Un nouveau président sera élu après les élections du 7 avril avec en perspective la situation financière et le développement du campus de La Source. Mais le débat sera aussi judiciaire.
Le château de La Source, siège de la présidence de l’université.
Même si l’actualité est accaparée à Orléans par les élections municipales il est un autre scrutin qui agite le milieu universitaire. Des élections auront notamment lieu le 7 avril pour désigner les représentants du personnel, ce qui débouchera sur le choix d’un nouveau président ou la reconduction de l’actuel, Ary Bruant. La campagne est désormais déclarée et promet d’être vive. La mèche a été allumée par Corinne Leveleux Teixeira, professeure, membre du conseil d’administration et bientôt ex-conseillère municipale socialiste d’Orléans. Même si elle se défend de briguer la présidence de l’université (ce dont certains doutent), elle pourrait aussi intervenir pour le compte d’un autre prétendant encore discret. Elle a notamment lancé un pavé dans la mare en contestant le chiffre de 12 millions d’euros de déficit que le nouveau président Ary Bruant avait découvert dans les comptes de l’université peu après son élection. Un déficit qui avait en particulier entrainé un plan d’économies avec « des conditions d’études dégradées, des créations de postes gelées » explique Mme Leveleux-Texeira avec aujourd’hui moins d’enseignants alors que le nombre d’étudiants a progressé.
Santé financière retrouvée
Corinne Leveleux-Teixeira
Mme Leveleux Texeira conteste ce chiffre en rappelant que le fonds de roulement de l’université était déficitaire de 2 millions d’euros en 2016 mais positif de 8,3 millions en 2018. Plus que du déficit la professeure estime que « l’université est malade de l’austérité, on a traité un rhume avec une chimiothérapie et rien ne justifie ces mesures d’économies ». Des déclarations qui ont mis le feu aux poudres et entrainé une réaction immédiate de l’université qui, dans un communiqué, écrit que l’Inspection Générale de l’Administration de l’Éducation Nationale a décrit dans un rapport de 2016 « une situation financière très alarmante …. doublée d’une situation bilancielle catastrophique » qui se caractérise notamment en 2015 par un fond de (…) de -7,2 millions d’euros alors que cette même inspection générale fixe comme objectif la restauration d’un fond de roulement de 8 millions d’euros, soit une différence de 15,2 millions d’euros».
L’université en devenir
Suite à ce diagnostic, l’Université a adopté un plan de retour à l’équilibre pour restaurer sa santé financière. « Depuis écrit l’université les efforts consentis par l’ensemble des personnels ont permis à l’Université de retrouver une bonne santé financière ainsi qu’en témoignent les principaux indicateurs à l’issue de l’année 2019 avec une trésorerie de 23,8 millions d’euros, une capacité d’autofinancement de 9,3 millions d’euros et un fond de roulement de 8,3 millions d’euros ».
La campagne électorale universitaire va donc se jouer sur le terrain des chiffres avec en filigrane un autre débat sur l’avenir de l’université, la restructuration du campus (avec notamment l’abandon du château et l’accueil de l’ INSPE-Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation) ainsi que le transfert, contesté par certains, de Droit Économie et Gestion dans le futur campus Madeleine en centre-ville d’Orléans).
Dénouement judiciaire
Mais le débat électoral va aussi devenir un débat judiciaire. Youssoufi Touré, président de l’université d’Orléans de 2009 à 2016 doit en effet être jugé par le tribunal correctionnel d’Orléans pour soustraction, détournement ou destruction de biens d’un dépôt public (entre 2009 et 2014) et pour atteinte à la liberté d’accès ou à l’égalité des candidats dans les marchés publics. Le procès devait se dérouler en octobre dernier mais peu avant l’audience le président de l’université qui avait porté plainte par son prédécesseur a demandé le report après les élections universitaires. Une nouvelle date a donc été fixée au 28 mai. Le temps « d’apaiser les esprits » afin que la campagne et les élections du 7 avril se déroulent dans un meilleur climat. Mais certains y voient aussi une manœuvre du président de l’université pour « étouffer la vérité » et reporter les débats après le jugement et après les élections.
J.-J.T.