Que les chocolatiers de Loir-et-Cher et de France n’en prennent pas ombrage en parcourant ces quelques lignes provocatrices à la veille de Noël et de la trêve, dite des confiseurs. La comparaison est, certes, hasardeuse, mais la hantise de la page blanche me fait broyer du noir…de cacao.
En se basant sur le prix au kg du chocolat fin, entre 79 et 81 euros, dans le haut du métier et du panier de la ménagère, pourquoi ne pas investir, plutôt, en cadeaux, dans des livres portant sur l’histoire et les histoires de notre département. Deux ouvrages, récemment sortis, constitueront des bases d’offrandes qui ne risquent pas de détraquer, en cas d’abus, le foie de ses utilisateurs, tout en développant leurs méninges.
Poids-lourds de l’édition et bien secs au tirage, «Châteaux, manoirs et Logis, Le Loir-et-Cher» score 2,736 kg sur la balance, face à «Adjugé!, la saga des Rouillac», qui avoue moins de 2 kg, à 1,982 kg.
Histoire
Le premier, sous la direction éclairée et passionnée d’Yvan de Verneuil, un Loirétain, qui adore le Loir-et-Cher, est promu par les éditions Patrimoines Médias, à 53,50 euros les 454 pages.
Il décrit, avec moult illustrations photographiques de qualité, plus de 650 sites dont la majorité est visible de l’extérieur et donc accessible, par la vue, à tout un chacun de celles et ceux qui emprunteront les routes du Loir-et-Cher, en un rallye qui ne peut être qu’instructif et passionnant en se basant sur ce livre-guide. Pas moins de douze auteurs, dont le directeur de la publication précité, ont apporté leurs concours éclairés à cette «bible» fournie, à savoir Pierre de Bizemont, Philippe Claire, Monique Fermé, Nicole Fiot, Hugues de Froberville, Hélène Lebédel-Carbonnel, Claude Leymarios, Alain Quillout, Jean-Paul Sauvage, Hubert de Vergnette et Jean-Luc Vezon.
Présenté aux derniers Rendez-vous de l’Histoire de Blois, ce dictionnaire immobilier et historique a recueilli un premier accueil de sympathie et d’enthousiasme, en rappelant quelques tranches d’histoires de notre patrimoine ancien fortement implanté dans ce Val de Loire, de Loir et d’ailleurs, depuis, et pour encore, des siècles, s’il peut être conservé et restauré…
Ce sera notre souhait déposé dans la crèche !
Plus de 35 ans de coups de marteau…
On ne conte plus l’histoire de la famille de commissaires-priseurs, père et fils Rouillac, Philippe et Aymeric qui, à Vendôme pour le premier, et Tours pour le second, ont remué ou secoué, en province dans le temps, en région maintenant, depuis presque un demi-siècle, les ambiances archaïques et poussiéreuses des ventes aux enchères. Tout cela, avec une idée, un coup de génie, en 1989, quand Philippe Rouillac et son épouse, Christine, née Lelièvre, à Chartres, fille, sœur, belle-sœur, tante, puis mère de commissaire-priseur, soutenus par une équipe soudée de fidèles amis, lancèrent, au château de Cheverny, la première vente-garden-party à la Française. «The french Touch» allait perdurer pour se poursuivre, ensuite, au château d’Artigny…, en Indre-et-Loire, au rythme des marteaux d’ivoire signés Goudji.
Au fil des 320 pages aux éditions Monelle Hayot, pour un investissement de 39 euros, le lecteur parcourra la saga exceptionnelle de cette famille, via quelques-unes des 1.117 ventes recensées, au moment de l’impression, pour un montant de 152 millions d’euros. On rêve, on admire, on souffre, on soupire, on entre en transes, au fur et à mesure que le feu des enchères s’enflamme. Le record : 7.311.000 euros pour un coffre en bois des Indes, de feu le cardinal Mazarin, à Cheverny, pour un musée des Pays-Bas, la France n’ayant pas jugé bon de monter les enchères ou de faire jouer ses droits de préemption. On fredonnera les chansons de Barbara en suivant la vente de ses affaires personnelles et on s’extasiera devant les croûtes de Picasso, en suivant ces chasseurs de trésors, passeurs d’objets, d’émotions, conteurs d’histoires, de secrets et d’anecdotes.
Aymeric, qui fut tenté par le journalisme (ça rapporte bien moins, coco, crois-moi…), a recueilli tous les documents, accompagnés de témoignages, de cet ouvrage qui retrace, aussi, la vie d’une famille de province simple qui n’hésite pas à accueillir à la table familiale les personnes désirant se séparer d’objets. «Pour ne pas les brusquer, pour les écouter, pour mieux les connaître ou les comprendre, les conseiller loin du cadre «plus officiel» de notre étude dans la zone d’activités de Vendôme, la même depuis 1983».
Terminons sur une phrase trouvée dans ce livre exceptionnel «Le bonheur n’existe pas-L’Art existe-. C’est peut-être le seul bonheur et il se partage», ce qui n’empêche pas de continuer à rêver, grâce aux Rouillac qui, humblement, reconnaissent quelques échecs minimes…Et si c’était cela la classe, en plus de The french Touch. Sue de Brantes, à l’origine de la première expérience de Cheverny, aurait apprécié, n’en doutons pas, ce livre qui lui rend, ainsi, un hommage appuyé posthume.
Par ailleurs, deux livres sur Blois sont sortis des presses en cette fin d’année.
Blois, son histoire, ses histoires…
Partant du principe qu’il n’y avait que peu ou pas du tout de livres sous forme de BD sur l’histoire des villes, l’éditeur Olivier Petit, sur questions de ses enfants, a comblé cette lacune en éditant un premier ouvrage sur la bonne ville de Rouen où la famille vivait.
Les éditions «Petit à Petit», qu’il dirige, avaient trouvé un filon, une veine, une pépite qui offre, dorénavant, l’histoire d‘une bonne quinzaine de cités en France, dont le dernier sur «Blois, de la Préhistoire à nos jours», signé par une équipe d’auteur(e)s, 100% locale, sous la protection bienfaitrice et bienveillante de La Maison de la BD de Blois et plusieurs partenaires dont la Ville de Blois.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, le deuxième ouvrage, consacré à Blois, «Bulles d’archéo ou les premiers siècles de Blois» (Médias Diffusion MDS), en relation directe avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inarp), fait suite à l’exposition «Bulles d’archéo», tenue à la Maison de la BD en 2017.
Juste avant Noël, ces deux œuvres pourront constituer (16,90 euros pour 80 pages!) une base de cadeaux pour les membres de la famille, mais aussi pour des Blésois exilés de par le monde…Précisons que les frais d’envoi ne sont pas pris en charge par l’une ou l’autre des structures ou collectivités précitées.
Et si dès la rentrée scolaire de janvier 2020, les professeurs ne manqueront pas d’interroger leurs élèves sur l’Histoire de Blois, ces derniers n’auront plus l’excuse ou l’outrecuidance de répondre «On ne sait rien, car aucun livre ne traite du sujet».
Richard ODE