Dr Jean Paul Briand
Le feuilleton du coronavirus 2019-nCoV continue. Il devrait persister pendant plusieurs mois et même reprendre, comme avec tout virus, dans quelques années.
Le 5 février, Santé publique France a modifié, une nouvelle fois, la définition de cas pour les infections par ce nouveau coronavirus. La zone d’exposition est désormais étendue à l’ensemble de la Chine. Cette nouvelle définition est disponible sur le lien : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/articles/cas-de-pneumonies-associees-a-un-nouveau-coronavirus-2019-ncov-a-wuhan-en-chine. Par ailleurs, on peut obtenir au 0800 130 000 informations et conseils pour les personnes ayant voyagé dans une zone où circule le virus, ou ayant côtoyé des personnes qui y ont circulé. Ceci devrait éviter que des rumeurs, porteuses de fantasmes stupides et de peurs irraisonnées, génératrices de comportements racistes et imbéciles, persistent…
Progressivement, nous en savons un peu plus sur ce nouveau coronavirus 2019-nCov qui touche actuellement préférentiellement les hommes (71%) :
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chaque individu infecté à transmis le virus à 2 à 4 autres personnes, en moyenne. C’est à dire que le nombre de cas double tous les 6 à 7 jours ;
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la période d’incubation n’est pas encore précisément connue. Elle est estimée entre 2 et 10 jours selon l’OMS. Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine (https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2001316) l’évalue à 5,2 jours ;
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La transmission symptomatique (personne porteuse du virus et non malade) est confirmée ;
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Le taux de risque de décès varie de 2 à 3%.
La Gare de Wuhan
En Chine, la situation reste très préoccupante. Un responsable de la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, a prévenu que malgré la construction d’un nouvel hôpital à Wuhan et la conversion de bâtiments publics (hôtels, écoles) en établissements de soin, il y avait une grave pénurie de lits pour accueillir les milliers de patients. Il manque aussi des équipements et du matériel médical…
A partir des données de cas 2019-nCoV officiellement déclarées, les chercheurs établissent des modèles mathématiques afin d’évaluer la taille de l’épidémie et sa possible évolution. Ainsi, une réduction de 50% de la transmissibilité pourrait faire passer l’épidémie actuelle de 2019-nCoV d’une épidémie en expansion très rapide à une épidémie à croissance lente. Ces modélisations permettent d’interpeller les autorités pour mettre en œuvre les ripostes utiles (stocks de réactifs de test, de médicaments, d’équipements de protection, de fournitures hospitalières, de ressources humaines). Ces avertissements semblent avoir été entendus par les autorités chinoises.
Des mesures particulièrement radicales ont été prises : l’ensemble de la province de Hubei (60 millions d’habitants) est mise en quarantaine, accompagnées de contrôles de température dans les gares, les aéroports, sur les grandes routes et même à l’entrée de certains immeubles. Ces actions devraient rapidement diminuer la progression du virus hors de la zone contaminante, alors que déjà 27 pays ont déclaré des cas sur leur sol.
Longtemps retardée, la décision d’isoler la Chine semble devenir la règle. Les vols Air France-KLM vers la Chine sont suspendus jusqu’au 15 mars. Les compagnies aériennes américaines United et American Airlines ont arrêté leurs vols vers Hongkong et leurs dessertes de la Chine continentale. L’Indonésie a également interrompu ses liaisons aériennes avec la Chine. D’autres pays et compagnies aériennes vont suivre ce mouvement …
Dans les prochains jours, nous allons observer sur de très nombreux rayons de grandes surfaces, la pénurie de produits manufacturés en Chine. Ce phénomène nous permettra peut être de prendre enfin conscience de notre dépendance vis à vis de l’économie chinoise et de la faiblesse de nos capacités industrielles, pour les produits de grande consommation…
Un mal pour un bien ?
JPB