Les électeurs ont boudé les urnes en perturbant la lecture politique des résultats de ce premier tour. Des surprises sont cependant au rendez-vous à Gien où le maire est battu, à Fleury où la maire sortante est en difficulté ou à Orléans où Serge Grouard décroche une première place solide. De nombreuses incertitudes pèsent sur le scrutin de dimanche prochain avec de nombreuses triangulaires et plusieurs quadrangulaires possibles. Mais y aura-t-il un second tour ?
On craignait que le coronavirus terrasse la démocratie ! A l’issue de ce premier tour des élections municipales certains n’hésitent pas à valider cette crainte et à parler de tremblement de terre. Certes la participation des électeurs aux municipales était plutôt sur une courbe déclinante depuis le scrutin de 2014, mais cette fois l’alerte est sonnée. Ainsi à Orléans pour ce 15 mars le taux de participation atteint 35,95% contre 53,85% en 2014 soit un recul de 18 points. Quel poids alors accorder à ces élections évidemment troublées, perturbées par l’irruption du virus, par la mobilisation contre les retraites ou par le mouvement des gilets jaunes ? Quelle légitimité aussi accorder aux élus du 1er tour dont certains ne manqueront pas de les qualifier de « mal élus ».
Avec aussi peu de votants personne ne se hasardait à établir des projections. Car une forte abstention pouvait rebattre les cartes avec des résultats incertains pour peu que les seniors, fidèles des urnes et plutôt soutiens de la droite, désertent le vote au contraire des jeunes plus favorables à la gauche ou aux écologistes.
Orléans : Grouard en tête
Il y a quelques semaines encore la plupart des observateurs doutaient de la volonté de Serge Grouard de repartir au combat et surtout des chances de cet élu un peu rapidement classé comme « vieux monde ». L’ancien maire mû par un intense désir de revanche sur son ancien ami Olivier Carré bouscule donc les pronostics même si un sondage sorti mi-février le créditait déjà d’un avantage certain sur le maire sortant. Serge Grouard confirme donc et décroche une jolie première place avec 35,6% devant Olivier Carré (24,1%), Jean Philippe Grand (19,1%), Baptiste Chapuis (12,9%) et Nathalie Kerrien (6,5%). Serge Grouard a manifestement terminé la campagne sur une forte dynamique (plus forte même que celle qui avait été révélée par le sondage de février) au contraire d’Olivier Carré dont la campagne a parfois été qualifiée de « poussive ». Si les résultats de Serge Grouard et d’Olivier Carré étaient attendus le score de Jean-Philippe Grand est jugé plutôt décevant sans avoir bénéficié de la dynamique née après les élections européennes. En fait la véritable surprise vient de la liste « Faire respirer Orléans » conduite par le socialiste Baptiste Chapuis et par la communiste Dominique Tripet. Avec près de 13% la liste PS-PC qui a sans doute quelque peu vampirisé la liste écologiste tout en bénéficiant de l’absence de la France Insoumise, peut donc se maintenir au second tour. Mais dans l’hypothèse d’une quadrangulaire Serge Grouard serait élu dans un fauteuil. Reste l’hypothèse d’une fusion des listes Grand-Chapuis (32%) mais qui serait encore distancée par l’ancien maire. Si Jean-Philippe Grand veut devenir maire il doit encore fusionner avec la liste de Nathalie Kerrien (6,5%) qui malgré un score modeste se retrouve donc en position de faiseur de roi.
L’agglomération d’Orléans stable
Baptiste Chapuis la surprise!
Reste une dernière hypothèse réputée encore farfelue il y a peu et rejetée unaniment hier soir : un « front uni anti-Grouard » Carré-Grand voire Carré-Grand-Chapuis. Il y a quelques jours 8 maires de l’agglomération, socialistes ou dans l’opposition, signaient une déclaration appuyant implicitement Olivier Carré dans sa gestion de la Métropole et redoutant un retour de Serge Grouard.. De nombreuses tractations se sont ouvertes dès hier soir et vont se poursuivre aujourd’hui.
Pour la Métropole Orléanaise le scrutin ne devrait pas apporter de grands bouleversements. A l’exception de Fleury-les-Aubrais la plupart des maires ont été réélus : Vanessa Slimani à Saint-Jean-de-Braye, Matthieu Schlesinger à Olivet, Nicolas Bonneau à La Chapelle où Christophe Chaillou à Saint-Jean-de-la-Ruelle.
Quelques surprises
A Artenay le maire et conseiller départemental Pascal Gudin est battu par David Jacquet. A Beaune la Rolande Claude Renucci maire depuis 1995 est battu par Michel Masson, ancien président de la FNSEA. Le second tour s’il a lieu verra aussi plusieurs quadrangulaires à Montargis où le maire sortant Benoît Digeon ne réalise que 37% mais aussi Briare et surtout Fleury les Aubrais où la liste de gauche conduite par Carole Canette arrive en tête avec 33,8 % et surclasse Marie Agnès Linguet la maire sortante (29,7%). Un accord entre la gauche et la liste de Stéphane Kuzbyt (mais celui-ci a douché les espoirs dès dimanche soir) pourrait signifier un changement de majorité dans la deuxième ville du Loiret. Autre surprise à Gien où le maire sortant Christian Bouleau est mis à bas par Francis Cammal, son ancien premier adjoint. A Pithiviers (le maire sortant n’engrange que 22% des voix) 5 listes sont en capacité de se maintenir dimanche prochain même si des fusions de listes semblent probables.
Second tour ou pas ?
Toutes les hypothèses reposent naturellement sur la tenue d’un second tour, voire sur l’annulation du 1er tour. Benoit Digeon et Constance de Pélichy (réélue maire de La Ferté) ont appelé dès hier soir à l’annulation du second tour, deux élus LR alors que deux de leurs ténors (Gérard Larcher président du Sénat et François Baroin président de l’Association des Maires de France) ont fait fortement pression sur Emmanuel Macron pour maintenir le scrutin municipal.
J.-J.T.