Blois – « La campagne a un parfum particulier »

Réélu en 2014, lors d’une triangulaire, le maire socialiste de Blois, Marc Gricourt, brigue un troisième mandat face à quatre postulants. A la tête d’une gauche « arc en ciel » unie, celui qui fait figure de favori répond à nos questions.

Blois – Municipales 2020 – Liste de Marc Gricourt, maire sortant©Gricourt2020

MagCentre : Comment vivez-vous cette campagne municipale ?

Marc Gricourt : La campagne a un parfum particulier car, pour la 1ère fois, j’ai face à moi des candidats qui ne connaissent pas le fonctionnement des collectivités et la réalité de la situation financière de la ville. Certains proposent ainsi des actions déjà en place ou inscrites dans le plan pluriannuel d’investissement comme Action Cœur de Ville (ACF). Les Blésois assistent à une surenchère ; on leur propose une sorte de catalogue de la Redoute ! On rase gratis sans mesurer l’impact budgétaire. Démagogie, clientélisme et même communautarisme : je n’avais pas connu cela lors des campagnes précédentes.

MC. : Vous rassemblez presque toute la gauche (hors LFI), pourquoi ce choix ?

M.G. : J’ai souhaité naturellement poursuivre l’unité de 2008 où un accord de gouvernance avait été mis en place avec tous les partenaires de la gauche ayant donné lieu à la mise en place d’actions fortes comme la remunicipalisation de l’eau. Ma liste intègre ainsi des membres du PS, des écologistes (EELV), des membres de Génération.s et de Place Publique. Au-delà, c’est une liste citoyenne qui donne toute leur place aux collectifs citoyens « Blois, c’est vous » et « Blois naturellement » (NDLR : proche d’EELV). Au total, il n’y a que 15 « encartés » sur 43. Cette union est cohérente autour de marqueurs de gauche forts et elle tient compte de la montée des idées écologistes.

MC. : Comment jugez-vous la campagne de vos adversaires ?

M.G. : Malik Benakcha fait une campagne que je qualifie de droite, fidèle à sa ligne politique. Il mène une vraie campagne mais il a eu des difficultés à constituer sa liste en rappelant plusieurs anciens de l’UMP. Le candidat de la majorité présidentielle Etienne Panchout dresse une critique acerbe de mon bilan et de ma personne, ce qui l’éloigne de la modération habituelle de sa formation politique. Je constate aussi que ses propositions vont à l’encontre de ce que ses mentors ont validé à l’agglomération comme la (non)gratuité des transport publics mais avec des tarifications solidaires. En matière de fiscalité, comment peut-on proposer une baisse et parallèlement vouloir augmenter les investissements ? Moi, je ne sais pas faire. Je rappelle qu’un point de fiscalité, c’est 346 000 €.

Gildas Vieira est un ancien membre de la majorité qui semble l’avoir oublié tant ses propositions sont démagogiques. Son programme mettrait gravement en danger notre collectivité sur le plan budgétaire. C’est décevant et incompréhensible pour quelqu’un qui a voté le budget 2020. Gildas Vieira a un égo surdimensionné. Son exigence de 7 place sur ma liste n’était ni raisonnable, ni acceptable.

Mathilde Paris a tiré profit de son expérience municipale et régionale. Si elle connaît la situation financière de la ville, elle remet cependant en cause des projets déjà validés comme le Carré Saint-Vincent ou des actions du programme Action Cœur de Ville. Un tel retour en arrière aurait de lourdes conséquences financières pour la ville et induirait une possible gabegie financière. Au-delà, elle porte des valeurs et des convictions que je combattrai toute ma vie.

MC. : Parlons de votre programme qui s’est « verdi ». Vous refusez par exemple la 2ème sortie d’autoroute réclamée par l’ensemble du monde économique départemental ?

M.G. : Notre programme répond à 3 enjeux : écologique, solidaire et citoyen. Sur le plan économique, la 2ème sortie n’est plus la priorité et je m’étonne qu’elle soit devenue l’alpha et l’oméga de certains. Je propose plutôt un élargissement de l’échangeur, qui est sous-dimensionné, pour améliorer les flux de circulation.L’agglomération va poursuivre son développement économique autour de ses zones d’activités et notamment celle parc des Châteaux qui dispose de près de 40 hectares. Elle soutiendra le développement de filières économiques créatrices d’emplois durables et non délocalisables comme la rénovation énergétique ou le tourisme.

