« Scandale », prémices du mouvement #meetoo

Le film de la semaine

Scandale aux Etats-Unis, quelques mois avant l’affaire Weinstein, Gretchen Carlson, présentatrice  Fox News dépose une plainte contre Roger Ailes, son PDG, pour harcèlement sexuel. La machine est amorcée. Megyn Kelly, présentatrice vedette, révèle avoir elle aussi été la victime de celui-ci. Elle est suivie par la voix de 6 autres femmes s’élevant enfin afin de dénoncer la noirceur des agissements de Roger. Le film est inspiré d’une histoire vraie, racontant les coulisses ayant conduit au licenciement du PDG de Fox News.

Retranscrire une histoire vraie 

Le casting composé de Nicole Kidman (Gretchen Carlson), Charlize Theron (Megyn Kelly), Margot Robbie (Kayla, personnage inventée) semble être un choix facile assurant au film d’amasser un maximum de rentabilité et cela même dans le cas où le film passerait à coté de son message. Si Scandale ne brille pas par sa mise en scène, il arrive tout de même à transmettre un message clair et concis aux spectateurs grâce à ses scènes de tensions et d’émotions ne nécessitant pas plus de dialogues.

Notamment, au travers de celle où la jeune Kayla rentre dans le bureau de Rogers prête à exposer toute l’ampleur de son talent. Finalement, elle se retrouve plus humiliée que jamais devant un pervers abusant de son pouvoir. A ce moment précis, nous devenons la jeune Kayla : naïve, perdue, fragile, et humiliée. Cette scène est puissante de vérité. Elle retrace la dure réalité d’être une femme dans un milieu fait d’hommes les plaçant sans cesse comme concurrentes de l’une et l’autre. 

Charlize Theron (gauche), Megyn Kelly (droite)

Etre féministe : accepter le choix des autres femmes

Certains médias et spectateurs ont été très critiques vis-à-vis de l’utilisation du numérique, notamment sur l’actrice Nicole Kidman. Les uns, lui reprochant de véhiculer un message complètement antagoniste au film féministe qu’il  prétend être. Si Scandale était réellement un film féministe, Nicole Kidman devrait avant tout accepter de vieillir et de montrer son visage tel qu’il est vraiment. Il est dommage de faire perpétuer le culte de la beauté : sans rides et intemporelle. Cependant, l’actrice n’est pas celle à blâmer, elle n’est qu’un pur produit hollywoodien. Blâmons, réalisateurs et publics sans état d’âme qui s’effarent du vieillissement de ces dames: le féminisme, c’est également être dans le soutien et l’acceptation du choix des autres femmes, qu’importe notre propre avis. Maintenant, aux hommes et femmes d’écrire le lendemain de #meetoo au travers du cinéma.

Une mise en scène certes ordinaire, mais porteur d’un message actuel, important et incontournable.

Chenda