Le film de la semaine
Le polar est plutôt de nature timide dans le milieu du cinéma actuel. Et pourtant, il n’a aucune raison de l’être, comme le prouve le nouveau film écrit et réalisé par Rian Johnson. Il aura fallu attendre deux ans, après le crime de l’Orient Express, adapté de la célèbre romancière Agatha Christie par Kenneth Branagh, pour retrouver l’univers du célèbre détective Hercule Poirot.
Synopsis - Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L'esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoît Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d'élucider l'affaire. Cependant, entre la famille d'Harlan qui s'entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d'une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes.
Un polar moderne
Fortement influencé par le style d’Agatha Christie, Rian Johnson réalise dans le même temps un véritable polar aux notes teintées de modernités.
La logique voudrait, pour que l’intrigue puisse être gardée, que le coupable de tout ce charivari soit découvert seulement et uniquement à la toute fin du film. Mais parfois, quelques personnes décident de ne pas respecter ces codes. Il faut avouer que ces prises de risque, donnent quelques fois de très jolies navets. Rian Johnson, quant à lui, a fait le choix de divulguer l’identité du coupable dès le début de film. Et pourtant, il réussit tout de même l’exploit de maîtriser l’intrigue tout au long de la construction de son film. En effet, le réalisateur, au travers de ses indices disséminés deçà, delà parvient à accrocher le spectateur. Ainsi, Rian Johnson joue à emmener le spectateur à s’attarder sur un indice, une phrase échappée pour l’emmener vers une piste, mais ensuite lui faire comprendre qu’il s’est trompé, ou peut-être pas. Le but recherché n’est pas réellement de trouver le coupable, mais de jouer avec les émotions du spectateur. Tout cela pour mieux apprécier, la « vérité » éclatée, peut-être d’ailleurs déjà trouvée. Ainsi, dés la scène d’ouverture, Rian Johnson établit les règles du jeu au travers d’une tasse de café « my home, my rules, my coffee », qu’il sera possible de redécouvrir à la fin, afin d’affirmer l’heureux gagnant de cette partie aux allures de Cluedo géant.
Le jeu ne s’arrête pas là, car ce n’est pas qu’une simple partie de Cluedo. Le film se veut également porteur d’un message implicite. Les personnages sont assez caricaturaux car ils sont riches, cupides et surtout américains alors qu’à côté, il y a la belle Marta, gentille, attachante, naïve et issue de parents immigrés. Ainsi, au travers de l’écriture de ses personnages, Rian Johnson a eu la possibilité de créer des dialogues piquants entre les différents personnalités. Ces provocations entre les protagonistes semblent contenir le reflet des relations sociales et des différentes couches de l’Amérique contemporaine. Plus précisément ce qui y est visé, c’est le gouvernement Trump. Ainsi, Rian Johnson va un peu plus loin que ses prédécesseurs dans son message. Un polar qui se veut autant porteur d’un message politique, c’est plutôt moderne.
Si Rian Johnson, n’a pas fait l’unanimité après la réalisation de Star Wars : le dernier Jedi, il semblerait que ce film à l’apparence d’un Cluedo, lui convienne parfaitement.
Figure au casting, des acteurs tels que Daniel Craig (Benoit Blanc), Chris Evans bien connu de l’univers Marvel pour son rôle de Captain America (Randson Drysadale), Ana de Amas (Marta Cabrera) actrice montante ou encore de Katherine Langford (Meg Thrombey), extrêmement connue du jeune public pour avoir interprété Hannah Baker dans 13 reasons why.
Tintin