Oubliant leur opposition majorité et minorité de l’exécutif municipal ont voté hier le budget 2020 de la ville…curieusement proposé par un minoritaire au nom de la majorité… Seul le budget culturel a quelque peu écorné cette quasi-unanimité qui ne tiendra que quelques heures.
Le MOBE,un grand équipement culturel et scientifique pour Orléans
Curieux conseil municipal, surtout celui du vote du budget primitif, élément clef pour un exécutif municipal et cela d’autant plus qu’il s’agissait du dernier budget de la mandature des élus de 2014. Curieux parce que présenté par Michel Martin, le grand argentier de la ville qui veille aux équilibres budgétaires mais qui s’est rangé dans le camp des mutins grouardins. Voilà donc un adjoint aux finances qui présente au nom du maire qu’il rejette désormais un budget qu’il critiquera peut-être demain. A sa décharge les comptes présentés peuvent satisfaire majorité et minorité : en 2020 les impôts n’augmenteront pas, la dette maintenue jusqu’à présent ne fera qu’un petit écart tandis que les investissements atteindront un niveau record de 53 millions d’euros. De tous les bords (à l’exception du communiste) on a loué la « compétence, la pédagogie et la bonne gestion » de Michel Martin qui fait d’Orléans « la seule ville de France de plus de 100 000 habitants qui n’a pas augmenté les impôts depuis 25 ans». Des frais de fonctionnement maintenus, des investissements consolidés (près de deux fois plus qu’avant 2001 sous Jean-Pierre Sueur) voilà qui assure la « soutenabilité de nos ambitions ».
« Est-ce soutenable dans la durée ? »
Michel Martin et Olivier Carré, hier amis…
Un bel œcuménisme que réfutent les communistes Michel Ricoud et Dominique Tripet pour qui ce budget « présente de grandes lacunes sur les questions sociales » alors qu’il y a « urgence » que « des gens dorment dans leur voiture », que les questions « de logement ne sont pas à la hauteur des attentes ».
L’écologiste Jean-Philippe Grand estime de son côté « qu’on vit une époque formidable » avec une « prise en compte des questions écologiques » même s’il réfute une vision qui ferait de ce budget « un budget de transition écologique » avec la faiblesse des moyens alloués à la rénovation énergétique. Après des années de rigueur il dénonce aussi des « dérives budgétaires comme celle du MOBE qui en annoncent peut-être d’autres avec CO ’Met ».
Attendue, l’intervention de Serge Grouard est mesurée et prudente en s’interrogeant sur la soutenabilité de la situation financière de la ville. Si l’on ajoute aux 53 millions d’investissements les 10 millions financés par la Métropole pour la voirie orléanaise, « la barque semble chargée ». « Est-ce soutenable dans la durée s’interroge ? l’ancien maire. Faudra-t-il à l’avenir augmenter la dette ou les impôts ? Personne ne le veut. Ou alors réduire les dépenses mais il faut dire lesquelles ? ».
La culture sacrifiée ?
Question réduction de dépenses Nathalie Kerrien, ancienne adjointe à la culture démissionnaire et possible candidate en mars prochain s’interroge sur la baisse de 17% du budget de la culture en rappelant au maire que son intention de faire de la Métropole « une des 15 premières en France grâce à une politique culturelle ambitieuse ». Et de rappeler les marches arrière de la mairie : disparition des Vinaigreries dans le quartier Dessaux, du dossier de réhabilitation de la médiathèque ou encore de la politique en faveur du patrimoine. « Je ne voudrais pas déclare celle qui s’abstiendra sur le vote du budget que la culture se noie dans les piscines » en rappelant les 33 millions d’euros prévus en 2020 pour le centre aqualudique et la piscine de La Source. Abel Moitié qui a hérité de la délégation de la culture rappellera au contraire « qu’il est fier du budget de la culture » avec « la mise en cohérence des intentions, des discours et des actes ». De son côté Muriel Sauvegrain insiste pour signifier que le dossier des Vinaigreries comme celui de la médiathèque ne sont pas enterrés mais « simplement repoussés » au nom des équilibres budgétaires.
Tartuffe?
Plus de 6 millions pour la nouvelle piscine de la Source
Mais alors que le niveau des investissements battra l’an prochain un record Olivier Carré parle lui aussi d’équilibre, de prudence et de bonne gestion. « On ne peut pas affirme-t-il financer plus d’un grand projet par mandat. Pour le prochain ce sera la cité musicale » évaluée entre 30 et 40 millions d’euros.
Tout cela pour se mettre au diapason de Michel Martin qui dans son testament budgétaire insiste pour que la ville ne dépense à l’avenir plus de 35 millions d’euros par an. Évidemment avec de belles intentions l’unanimité pouvait encore survivre quelques heures entre les camps Carré et Grouard même si l’on sent le débat à fleurets mouchetés, à demi-mots et sous-entendus derrière chaque intervention. Alors que plusieurs élus ont fait acte de culture littéraire en citant Molière ou La Fontaine, la conclusion est peut-être revenue au dissident Florent Montillot qui a cité Tartuffe…
J -J.T