sociétés hyper organisées ont peur de l’inconnu, elle sot allergiques à l’incertitude: la science et les progrès extraordinaires réalisés dans le monde du vivant sont d’abord là pour nous proposer des réponses à chaque défi qui survient dans notre histoire collective. Ainsi pour le réchauffement climatique, on sait ce qui nous pend au nez, même si nous mesurons mal les conséquences à venir de notre inertie. Avec le Covid 19: rien de précis, une propagation encore mal comprise, peu ou pas de remèdes, pas de vaccin et donc une contamination sans limite connue si on laisse le virus prospérer. Des morts par centaine de milliers avec l’obligation inacceptable de trier les patients compte tenu des limites de nos systèmes de santé…

Pourtant les épidémies ne sont pas nouvelles dans l’histoire de l’humanité et semblent se manifester, à raison, curieusement d’environ une  par siècle, comme pour ranimer la peur de chaque génération… La dernière  date justement d’un siècle avec la mal nommée “grippe espagnole”* dont le nombre de victimes (entre 20 et 50 millions à l’échelle de la planète) hante notre anticipation d’un Covid 19 sans contrôle. Mais cette pandémie révèle un changement fondamental dans notre rapport à la maladie: la grippe espagnole était une fatalité, divine pour beaucoup, qui frappait au hasard souvent les plus démunis, et la médecine, malgré ses progrès, restait sans réponse devant ce fléau mortifère.  La fatalité n’a plus cours dans nos sociétés, la médecine ne peut rester sans réponse, et surtout la santé est devenue un enjeu social. L'”assurance santé” a une obligation de résultat, elle nous impose un contrôle social de plus en plus rigoureux sur nos comportements, dépendances et addictions, et en contre partie nous exigeons d’elle de nous assurer un “capital santé”. Et comme cette assurance santé est gérée (moins dans les pays anglo-saxons qui restent d’une certaine façon proches de l’ancienne “fatalité”) par le politique, les responsables politiques deviennent directement comptables de nos morts victimes de la pandémie. Aucune voix, aucun homme politique aucun journaliste n’accusa pourtant Clémenceau, le père de la victoire, de la moindre responsabilité dans la défaite face à la grippe…

Si je ne crois pas au grand soir d’une société nouvelle du déconfinement, pas de doute que notre rapport à la santé publique comme responsabilité collective mondiale,  va devoir être totalement repensé, bien au delà d’une nécessaire augmentation des moyens de l’hôpital et de la modification des comportements individuels. Dans une analogie évidente avec le réchauffement climatique, le savoir médical va devoir se traduire en décisions collectives de politique de santé, et si ce long confinement atteint ce résultat, nous n’aurons pas totalement perdu notre temps…

GP

*La grippe dite “espagnole” est en fait un virus venu de Chine (déjà) et qui après avoir transité par les Etats Unis est arrivé en Europe dans les bagages de nos libérateurs américains. L’Espagne seul pays non belligérant, publia des statistiques de l’épidémie, considérées comme secret défense par les autres pays en guerre, et se trouva ainsi affublée du nom de cette pandémie planétaire.

Commentaires

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  1. Pas de grand soir, mais tout de même une crise boursière en suspens, tel un soubresaut. Les écologistes regagneront quelques points… d’ailleurs René Dumont, n’avait il pas eu raison d’écrire l’Afrique noire est mal partie. L’analyse est intéressant sur la narration dans nos pays, il ne faut pas pour autant négliger l’Afrique, l’Inde et Les autres

  2. Belle analyse qu’il faudrait sûrement développer plus amplement (décisions collectives de politiques de santé)
    J’émettrais aussi des réserves sur le titre (pourquoi ce titre?) et sur le début du papier.
    Comparer le nombre total de morts en 2020 – 2019 – 2018 en s’appuyant sur les statistiques de l’INSEE n’apporte pas vraiment d’information pertinente sur les décès covid 19 ni sur ceux de la grippe 2018.

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