Châteauroux : Un exceptionnel cimetière médiéval juif mis à jour

En ce début de mois de mars 2020, l’Inrap a annoncé avoir découvert, à Châteauroux, la plus grande collection de sépultures de ce type en France aujourd’hui connu.

Vue générale du chantier de fouille à l’été 2018. ©Philippe Blanchard/Inrap

Le mystère a été soigneusement préservé. Pendant deux étés, en 2018 et 2019, les équipes de l’Inrap ont conduit un chantier de fouille secret dans le jardin d’un particulier de Châteauroux, situé aux portes du centre-ville, quartier des Marins, à quelques centaines de mètres du château Raoul et de la ville médiévale. Mené sous la direction de Philippe Blanchard, ce chantier a permis de mettre à jour 46 tombes datées entre les XIIe et XIVe siècles et contenant majoritairement des adultes ou des grands adolescents inhumés en cercueil. Un premier article d’analyse a été publié il y a quelques jours et vient confirmer les qualités de ce site. « Cette découverte est exceptionnelle car les cimetières juifs ont pour la plupart disparu en France après leur appropriation par la couronne », expliquent les membres de l’institut.

Les fouilles attestent de l’alignement des tombes. ©Philippe Blanchard/Inrap

L’Inrap a confirmé, dans ces publications, que l’ensemble de ces découvertes récentes, auxquelles s’ajoutent dix tombes d’enfants préalablement retrouvées une cinquantaine de mètres plus loin, représente à l’heure actuelle la plus importante collection issue d’un cimetière juif médiéval en France. Son ampleur avait d’autant plus de quoi surprendre que la ville n’est pas spécialement connue pour avoir abriter une communauté juive à l’époque médiévale, seuls quelques indices éparses – l’ancienne appellation d’une rue du centre-ville connue comme « rue juive » – semblent le confirmer.

Des fouilles en plusieurs étapes

Aucune découverte de stèle funéraire n’atteste pour le moment de l’orientation religieuse de ces sépultures mais un large faisceau de présomptions confirme la supposition initiale. En premier lieu, un plan du XVIIIe indiquait la présence, dans ce secteur de la ville, d’un ancien cimetière de la communauté juive. Sur le site même, la séparation entre adultes et enfants tend également à confirmer l’hypothèse, tout comme la disposition des tombes, qui ne se recoupent pas, ou la position des mains, alignées le long des corps.

La position des corps donne de précieux renseignements aux chercheurs. ©Philippe Blanchard/Inrap

Cette confirmation était tout l’enjeu de ce projet de fouilles. En effet, le site était connu depuis 1997. Sa découverte est survenue à l’occasion de fouilles préventives en vue de la construction d’un immeuble résidentiel, aujourd’hui construit à une cinquantaine de mètres de ce nouveau site. L’équipe de Philippe Blanchard avait alors mis à jour dix tombes d’enfants âgés de 6 mois à 8 ans. D’autres questionnements restaient également en suspens : quelles furent ces dates et la durée d’exploitation et quelle fut la population (âge et sexe) inhumée ?

Ces travaux récents devraient apporter des premières réponses aux interrogations mais commence maintenant un long travail d’analyse des données recueillies. Une partie de la collection a été confiée à un autre centre de recherche pour des études sur l’état sanitaire et les pathologies. De nouvelles fouilles pourraient également être prochainement réalisées dans ce quartier plein d’histoire de Châteauroux.

Morgane Thimel

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