Un ministre peut-il s’offrir des vacances à l’étranger en plein conflit social, à plus forte raison la ministre des transports alors que la grève perdure dans les gares, sur les rails et les routes ? La ministre des Transports, de la Transition écologique et solidaire ministre de tutelle de la SNCF et de la RATP a cependant choisi de s’envoler pour quelques jours en direction de Marrakech, destination hivernale très prisée.
Emmanuel Macron l’avait promis, il n’y aura « pas de trêve » pour le gouvernement pour les fêtes de fin d’année marquées par la poursuite de la mobilisation contre la réforme des retraites voulue par l’exécutif. Son cabinet fait savoir que le séjour au Maroc de la ministre ne durera que « quelques jours et qu’elle sera intégralement à son bureau la semaine prochaine ». De son côté Matignon indique qu’il » n’a pas été établi d’interdiction de sortie du territoire. Ce qu’on demande aux ministres c’est d’être disponibles et réactifs mais ils ont droit à des vacances » et rappelle la présence dans l’Hexagone de Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’Etat aux Transports.
La ministre prend bien évidemment à sa charge et sur ses fonds personnels les frais de transport et de séjour mais Matignon a été contrarié d’apprendre ce voyage par notre confrère le Parisien et par les passagers de l’avion de ligne régulière que la ministre a emprunté.
Polémique inutile pour le gouvernement
Interrogé ce jeudi 26 décembre en marge d’un déplacement consacré à la sécurité routière, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a pris la défense de sa collègue du gouvernement, dénonçant « une polémique inutile. La ministre est totalement mobilisée, je l’ai eue au téléphone deux fois dans la journée d’hier. Elle peut avoir quelques jours de vacances, c’est nécessaire de se poser quelques temps et de retrouver son unité familiale, c’est le cas pour moi aussi et pour chacune et chacun d’entre nous ».
Un mauvais message
« C’est encore un signe de mépris à notre égard. la PDG de la RATP, Catherine Guillouard s’est votée une augmentation de 50 000 euros, la ministre de tutelle passe des vacances au soleil », s’insurge Marc Louvet, porte-parole du syndicat Solidaire -RATP. Éric Meyer, secrétaire fédéral du syndicat Sud-Rail, a, lui, estimé sur France Info que depuis les derniers rendez-vous à Matignon les 18 et 19 décembre, « on fait face à une stratégie du pourrissement, où il n’y a plus aucun contact entre le gouvernement et les organisations syndicales, où le gouvernement est en vacances et laisse la grève se maintenir jusqu’à la rentrée, jusqu’à on ne sait pas quand ».
Dans la bataille de l’opinion très importante dans ce conflit, le gouvernement a perdu avec les vacances au soleil d’Elisabeth Borne une occasion de marquer des points.
F.C.