Périphérique bloqué, foin sur les Champs-Elysées, un millier de tracteurs sur le pavé, la campagne en colère a débarqué dans Paris. Ce mercredi, dès l’aube, à l’heure du laitier qui est la leur dans les fermes des centaines d’agriculteurs ont investi la capitale pour dénoncer leurs conditions de rémunération et « l’agribashing » dont ils se sentent les victimes. Venus du Centre-Val de Loire, des Hauts-de-France, de Normandie, d’Ile-de-France, du Grand-Est, ces chefs d’exploitations soutenus par la FNSEA veulent qu’une délégation soit reçue à l’Elysée. Ils attendent de la part d’Emmanuel Macron « l’engagement ferme de demander aux distributeurs et industriels de permettre le retour à un revenu décent pour les agriculteurs et au gouvernement de « transformer ses promesses en actes concrets ».
Le malaise est en effet immense. La loi dite Egalim, issue des États généraux de l’alimentation et mise en place en début d’année, était censée ramener du revenu pour les agriculteurs en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu’ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence.
Les manifestants veulent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an. Interpellé aujourd’hui lors des questions d’actualité au Sénat, le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a reconnu que « l’agriculture était la seule profession qui ne fixe pas ses prix, mais que la Loi Egalim entrait dans sa seconde année d’expérimentation et qu’il faisait de l’inversion de la construction des prix une priorité ».
En ce qui concerne « l’agribashing » le ministre a encouragé l’opinion à réfléchir à ce que représentent et sont les agriculteurs qui “sont malmenés, qui sont montrés du doigt. Depuis une dizaine de mois, c’est 50 intrusions dans des exploitations agricoles, dans des bâtiments d’élevage. Ce week-end encore, trois bâtiments ont brûlé » a-t-il rappelé.
Au même moment d’autres rassemblement avaient lieu à Lyon, Clermont-Ferrand ou encore Toulouse.
F.C.