Violences faites aux femmes: l’affaire de tous à la Préfecture du Loir et Cher

133 femmes ont perdu la vie depuis le début de l’année en France à la suite de violences conjugales. A la préfecture de Loir-et-Cher, le 13 novembre dernier, un point presse a permis de dresser le bilan du Grenelle des violences conjugales et de présenter des propositions pour les prévenir et les traiter.

Yves Rousset Préfet de Loir-et-Cher

« Chaque année en France en moyenne, 223 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de violences conjugales. Une récente étude nous apprend que 83 % d’entre-elles, ayant appelé le 3919, ont des enfants qui dans 93 % des cas sont témoins de ces violences et, dans 21,5 % des cas sont eux-mêmes maltraités » a informé Yves Rousset Préfet de Loir-et-Cher dans son propos liminaire.

En Loir-et-Cher, à la suite du Grenelles des violences conjugales lancé le 3 septembre dernier, plus de 80 acteurs de terrain ont été consultés à Blois, Vendôme et Romorantin. Les travaux se sont déroulés autour de 5 grandes thématiques : prévention des violences, détection des violences conjugales le plus en amont possible, recueil de la parole des victimes et dépôt de plaintes, prise en charge de la victime et de l’auteur pour éviter la réitération des faits.

Plusieurs constats en sont ressortis. Citons une méconnaissance des dispositifs et des acteurs dédiés, le faible nombre de plaintes (*) un parcours très éprouvant pour les victimes, la double peine de ces dernières qui doivent quitter le domicile conjugale et une intervention de la justice et des forces de l’ordre souvent a posteriori.

Ce dernier point a valu une intervention forte du Procureur de la République Frédéric Chevallier. « Ce n’est pas seulement la Police et la Justice qui doivent être mis en cause. Les féminicides sont l’affaire de tous. Si nous arrivons à détecter les situations, la coordination manque encore cruellement. Nous devons partager et dire les choses » a-t-il déclaré en proposant la création de Groupes locaux de traitement des violences faites aux femmes sur le modèle de groupes de traitement de la délinquance.

En attendant les déclarations qui seront faites par le Président de la République le 25 novembre prochain, des projets ont été d’ores et déjà lancés. En matière de formation, un plan va être établi par l’intervenante sociale en commissariat-gendarmerie dans le cadre de la nouvelle convention Etat-Département. Dans le domaine des partenariats, une convention est à l’étude entre le centre hospitalier, le parquet et les forces de l’ordre pour encadrer le dépôt de plainte. Une unité médico-judiciaire devrait aussi ouvrir au CHB destinée prioritairement aux enfants et aux femmes sous réserve du budget pour l’intervention d’un médecin légiste.

Semaine de lutte contre les violences à l’égard des femmes

En complément de ces annonces, les actions organisées dans le cadre de la 4e Semaine de lutte contre les violences à l’égard des femmes, prévue du 22 au 28 novembre, ont été présentées par Lisbeth Choquet, déléguée départementale aux droits des femmes. Assurées par 30 partenaires, on peut retrouver les 27 actions sur le site loir-et-cher.gouv.fr/Actualites/23-au-27-novembre-Semaine-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-femmes.

A Blois, on notera par exemple une formation menée avec l’association d’aide aux victimes 41 visant à présenter aux agents de la police municipale les bonnes pratiques en matière d’accueil, d’écoute, d’accompagnement, mais aussi à les aider à mieux détecter des situations de violence. Cette année, cette formation sera ouverte à des agents de la direction de l’Éducation de la Ville, qui sont aussi au contact avec les familles.

Lundi 23 novembre, un procès d’assises fictif pour violences au sein du couple se déroulera au Palais de justice de Blois sous l’égide notamment de la Maison de la Justice et du Droit, du Conseil Départemental d’Accès au Droit, de l’Ordre des Avocats et de la Délégation Départementale aux Droits des Femmes. Les comédiens seront des professionnels du droit (avocats, greffiers, enquêteurs…) ayant accepté de jouer un rôle dans le but de rendre accessible par le grand public le fonctionnement d’un procès et la mécanique des violences conjugales.

Si le Loir-et-Cher n’a pas connu de féminicide depuis mai 2016, il n’est pas épargné par la problématique. En 2014, les services de Police et de Gendarmerie avaient enregistré 510 dépôts de plaintes pour violences au sein du couple.

« Toute la société doit être sensibilisée aux violences conjugales et aux valeurs d’égalité, et ce dès le plus jeune âge, pour permettre une prise de conscience collective » a insisté Claire Louis, conseillère municipale déléguée de la ville de Blois.

Jean Luc Vezon

*9 femmes sur 10 ne portent pas plainte

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