Dans ce domaine, nous poursuivrons l’accompagnement des projets comme celui d’un hôtel haut de gamme au sud ou de l’Hôtel Dieu. La poursuite d’un accompagnement fort en matière de formation en mobilisant les structures existantes comme la Maison de l’Emploi, l’Ecole de la 2eme chance et, bien-sûr, les dispositifs régionaux comme DEFIS est un autre axe. Enfin, nous allons continuer à valoriser nos friches industrielles comme celle de Mory qui va être utilisée par l’entreprise Lefort (Maison Steel Concept). Je rappelle que l’artificialisation des terres devra être nulle en 2023, la poursuite des investissements routiers n’est donc pas raisonnable.

MC. : L’hôpital de Blois va mal, quelles propositions avancez-vous ?

Blois – Municipales 2020 – Marc Gricourt, maire sortant. ©Jean-Luc Vezon

M.G. : En tant que président du conseil de surveillance mais aussi de la Fédération Hospitalière de France Centre-Val-de-Loire, j’alerte régulièrement le Ministère des Solidarités et de la Santé ainsi que l’Agence Régionale de Santé sur la situation préoccupante des moyens et des personnels du centre hospitalier de Blois dont le budget est, par ailleurs à l’équilibre, signe d’une bonne gestion. Les questions du financement de l’hôpital public, de démographie médicale, de la reconnaissance des personnels et des moyens des Ehpad doivent être prises en compte rapidement par le Gouvernement pour garantir l’accès aux soins pour tous. Dans notre région, nous agissons déjà avec le « plan santé Région » qui prévoit de salarier 20 médecins en 2020 dans le cadre d’un groupement d’intérêt public salariat (150 d’ici 2024). À Blois, je pense que nous pourrons créer, dès cette année, deux ou trois postes au cabinet médical de Chavy et, pourquoi pas, en Vienne. Au-delà, les collectivités devront aussi s’engager en prenant en charge loyers et personnels administratifs.

MC. : Un mot pour finir sur les chiffres avancés par vos opposants sur la perte de population à Blois (- 5 000 habitants), le recul de près de 4 000 emplois sur l’agglomération et la vacance commerciale ?

M.G. : Je souhaite rétablir la vérité des chiffres. En termes de population, s’il est vrai que Blois a perdu 2400 habitants entre 2006 et 2020 d’après l’INSEE, cela résulte essentiellement du Programme de Rénovation Urbaine des Quartiers Nord avec 1500 personnes relogées dans des communes de l’agglomération. Cela renforce la mixité sociale et je m’en félicite. Tendance encourageante, entre 2016 et 2020, Blois a regagné 400 habitants avec 46 086 habitants. Concernant l’emploi salarié, entre 2011 et 2015, Agglopolys n’a perdu que 1 371 emplois et Blois 474. On est loin des chiffres avancés. Cela est dû notamment à la crise de 2008 et à l’automatisation que l’on constate dans un certain nombre de grandes entreprises comme Delphi. J’ajoute qu’entre 2011 et 2015, le nombre d’établissements est passé de 8 216 à 8 830 sur Agglopolys. Enfin, en matière commerciale, le taux de vacance est passé de 10 % à 7,8 % contre une moyenne de 12 % pour les villes de la strate de Blois. La mise en œuvre de la feuille de route du plan ACV, signé par tous les partenaires, et la création du Carré Saint-Vincent, extension de notre centre-ville, vont contribuer à améliorer une situation causée par les changements de modes de consommation.

MC. : En conclusion, quel score espérez-vous ? Envisagez-vous une alliance entre les deux tours ?

M.G. : Je souhaite garder mon socle d’électeurs de 2008 et 2014 qui était de 7150 et 7003. Quel que soit mon résultat, il n’y aura pas de fusion de ma liste. Je porte un bilan mesurable basé sur une bonne gestion et une dynamique collective. Je propose aux Blésois un vote d’ambition et de sécurité pour leur ville.  

Propos recueillis par Jean-Luc Vezon

En 2014, Marc Gricourt avait été réélu avec 57,55% des voix face au Républicain, Jacques Chauvin (23,28%), et à Michel Chassier, candidat du Front national (19,15%).

 

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