“Al Youm”, des archives de paysages aux conflits politiques

Lors de la troisième journée du festival Les Médiatiques, l’association Cent soleils a projeté au 108 rue de bourgogne Al Youm (aujourd’hui, en arabe), un documentaire de 2003 réalisé par le libanais Akram Zaatari. Au travers d’archives photos, aboutissement de trois années de recherche, le réalisateur nous emmène en Syrie et au Liban. 

© Akram Zaatari

Dans une salle en petit comité, la diffusion commence. Immersion au fin fond du désert syrien, dans les années 50, suivant les traces de l’historien Jabbur et du photographe Manoug, accompagné de voix spontanées comme celle d’une femme n’hésitant pas à trébucher sur les mots et à rire parfois aux éclats, quand elle réagit aux séquences. C’est ainsi que nous sommes embarqués dans le quotidien des Bédouins. Archives de femmes, jarre sur la tête à la recherche de l’eau et d’une ferme de chameaux, Al Youm raconte une vie lointaine, authentique, légère. L’appareil photo venu tout droit de l’occident semble être conquis par ces lumières, ces ombres et ces sourires capturés.

Un nouveau rôle pour l’image : les conflits politiques

La seconde partie s’ouvre sur les années 2000 devant un Liban moderne. Internet crée un accès mondial à l’information, les images se répandent désormais dans le monde entier. Cette fois, le narrateur est accompagné d’un ordinateur pianotant ses explications. Un monde croisé entre orient et occident, mélangeant musiques orientales et hits lointains tels qu’Abba, s’imprégnant des grandes figures du cinéma français comme Louis de Funès mais dans la mêlée le couvre feu conduisant à l’annulation de séances de cinéma comme La bête humaine. Les archives photos de la télévision et d’internet racontent maintenant la guerre avec ses bombardements et son horreur. Relayant les chants de lutte d’un peuple palestinien martyrisé, les archives inondent un Liban premier témoin de ces horreurs. Les images ont évolué pour laisser place à l’illustration de conflits politiques. D’un rythme extrêmement lent, d’un bruitage presque savamment amené, Al Youm raconte au travers d’archives deux histoires d’un même recueil pouvant désormais traverser le temps et le monde. Le film s’achève avec des questions éclatant nos têtes concernant le montage, on regrette alors que le réalisateur ne soit pas présent pour nous expliquer plus en détail son film.

Chenda

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