“Pour la sanctification des centenaires prénommées Jeanne“, “Pour l’attribution des César par tirage au sort dans une box à l’office“, etc. Les pétitions aux intitulés les plus étranges circulent sur le web, et, surprise, les plus provocatrices relevées récemment émaneraient d’un duo d’activistes sévissant en région Centre-Val de Loire. Enquête*.
Le premier, Gil Hégry, n’apparait que cagoulé devant sa webcam, quand il l’allume. La seconde, Rose Bonbon, apparemment plus jeune, se réfugie toujours sous sa capuche quand elle échange avec quelques rares internautes. Impossible de savoir s’ils vivent ensemble, voire où ils demeurent. Mais tous deux, sous ces pseudonymes atypiques, semblent bien se connaitre, à force de “troller” les sites de pétitions pour lancer leurs éphémères invectives. Une seule certitude, ils opéreraient en région Centre-Val de Loire, voire même dans le Loiret. Cela méritait que MagCentre tente de les faire parler. Ce qu’ils ont accepté, non sans mal.
Des profils surprenants
Doit-on vraiment les croire ? Gil Hégry, affirme être un geek iconoclaste, cynique et contestataire, à peine quarantenaire, mais tout de même détenteur d’un doctorat de sociologie, excusez du peu. “J’ai toujours voulu contester ce qui existe, par principe, pour réveiller les consciences. Déjà, en maternelle, je planquais les tétines de mes congénères pour les faire crier, refusant l’ordre moral établi qui nous obligeait à être habillé en bleu“. Une vocation qui ne l’a pas quitté, même si ses actions semblent avoir abandonné le domaine réel pour s’épancher plus librement sur un clavier, à l’abri des regards. “Je suis trop beau pour être vrai“, dit-il.
Rose Bonbon, plus juvénile, éternelle étudiante attardée, pas trop pressée “de subir la loi du travail“, avoue tout de go être une sorte de Femen virtuelle. “J’ai vraiment découvert ma vocation quand le mouvement des Femen est venu manifester devant la prison de Saran, en 2016, pour demander la libération de Jacqueline Sauvage. Femen, sauvage, tout à fait moi, me suis-je dit. Et, depuis, je suis une femen virtuelle“. Une revendicatrice affirmée qui avoue “être toujours les seins nus devant l’écran” quand elle lance ses pétitions, mais qui n’allume jamais sa webcam à ce moment là, “pour ne pas perturber le regard des internautes“.
De l’absurde et du cash
Ont-ils le même style ? Pas vraiment, bien qu’à leur manière ils veuillent « défendre des problématiques sociétales en phase avec l’actualité ».
Gil Hégry, fort de son passé universitaire, navigue toujours entre le second et le troisième degré, multipliant les chausse-trappes dans des intitulés souvent abscons. Etes vous “contre l’exploitation des poissons-clowns au cirque de Gavarnie” ? ou “Pour le remplacement du pont Royal par un autobus à impériale conduit par un garde républicain” ? Pas toujours très compréhensibles.
Rose Bonbon, suivant le modèle de ses activistes préférées, ne connait que le 1er degré, même si, affirme-t-elle, “elle refuse toute vulgarité ou connotation sexuelle dans ses propos“, militant ouvertement “Pour le remplacement des lieux de cultes par des lieux de cuites“, ou “Contre l’exploitation des nains dans la fabrication des modèles réduits“.
Tout deux ne semblent donc pas si “bête et méchants” que cela, même si on peut douter de l’efficacité de leurs combats, communs ou divergents. Mais, assurent-ils à l’unisson, “une chose est certaine, nous ne soumettons jamais ce type de pétition le 1er avril. Nos combats sont trop sérieux pour être mêlés à des divagations stériles faites par des amateurs“. Non mais, sans blague.
Le Goracentre.
*Nota : Depuis ces interviews accordés, l’ensemble de leurs posts a totalement disparu du web. Etrange.