Loir-et-Cher : « La crise sanitaire nous fait toucher la limite du système »

La crise sanitaire a un impact important sur l’activité économique. Si les commerces non alimentaires ou les hôtels-restaurants ont fermé, c’est aussi le cas de nombres d’entreprises confrontées au manque de personnels, aux ruptures d’approvisionnement, au fléchissement de leur carnet de commandes ou à l’absence de moyens de protection pour assurer la sécurité de leurs salariés. Magcentre fait le point avec Paul Seignolle, président du MEDEF41.

Paul Seignolle ©Jean-Luc Vezon

Magcentre : Quelle est la situation de l’économie loir-et-chérienne ?

Paul Seignolle : Je fais le point chaque jour avec les représentants des branches professionnelles adhérentes au Medef 41 et les remontées du terrain sont inquiétantes. L’économie du Loir-et-Cher tourne au ralenti comme l’a signalé l’INSEE dans son point conjoncturel du 26 mars qui estime à 35 % la perte d’activité économique par rapport à une situation « normale ». Beaucoup d’entreprises ont pris la décision de fermer suite aux demandes du gouvernement. C’est le cas dans le BTP où de nombreux chantiers de travaux publics sont à l’arrêt. Mais avec la mise en place d’un protocole sanitaire par la FNB au niveau national, certains devraient reprendre.

 MC : Comment votre organisation fait-elle face à la crise ?

P.S. : Les salariés sont en télétravail comme un tiers des actifs en France mais restent en contact permanent avec nos adhérents. Nous leur faisons passer un flash info tous les matins. C’est par exemple le cas concernant les 26 ordonnances de soutien aux entreprises prises par le gouvernement le 25 mars dernier dont nous avons présenté la synthèse. Pour ma part, je suis en contact permanent avec le Préfet, l’UT de la Direccte et tous les acteurs comme la CCI41 ou l’Urssaf. Je viens par exemple de faire remonter la situation urgente et délicate des ambulanciers confrontés à l’absence de moyens de protections (masques, gants…) alors qu’ils doivent manipuler des personnes dépendantes ou en fauteuil. La santé des salariés passe en premier.

©Jean-Luc Vezon

MC : Justement sur les ordonnances, que pensez-vous de la possibilité donnée aux entreprises de déroger temporairement aux règles relatives à la durée du travail pour faire face à un surcroît de demandes ?

P.S. : Les mesures prises par le gouvernement pour notre économie vont dans le sens de l’intérêt général. La situation exceptionnelle impose des mesures exceptionnelles. Chacun doit faire des efforts pour relever notre économie. Il faut être solidaire. Le gouvernement a mis des moyens considérables (45 Md € d’aides immédiates, garanties de prêts bancaires à hauteur de 300 Md €, fonds de solidarité pour les professions libérales, indépendants et micro-entrepreneurs) pour gagner « la guerre économique ». (1)

 MC : Quel message voulez-vous faire passer ?

P.S. : Les entreprises ne doivent pas s’arrêter. Il faut continuer à vendre, produire, transporter, livrer…, en utilisant tous les outils à disposition en particulier numériques. Et surtout en protégeant la santé des salariés, 1ère des responsabilités des employeurs. Mais l’État doit nous aussi donner les moyens. J’en profite pour saluer le travail accompli par ses services en Loir-et-Cher qui savent faire preuve d’écoute, de proximité et de réactivité.

MC : Comment voyez-vous l’avenir ?

P.S. : Nous sommes tous très inquiets. C’est une crise sévère, qu’on ne connaît pas. Mais comme l’a dit Geoffroy Roux de Bézieux, le président national du Medef, les États ont réagi très vite pour amener des moyens et permettre aux entrepreneurs de passer cette période le moins difficilement possible. Pour ma part, je reste optimiste et j’espère que l’activité reprendra significativement, dans quelques semaines. Nous devrons aussi nous poser la question de savoir quel type de société nous souhaitons collectivement.

J’espère que la crise nous fera prendre conscience de la nécessaire relocalisation de nos productions. Nous pourrons ainsi réindustrialiser notre pays pour le rendre moins dépendant et plus compétitif. D’une certaine façon, nous avons touché la limite du système. Pour moi, il est clair que le profit n’est pas la priorité mais bien la santé des salariés.

(1)Les régions apportent également leur concours. C’est le cas par exemple de la région CVL  qui finance des prêts Cap rebond pour les PME en difficulté  et un fonds de prévention des entreprises en difficulté. www.devup-centrevaldeloire.fr N° vert de la région : 09 69 370 240 www.medef41.fr/fr/

 Propos recueilli par Jean-Luc Vezon

Maintenir la production, une question de survie

La crise sanitaire en cours a déjà engendré une dépression économique. L’INSEE dans son point conjoncturel du 26 mars estime ainsi à 35 % la perte d’activité économique par rapport à une situation « normale ». Particulièrement touchées, l’industrie (- 52 %) et la construction (- 89 %).

Mais, c’est bien toute l’organisation de la production et des services qui est perturbée. Comptablement, un confinement d’un mois aurait ainsi un impact de l’ordre d’une douzaine de points de PIB trimestriel en moins (soit 3 points de PIB annuel). La France entrerait donc en récession en 2020. Celle-ci pourrait mettre être supérieure à 2 – 3 % si la crise se prolongeait en mai.

Les premières informations disponibles sur la situation des salariés font, pour leur part, état d’un tiers environ en activité sur leur lieu habituel de travail, un tiers en télétravail et le dernier tiers en chômage partiel. « Dans ce contexte, il est vital que nos entreprises puissent continuer à produire faute de quoi la crise aura des conséquences sociales très lourdes », insiste Paul Seignolle.

Commentaires

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  1. “Pour moi, il est clair que le profit n’est pas la priorité mais bien la santé des salariés.”. Nous saurons nous en souvenir, faites-nous confiance…

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