Gérard Larcher : « Une réforme des retraites si mal conduite »

Alors que dans beaucoup de villes et à Paris, les syndicats et de nombreux manifestants défilaient, le président du Sénat a profité de la présentation de ses voeux à l’Association de la presse parlementaire qui marquent traditionnellement sa rentrée politique pour s’en prendre violemment à la réforme des retraites, «si mal conduite» par l’exécutif qu’elle agite le pays depuis plus d’un mois. Un an après ses mises en garde devant la crise des « gilets jaunes » et un peu moins de trois mois avant les élections municipales, Gérard Larcher a donné libre cours à sa déception, dressé un état des lieux alarmant du pays et tracé quelques pistes.

Il faut reprendre le projet

Gérard Larcher

Pour le patron de la Haute assemblée qui abritera lundi prochain les vœux des « Territoires unis » regroupant les associations des Régions, des départements et des maires de France, « il faut reprendre le sujet de façon sérieuse: combien cela va coûter? Et aussi dans ses conséquences sociales? » Et de réclamer dans la foulée une « étude d’impact » avant de préciser : « On n’a pas de blocage sur le système à points, la réforme est indispensable mais avec 14% du PIB » en jeu, « on ne fait pas joujou avec l’agenda, a glissé mine de rien celui qui fut un ministre du Travail. « L’équilibre financier est le gage de la confiance de nos concitoyens dans la pérennité du système des retraites » a-t-il martelé avant de « demander  au gouvernement d’attendre les résultats de la conférence de financement avant de saisir le parlement du projet de loi » dont l’examen est programmé pour le 17 février à l’Assemblée et sa première lecture au Sénat en avril-mai. Il rejoint là, la proposition de Laurent Berger. Le patron de la CFDT opposé à un âge pivot à 64 ans a proposé une « conférence de financement qui pourrait travailler jusqu’à fin juillet ».

En début de semaine, le Premier ministre Édouard Philippe a accepté cette conférence de financement, et invité les partenaires sociaux ce vendredi pour parler du « mandat de cette conférence et du délai qui lui sera accordé ». Alors que la CFDT, comme la CGT, veut que la hausse des cotisations patronales soit mise sur la table vendredi, Gérard Larcher est contre, de même que le patronat. Ce serait défavorable à « la compétitivité des entreprises et au pouvoir d’achat des salariés », a justifié le président de la chambre haute.

La faute originelle

Selon le président du Sénat, sur le sujet des retraites « il y a une faute originelle » du gouvernement, à savoir de « refuser d’aborder la question de l’âge légal de départ, une des clés de la réforme »….  « Le président a créé la défiance de l’opinion en introduisant un âge pivot qui n’est qu’un habillage du recul de l’âge légal ; les Français ont compris qu’on ne leur disait pas la vérité », a-t-il souligné.Désormais aux yeux de Gérard Larcher, la réforme est « vidée de son contenu ». Le gouvernement a tellement accordé aux régimes spéciaux que seul le nom a disparu, il fait du catégoriel l’universalité en a pris un sacré coup, l’équité aussi”. Et de conclure : « Les Français sont passés en un an du scepticisme à la défiance. Nous étions à l’aube d’un nouveau monde, et le jour ne s’est pas encore levé ».

Françoise Cariès

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