C’est devant un auditorium comble du Musée des Beaux-Arts d’Orléans qu’a eu lieu jeudi dernier, en avant première, la projection du nouvel et vif film écrit et réalisé par Philippe Gasnier, réalisateur, cinéaste et documentariste. “L’œuvre en vie de Jeanne Champillou” est dédié à François Boulard, ancien président de l’association Jeanne Champillou qui fut l’une des chevilles ouvrières de l’hommage rendu par les Artistes Orléanais, lors de leur salon 2018, en la collégiale Saint-Pierre-le Puellier d’Orléans.
Le témoignage d’artistes et d’amis
Produit par
la Société des Artistes Orléanais, l’Association Jeanne Champillou Le Clos de Joye et Girelle Production, ce beau documentaire d’une durée de cinquante-deux minutes, s’accompagnant d’une musique de Reinhardt Wagner, est une touchante et émouvante symphonie d’images et de témoignages d’artistes, d’amis, de membres de la famille et de professionnels du monde de l’art.
Philippe Gasnier et Anne Marie Royer Pantin devant Notre-Dame des miracles. Photo AO.
Toutes et tous, entre autres Anne-Marie Royer Pantin, Yves Marchaux, Daniel Gélis, Jeanne Azambourg, Michelle Laponche, Bruno Dreux ou François Boulard, célèbrent la beauté du travail d’une artiste, peintre, graveur, céramiste orléanaise (1897-1978). Son oeuvre se tournait essentiellement vers l’expression chaleureuse et vigoureuse de la ruralité, du labeur et de sa foi. Daniel Isabey, président de l’association Jeanne Champillou Le Clos de Joye, salue, ce jeudi, l’immense travail réalisé par le cinéaste ainsi que
“sa grande compétence, sa grande humanité et son sens de l’écoute”. Philippe Gasnier remerciera quant à lui notamment l’INA qui lui aura permis d’inclure dans son documentaire quelques images datant de 1966 et filmées dans l’atelier de l’artiste.
“Cela demande quelques sacrifices, mais ce n’est rien”
Benoit Gayet, président de la Société des Artistes Orléanais aura, quant à lui, réaffirmé la mission patrimoniale des Artistes Orléanais, celle de défendre l’art contemporain et l’oeuvre d’hier. Il rendra également hommage à Jeanne Champillou en s’appuyant notamment sur deux citations. L’une de Jeanne Champillou:
“L’art vaut mieux que tout et l’amour qu’on lui donne ne déçoit pas. Cela demande quelques sacrifices mais ce n’est rien”. L’autre de Maurice Genevoix :
“Jeanne Champillou est façonnée d’un bloc, elle est entière et indivisible, en elle aucune feinte, aucune compromission, mais une logique subtile, un équilibre de paysan qui désarme “.
Saluant “l’esprit libre et l’humanité de celle qui qui n’a jamais abandonné ou vendu sa liberté” , Benoit Gayet aura par ailleurs rappelé combien un précédent film, déjà réalisé avec Phillippe Gasnier, mais cette fois consacré au céramiste Yoland Cazenove, compte aussi aujourd’hui parmi les tendres et puissants témoignages de la création des artistes régionaux.
Une femme qui savait défendre ses opinions et ses choix
Jeanne Champillou dans son atelier en 1966. Photos Le Clos de Joye.
Présente ce jeudi lors de la projection, Olivia Voisin, directrice des Musées d’Orléans, qui s’est livrée avec bonheur dans le film à une mise en perspective esthétique avec l’histoire de l’art de l’œuvre de Jeanne Champillou, salua à son tour le travail de Philippe Gasnier et manifesta son souhait, à l’heure où le legs Cazenove est enfin arrivé au musée d’Orléans, de procéder à l’acquisition d’une pièce importante de Jeanne Champillou pour son établissement qui possède déjà un fonds de créations de l’artiste. Chaleureuse comme enthousiaste est immédiatement la réponse de l’association Jeanne Champillou Le Clos de Joye qui ne devrait ainsi pas manquer d’échanger, sous peu, sur ce projet avec le musée des Beaux-Arts d’Orléans.
Jolie est enfin la question de Philippe Gasnier à l’adresse d’Olivia Voisin concernant la place de la femme dans l’art . Et Olivia Voisin de répondre, dans un sourire, que les Orléanaises ont bel et bien leur place dans l’histoire de l’art, que Jeanne Champilllou en est la preuve et que dans deux mois, le musée révélera combien Thérèse Laperche (1743-1814), celle qui fut l’amie
d’Aignan Thomas Desfriches et se forma au contact de
Perronneau avant de poursuivre chez Greuze et Vigée-Lebrun à Paris , avait elle aussi, su
“défendre, comme tant d’autres femmes, ses opinions et ses choix”.
“Une artiste qui aimait les gens”
A l’issue de cette projection s’accompagnant d’une rencontre avec le réalisateur , Abel Moittié, adjoint au maire chargé des affaires culturelles, prononça avec attention ces mots: “Ce qui me frappe est que tous les témoignages de ce film disent combien Jeanne Champillou était une artiste qui aimait les gens. Dans ces images, nous voyons le reflet de ce geste qui passe par la main mais aussi par le cœur. Il est réconfortant d’avoir un regard bienveillant, surtout en ce moment, sur chacun d’entre nous”.
Jean-Dominique Burtin.