Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, elle crée l’obligation de mise en accessibilité des bâtiments et des transports, au terme de 10 ans. En 2020, 15 ans après, nous sommes allés à la rencontre de Flavien Randrianarisoa, infirme moteur cérébral des 4 membres pour en constater les avancées, au cours d’une traversée des rue orléanaises.
Flavien Randrianarisoa, Place de Gaulle – © Melissa Chenda Ang
Quelques semaines avant le confinement, c’est posé dans le café de la Renaissance, Place du Martroi, au coeur d’Orléans, après une entrée aisée à l’intérieur, que Flavien Randrianarisoa raconte : « dans les années 90, les transports collectifs ou l’aménagement de passages piétons relevaient de l’impossible pour les personnes dans ma situation. Aujourd’hui, il est vrai que les choses ont beaucoup évolué, on s’intéresse à l’exclusion sociale et on ouvre le champ des activités comme le sport. Mais même s’il y a des progrès dans la vie quotidienne, nous sommes face à de réels obstacles car la ville n’est pas pensée pour nous ». Dans un petit itinéraire du centre-ville, il prouve ses dires.
Un parcours dans la cité
Après avoir fini sa boisson, Flavien se dirige Place de Gaulle pour rejoindre la fameuse station de tramway de la ligne A. Il se retrouve d’abord dans l’obligation de contourner l’arrêt. C’est pour lui un passage obligé entre les deux lignes du tram ! Il se fera d’ailleurs klaxonner par le conducteur de tram, empressé de démarrer. Des aménagements auxquels les personnes valides ne pensent pas naturellement. Loin d’être la seule difficulté, l’Orléanais embarque dans le tramway de la ligne B, direction Porte Dunoise. A peine descendu du tram, Flavien est encore dans l’obligation de contourner la station pour accéder au trottoir. Mais avant tout, il désire appuyer sur l’un des problèmes récurrents des parcs : les chicanes anti-accès motorisées. Justement, il y en a une juste à coté de cet arrêt. Journée pluvieuse, c’est avec son bras qu’il s’aide de la barrière, tout humide, afin de se créer un passage. Ce n’est qu’un endroit parmi tant d’autres mais qui « nous fait sentir encore à quel point nous sommes différents des autres » illustre-t-il.
La relative mise en conformité des bâtiments
Passage de Flavien dans la chicane – © Melissa Chenda Ang
La loi de 2005 prévoit la mise aux normes de tous les bâtiments d’ici 2015. Cependant, face aux difficultés à se conformer à la loi, le Parlement a permis à certains bâtiments de repousser l’échéance à un maximum de 9 ans. Dans un soupir de désarroi, l’Orléanais exprime « je mesure que dans les anciens cabinets médicaux se soient difficiles à mettre en place car les bâtiments sont vieux » et il admet tout de même que « dans les commerces orléanais, j’ai pu constater une nette évolution. Les magasins mettent très souvent en place un système de sonnette qui permet de prévenir le commerçant qui peut alors déployer une rampe d’accès ». Il rappelle encore une fois que c’est à relativiser. Citoyen engagé au sein du parti de la France Insoumise, lors d’une réunion se déroulant au premier étage pour les municipales 2020, dans un bar situé rue de Bourgogne, il raconte sa mésaventure « comme il n’y a que des escaliers, mes collèges ont dû me porter dans leurs bras jusqu’en haut, c’est assez déroutant ». Aussi, il rapporte la difficulté qu’il a pour accéder à certains lieux culturels orléanais. Enfin, Flavien réclame surtout des acteurs de la 32ème plus grande commune de France, « d’être beaucoup plus vigilants sur le quotidien des handicapés dans le futur. J’aspire à ce que ça devienne l’une des priorités et qu’on arrête de se limiter à de simples déclarations ! ».
Chenda