Trop ou pas assez : le feuilleton mortifère du coronarovirus continue

Dr Jean Paul Birand

Le nombre de cas signalés en Chine atteints par le coronarovirus 2019-nCoV est en nette progression. L’infection gagne de nombreux pays et même la France .

Rappelons succinctement les signes d’atteinte par le coronarovirus (2019-nCoV) qui ressemblent à ceux de la grippe. Les symptômes les plus courants comprennent des troubles respiratoires à type de souffle court, de difficultés à respirer accompagnées de toux, de fièvre, de courbatures, de fatigue, parfois de diarrhée et de douleurs gastriques.

L’infection est habituellement bénigne et dure le temps que l’organisme ait pu construire ses défenses immunitaires. Chez les personnes fragiles, les nourrissons, les personnes âgées, les grands malades, les cas peuvent être plus graves. L’infection peut alors entraîner une pneumonie avec détresse respiratoire sévère, destruction de la fonction dépuration rénale, voire la mort (évaluée à10% des cas). Chez les femmes enceintes, l’atteinte peut être la cause d’avortements spontanés. Comme pour toutes les maladies virales, il n’existe pas de traitement spécifique. Seuls les symptômes peuvent être efficacement traités. Il n’y aurait qu’un vaccin prophylactique qui pourrait enrayer la maladie. Il existera probablement dans quelques mois…

Si actuellement les nouveaux cas, hors de Chine, sont tous importés, la transmission inter-humaine est avérée par voie aéroportée ou manuelle. Elle touche, pour l’instant des groupes familiaux et des professionnels de santé. En cas de suspicion il faut faire le 15, plutôt qu’aller aux urgences ou dans un cabinet médical et prendre ainsi le risque de contamination en salle d’attente. Pour les patients suspects comme pour les personnels soignants, le port du masque et le lavage des mains au savon de Marseille suivi de solution hydro-alcoolique sont recommandés.

Le temps d’incubation ainsi que l’animal réservoir de virus ne sont pas encore connus précisément. Certains travaux orientent vers la chauve-souris, déjà réservoir du virus qui avait était la cause de l’épidémie de SRAS en 2003 .

Les membres du Comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réunis au titre titre du Règlement sanitaire international (RSI) ont exprimé des vues divergentes sur la question de savoir si l’évènement constituait ou non une « urgence de santé publique de portée internationale » (USPPI).

Contrairement à leurs pratiques courantes, les autorités chinoises ont fourni très rapidement des informations épidémiologiques à la communauté internationale. Elles ont révélé, sans perte de temps, l’augmentation infernale du nombre de cas de personnes atteintes par le virus, de cas présumés, de provinces touchées. Elles ont confirmé, de façon transparente, une proportion de décès importante parmi les cas signalés. Cette collaboration inhabituelle interpelle. Elle peut signifier que la situation est grave et particulièrement inquiétante. Cette donnée subjective ne semble pas avoir été pris en compte par la direction de l’OMS qui a décidé de ne pas déclarer, pour l’instant, que la flambée épidémique constituait une « urgence de santé publique de portée internationale ». L’OMS diffuse néanmoins des conseils aux autorités chinoises et au grand public qui contredisent sa décision attentiste . L’OMS « encourage ainsi tous les pays à renforcer leur surveillance des infections respiratoires aiguës sévères (IRAS), à examiner attentivement toute présentation inhabituelle des cas dIRAS ou de pneumonie et à informer lOMS de tout cas présumé ou confirmé d’infection par un nouveau coronavirus. Les pays sont invités à continuer de renforcer leur état de préparation aux situations durgence sanitaire, conformément au Règlement sanitaire international ».

Si l’USPI est décidée, le commerce international et les transports, principalement aériens, seront très impactés. Les considérations économiques heurtent directement les stratégies médicales.

La question est désormais de savoir si l’OMS en fait trop ou pas assez…

JPB

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